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et c'est à cette cause qu'on doit attribuer les dispositions factieuses qu'elle montra bientôt après, au temps de la Fronde. Réprimées sous Louis XIV, le jansénisme les réveilla (1); car il eut, dès son origine, une frappante affinité avec le calvinisme, dont il renouvela, sur plusieurs points, les révoltantes doctrines. Il lui ressembloit surtout par son génie remuant, incapable de se plier à l'obéissance, et toujours prêt à la révolte. « Cette faction dangereuse, >> disoit l'avocat général Talon, n'a rien oublié, de» puis trente ans, pour diminuer l'autorité de toutes >> les puissances ecclésiastiques et séculières qui ne » lui sont pas favorables (2). » La philosophie vint ensuite achever ce que la réforme et le jansénisme

(1) Un mémoire adressé par Fénélon à Clément XI contient des détails curieux sur les progrès que le jansénisme avoit faits, en 1705, dans les parlemens, et surtout dans celui de Paris. Parmi les magistrats attachés à la secte, Fénélon nomme le chancelier, le premier président, et le procureur-général, plus janséniste, dit-il, que Jansénius même. « Les avocats-généraux et beaucoup de présidens et de conseillers appartiennent, ajoute-il, au même parti. Il n'est donc pas étonnant que les principaux membres du parlement se soient opposés avec tant de véhémence, en présence même du roi, à l'acceptation, dans les formes solennelles, du Bref de Votre Sainteté contre la Réponse des quarante docteurs. Ils crioient que c'en étoit fait des libertés gallicanes, si on reconnoissoit en France l'autorité d'une constitution du Saint-Siége que la France n'eût pas sollicitée comme si le médecin ne devoit guérir que le malade qui lui demande la santé ! comme si le Vicaire de Jésus-Christ, pressé du devoir que lui impose la sollicitude de toutes les Églises, ne dût ni parler ni agir, si la France étoit si malade qu'elle repoussåt même le secours du médecin! » Memoriale Sanctissimo D. N. clam legendum. OEuvres de Fénelon, tom. XII, p. 609, 610.

(2) Réquisitoire du 23 janvier 1688.

avoient commencé. Des anciennes institutions monarchiques, l'Église seule subsistoit encore; on poursuivit la guerre contre l'Église avec toute la fureur protestante, modifiée par les idées philosophiques du temps. On marchoit à grands pas vers le dernier terme la hiérarchie politique anéantie, le roi et le peuple se trouvoient en présence : les parlemens, secondés d'abord par les principes démocratiques qui se répandoient dans la nation, prétendirent représenter le peuple, et ils s'efforcèrent d'usurper, à ce titre, le pouvoir de législation, c'est-à-dire qu'ils tentèrent de s'emparer de la souveraineté, ou de substituer, à leur profit, un despotisme oligarchique au despotisme d'un seul. Mais le mouvement de destruction ne pouvoit s'arrêter là. On avoit miné pendant plusieurs siècles les bases de la société; elle s'abîma tout entière dans le gouffre que les rois et les parlemens avoient eux-mêmes creusé.

Telles furent les destinées de ces grands corps, qui, en nivelant la nation et en affranchissant le monarque de toute loi divine extérieurement obligatoire, marchoient peu à peu à la conquête du pouvoir même qu'ils paroissoient servir : et de là il est aisé de comprendre quelle étoit leur position à l'égard de l'Église. Combattre l'autorité de son chef, pour séparer toujours davantage l'État de la religion (ce qu'ils appeloient défendre les droits du roi); étendre leur propre juridiction aux dépens de la juridiction spirituelle, voilà le double but qu'ils se proposoient. Ils donnèrent à ces entreprises le nom de libertés de

l'Église gallicane, et deux hommes suspects de protestantisme, Pithou et Pierre Dupuy, en composèrent un immense recueil (1), qu'un arrêt du conseil supprima le 20 décembre 1638, et que dix-neuf prélats, assemblés à Paris, condamnèrent l'année suivante, avec une indignation que tout le clergé français partagea. « Jamais, disoient-ils, la foi

chrétienne, l'Église catholique, la discipline ecclé>>siastique, le salut du roi et du royaume n'ont été » attaqués de doctrines plus pernicieuses que celles » qui, sous des titres spécieux, sont exposées en ces » livres. >> Puis, après avoir qualifié de fausses et hérétiques servitudes ces libertés prétendues, ils ajoutent: « Nous assurons que ces deux volumes ont été jugés >> par notre commun avis pernicieux presque partout, >> hérétiques en beaucoup d'endroits, schismatiques, >> impies, contraires à la parole de Dieu en plusieurs >> lieux, tendant à la destruction de la hiérarchie et de » la discipline ecclésiastique. des sacremens et >> ordonnances sacrées, très injurieux au Saint-Siége » apostolique, à notre roi très auguste, à l'ordre et » état ecclésiastique, et même à toute l'Église galli>> cane, et pleins de très dangereux scandales (2).

