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» la Providence, une vie future: » ne nient pas; seroit-ce donc là au moins la limite que le protestantisme se seroit imposée à lui-même? qu'on en juge: « ne nient pas, à la vérité, et cependant enseignent >> publiquement qu'on ne peut proprement rien savoir » de ces vérités fondamentales de la religion; repré>> sentent, non seulement dans les églises, mais aussi » dans les écoles, comme nulles les preuves de l'exis>>tence de Dieu tirées de la considération de l'univers; » et soutiennent que tout ce qu'on peut affirmer, >> c'est qu'un homme vertueux doit désirer qu'il y ait >> un Dieu, et qu'on ne peut être homme de bien sans » croire en Dieu. On sait qu'ils en disent autant du >> christianisme, et affirment que Jésus-Christ a en» seigné la même doctrine, et que la Bible ne doit » être employée que comme une introduction à la » raison pure, puisqu'on ne peut pas plus prouver la >> révélation que l'existence de Dieu (1). »

L'impuissance de conserver un dogme quelconque, ou d'obliger aucun homme à croire une vérité qui ne seroit pas évidente pour sa raison, a forcé les protestans de réduire le christianisme nécessaire à la seule morale. Mais ici renaissent les mêmes difficultés. Qu'est-ce que la vraie morale? qui le dira? La même raison qui juge des dogmes, juge aussi des préceptes;

(1) Considérations sur l'état présent du Christianisme, par Jean Trembley, p. 262. Voyez aussi les Entretiens du baron de Starck. Ces deux ouvrages, remplis de faits du plus haut intérêt, renferment la preuve complète de tout ce que nous avançons dans ce paragraphe.

et comment, n'étant pas obligé de croire, seroit-on obligé d'agir comme si l'on croyoit? Il faudra que chacun se fasse sa morale, comme chacun se fait ses croyances; et les devoirs à leur tour, devenus de simples opinions, n'offriront rien de plus certain ni de plus fixe que tout le reste. On sait à quel point les sociniens ont altéré la règle des mœurs. Les antinomiens et plusieurs autres sectes ont été plus loin encore. A Dieu ne plaise qu'on nous suppose l'intention d'attribuer à tous les protestans des monstres de doctrine dont le plus grand nombre d'entre eux a horreur; mais cependant il est vrai qu'on ose enseigner dans le sein de la réforme, et c'est un protestant qui nous l'apprend, «qu'il n'y a point d'actions immorales >> par elles-mêmes, quoiqu'elles puissent être illéga» les d'après les lois et les conventions de la société ; » qu'il n'y a point d'action subjective immorale, >> mais que tout est soumis à la nécessité de la nature, » et qu'il ne peut y avoir d'opposition entre la sensi»bilité et la raison (1): » principe incontestable dès qu'on part de la raison seule, car la sensibilité est l'homme aussi; elle fait partie de sa nature : et si ce qui est pour elle un bien ou une vérité pouvoit être une erreur ou un mal pour la raison, et réciproque

(1) Considérations sur l'état présent du christianisme, p. 239. On peut voir dans le baron de Starck tout ce qu'a fait en Allemagne la raison protestante, pour renverser systématiquement les principes les plus sacrés et les plus universels de la mo

rale.

ment, il y auroit dans le même temps, à l'égard du même homme, deux vérités contradictoires.

Soit donc qu'on examine le protestantisme en luimême, dans sa doctrine fondamentale, soit que l'on considère ses effets généraux, on est conduit à cette conclusion, que s'il subsiste encore parmi les protestans, surtout dans le peuple, quelque foible reste de christianisme, c'est uniquement l'autorité de l'exemple et de l'enseignement, les traditions de famille, et enfin l'action même de l'Église catholique, au dehors d'elle, action plus puissante qu'on ne le croit, qui conserve ces débris de la foi, malgré le principe du protestantisme, dont la conséquence directe, nécessaire, est un doute universel, et la destruction absolue de la religion révélée par Jésus-Christ.

Ainsi, de même qu'on ne peut ébranler le pouvoir pontifical, limiter la puissance souveraine qui constitue la monarchie du pape, sans renverser l'Église, on ne peut non plus se séparer de l'Église, refuser de reconnoître son autorité infaillible, sans renverser le christianisme de fond en comble. Mais alors qu'arrivet-il? Tout s'écroule, religion, morale, société. La raison, à qui on a remis le sceptre du monde, incapable de relever aucune des ruines qu'elle a faites, abandonne l'avenir au hasard et chaque homme à luimême. Plus de vérités certaines, plus de loi immuable, par conséquent plus de liens entre les individus ni entre les nations: état prodigieux, et cependant, comme on va le voir, état inévitable, sitôt qu'on en est au point où le protestantisme est parvenu.

S III. Point de christianisme, point de religion, au moins pour tout peuple qui fut chrétien, et par conséquent point de société.

:

Il suffiroit presque d'énoncer cette proposition, tant elle suit avec évidence de ce qui a été établi précédemment. Le protestantisme se définissant lui-même l'acte d'indépendance de la raison humaine en matière de religion, la religion dès-lors ne peut plus être, pour quiconque admet ce principe, qu'une opinion libre, une pensée humaine, qui change ou peut changer sans cesse, et dont il ne sauroit jamais résulter aucun devoir et lorsqu'au lieu d'une opinion libre, on en fait un sentiment indéfini, on détruit également tous les devoirs, et l'on exclut de sa notion l'idée même d'une croyance positive. Dans les deux cas, il faut comprendre une religion dépouillée du caractère de loi, une religion, je ne dis pas seulement sans dogmes arrêtés, sans culte déterminé, sans préceptes certains; mais une religion sans dogmes, sans culte, sans préceptes quelconques, puisqu'en vertu de son indépendance, la raison peut ou nier tout, ou douter de tout, et qu'elle est même, comme nous l'apprend Bayle, nécessairement conduite de degré en degré jusqu'à cet excès, lorsqu'on en fait la règle de la foi.

La philosophie de nos jours en convient expressément; elle a bien vu que la souveraineté de la raison individuelle, qu'elle appelle aussi liberté de conscience, n'étoit qu'un principe de destruction, qui devoit, par

son effet propre, renverser peu à peu toutes les vérités et toutes les croyances (1). Cet important aveu mérite d'être recueilli.

« C'est au seizième siècle que, pour la première >> fois dans la série des événemens qui nous intéres>> sent, on voit la liberté de conscience ouvertement >> et nettement érigée en principe; mais, d'abord, ce >> n'est point cette liberté illimitée qu'on a réclamée >> depuis, c'est seulement la faculté de croire sur un >> certain nombre de points déterminés autrement que >>> l'Église catholique. A mesure qu'en se succédant les >>sectes qui s'élèvent du sein de l'Église prétendent » s'éloigner davantage de sa doctrine, elles reculent >> aussi théoriquement les bornes de cette faculté » qu'elles s'attribuent par le fait. Les Écritures sa>> crées avoient été d'abord le champ où il paroissoit » convenu que la liberté de conscience devoit se >> renfermer; bientôt cette limite est franchie la >> religion, par quelques hommes, est réduite dans >> son dogme à une simple conception de la raison et >> du sentiment, et dans son culte à une pure relation » métaphysique de l'homme à son Créateur; enfin les >> idées fondamentales de toute institution ou croyance >> religieuse, sont elles-mêmes attaquées; et c'est à >> l'abri du principe de la liberté de conscience, tou>> jours de plus en plus étendu, que ces divers degrés

(1) « C'est toujours en présence d'une institution ou d'un ordre » d'idées à détruire qu'on le voit invoqué. » Le Producleur, n. 9, p. 410.

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