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L'assemblée du clergé condamna de nouveau, en 1651, l'ouvrage de Dupuy, comme injurieux à la liberté de l'Église. « Elle arrêta de se plaindre du

(1) Les Preuves des libertés de l'Église gallicane, de Dupuy, ne sont que le complément du Traité de Pithou.

(2) Procès-verbaux des assemblées du clergé : pièces justificatives, tom. III, n. 1.

» débit d'un livre dont tout le monde connoissoit le » venin et les dangereuses maximes. M. de Bosquet, » évêque de Lodève, fut invité à le réfuter, et les » assemblées de 1655 et de 1665 le pressèrent de » publier cette réfutation (1). » M. de Marca ne voyoit dans ce recueil fameux qu'un tissu de sentimens impies et de profanes nouveautés de paroles (2); et jamais dit Bossuet, les évêques n'approuvèrent ce que leurs prédécesseurs ont tant de fois condamné (3).

Ce n'est pas qu'ils ne reconnussent certaines libertés de l'Église gallicane: mais qu'entendoient-ils par ce mot; des priviléges concédés, comme s'exprimoient, en 1639, les dix-neuf évêques, dans leur lettre déjà citée : et l'auteur même de la Défense de la Déclaration de 1682 fait remarquer que « les pré>>> lats français ont pris la précaution d'avertir qu'ils >> regardent comme ayant force de loi les seuls sta>>> tuts et coutumes qui se trouvent établis du con>> sentement du Saint-Siége et des évêques (4). » Et c'est, nous apprend encore Bossuet, que les évêques et les magistrats étoient fort éloignés d'entendre de la même manière les libertés de l'Église gallicane (5),

(1) Corrections el additions aux Nouveaux opuscules de M. l'abbé Fleury, p. 65.

(2) De concord. sacerd. et imperii; in præfat., p. II, edil.

1706.

(3) Defens. Declar., lib. XI, cap. XX.

(4) Ibid.

(5) « Dans mon sermon sur l'unité de l'Église, prononcé à l'ou» verture de l'assemblée de 1682, je fus indispensablement obligé » de parler des libertés de l'Église gallicane, et je me proposai

toujours employées contre elle (1): « en quoi, ob>> servoit l'abbé Fleury, l'injustice de Desmoulins >> est insupportable. Quand il s'agit de censurer le » pape, il ne parle que des anciens canons; quand >>> il est question des droits du roi, aucun usage n'est »› nouveau, ni abusif: et lui et tous les jurisconsultes >> qui ont suivi ses maximes, inclinent à celles des >> hérétiques modernes, et auroient volontiers soumis >> la puissance même spirituelle à la temporelle du >> prince....

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» Si quelque étranger zélé pour les droits de l'Église, et peu disposé à flatter les puissances tem» porelles, vouloit faire un traité des servitudes de l'Église gallicane, il ne manqueroit pas de matières »ni de preuves....

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›› La grande servitude de l'Église gallicane, c'est >> l'étendue excessive de la juridiction séculière... » Les appellations comme d'abus ont achevé de >> ruiner la juridiction ecclésiastique (2). »

Il suit de là, premièrement, que ce que la magistrature appeloit des libertés de l'Église, l'Église l'appeloit des servitudes, et même d'hérétiques servitudes; et l'expression ne paroît pas trop forte quand on se

» deux choses: l'une de le faire sans aucune diminution de la véri» table grandeur du Saint-Siége; l'autre de les expliquer de la ma» nière que les entendent nos évêques, et non pas de la manière que » les entendent nos magistrats. » Lettre au cardinal d'Estrées. — OEuvres de Bossuet, tom. IX, p. 275, édit. de 1778.

(1) Oraison funèbre de Lelellier.'

(2) Discours sur les libertés de l'Église gallicane; Nouveaux opuscules de l'abbé Fleury.

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