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ces maximes mais des intentions, quelque droites qu'elles soient, n'empêchent pas les conséquences de sortir de leur principe ; et lorsque la déclaration parut, on sentit universellement, excepté en France, qu'elle renversoit toutes les bases du gouvernement spirituel et de la puissance divine de l'Église. Ce fut un de ces momens de vertige où les hommes ne savent ni ce qu'ils disent, ni ce qu'ils font, ni ce qu'ils veulent; car la fausse doctrine que l'on s'efforçoit de consacrer étoit au fond également fatale et aux peuples et aux rois.

Elle établissoit, à l'égard des peuples, un despotisme illimité, en affranchissant les souverains de toute règle et de toute loi extérieurement obligatoire, et en déclarant que ni la tyrannie, ni l'impiété, ni la persécution, à quelque excès qu'elles pussent être portées, ne préjudicioient, selon l'ordre établi de Dieu, à la souverainté, et n'altéroient ce que ses droits avoient originairement de sacré et d'inviolable: que les sujets, quelque injustice qu'ils éprouvassent de la part du prince, n'avoient ni le droit de lui résister, ni le droit de recourir à aucune autre puissance, et que Dieu même leur commandoit une obéissance éternelle sous une éternelle oppression. Jamais on n'avoit encore osé rien dire de semblable aux hommes, jamais on n'avoit protesté avec cette hardiesse dogmatique, contre le sentiment du juste et de l'injuste, tel qu'il se conserva toujours dans la conscience du genre humain, et contre la loi divine, telle que l'Église l'entendit perpétuellement et la fit exécuter en vertu de l'auto

rité qui lui est propre, sitôt qu'il exista une société chrétienne dans son chef et dans ses membres.

Mais comme, en refusant de reconnoître l'autorité de l'Église, on n'étouffe point le sentiment du juste et de l'injuste dans le cœur des peuples, et que seulement on détruit le moyen de prévenir ses écarts; dès qu'on soustrait les rois au pouvoir de l'Église, on les soumet au pouvoir du peuple, et les trônes tombent ou s'élèvent au gré de ses passions. La monarchie spirituelle du pape est le fondement et la garantie des monarchies temporelles des rois (1): voilà pourquoi

(1) Bien des gens s'imaginent, en ce siècle de la sagesse, que l'antique exercice de l'autorité pontificale n'étoit fondé que sur une soumission aveugle et superstitieuse et cette idée n'a elle-même d'autre fondement que l'ignorance la plus complète de la politique européenne, à l'époque où le christianisme régnoit dans la société. Lord Herbert nous a conservé un document très remarquable de cette ancienne politique chrétienne, aujourd'hui si méprisée et si peu connue : c'est un discours qui fut prononcé dans le conseil de Henri VIII, lorsque ce prince, désespérant de faire prononcer par le pape la nullité de son premier mariage, résolut de rompre avec Rome et de s'arroger la suprématie ecclésiastique dans son royaume. Qu'on se souvienne, en lisant ce discours, des événemens qui suivirent l'apostasie de Henri VIII, et peut-être trouvera-t-on qu'il y avoit pourtant quelque prévoyance et quelque bon sens dans ces âges de ténèbres et de barbarie.

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Sire, la décision que doit prendre Votre Majesté, savoir si, dans » l'affaire de votre divorce et de votre second mariage, ainsi que » dans toutes les affaires ecclésiastiques, en vos domaines, vous » userez de votre autorité propre ou de l'autorité des papes; cette » décision exige une grande et ferme résolution: car non seulement » il n'en est point de plus importante en soi, mais, dans les consé» quences, il s'agit de votre royaume et de votre postérité. Pour » moi, comme Anglois et comme sujet de Votre Majesté, je dois la >> servir de tout mon pouvoir. Mais quand je considère l'ancienne » pratique de ce royaume, je ne puis que eroire toute innovation

l'Europe penche chaque jour davantage à l'état populaire; et les princes, après s'être trouvés seuls en pré

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» dangereuse. Car si une puissance suprême, de laquelle dérivent » les magistratures inférieures, est nécessaire en tout état tempo» rel, combien plus dans la religion, à cause et de la nature de l'Église, qui requiert indispensablement un chef, et du grand » nombre d'autres chefs que celui-ci doit conduire! Notre devoir » est donc, par-dessus toutes choses, de travailler à maintenir, dans >> toutes les parties de l'Église, l'unité qui est le sacré lien de son » gouvernement et de tous les autres gouvernemens. Mais quelle » atteinte, Sire, ne porterions-nous pas à cet admirable ensemble, » si nous en retranchions ce royaume, qui en est la plus éminente » partie! et qui pourroit jamais garder quelque attachement pour » un corps privé de sa tête ? Certainement, Sire, une autorité re>> connue depuis tant de siècles ne doit pas être témérairement re» jetée; car le pape n'est-il pas dans le monde chrétien le père » commun et l'arbitre des différends qui s'y élèvent? N'est-ce pas >> lui qui soutient la majesté de la religion et qui en assure l'em» pire? Sa puissance, qu'il a reçue de Dieu, et qui s'étend jusqu'a» près la mort, ne tient-elle pas les hommes en crainte de châti» mens, non temporels seulement, mais éternels? Et seroit-il pru>>dent de renoncer à ce puissant moyen de contenir les peuples » dans le devoir, et de se fier uniquement au glaive de la justice et >> au bras séculier? De plus, qui mitigera la rigueur des lois dans » les cas qui admettent des exceptions, si l'on cesse de reconnoître » le pape? Qui osera conférer les ordres ou administrer les sacre» mens de l'Église ? Qui sera dépositaire des sermens et des traités » des princes? ou qui fulminera contre leurs parjures infracteurs? » Pour moi, dans l'état présent des choses, je ne vois pas comment >> on pourroit conserver sans lui, ou la paix générale entre les » princes, ou une juste modération dans les affaires humaines. Sa >> cour est comme le tribunal suprême auquel ressortissent toutes >> les autres cours de justice du monde chrétien: l'abolir, ce seroit >> renverser cette équité et cette conscience qui doivent être la rè»gle et l'interprète de toutes les lois et de toutes les constitutions. » Je souhaite à Votre Majesté, comme mon roi et comme mon sou>> verain, toute grandeur et toute félicité; mais pour le dire en fi» nissant, je ne pense pas qu'il convienne de donner lieu à vos su»jets d'examiner en vertu de quel droit vous innovez dans le gou» vernement ecclésiastique, ou de chercher jusqu'à quel point ils

sence de la multitude, peuvent comprendre que «< ce >> dernier parti, où la fureur, où le caprice, où l'igno>> rance et l'emportement dominent le plus, est aussi » sans hésiter le plus à craindre (1). » Ces derniers temps n'ont été pour eux que trop fertiles en instructions sévères : Et nunc, reges, intelligite (2). Les nations ont aussi reçu de terribles avertissemens. Si la raison, si l'expérience ont quelque empire sur cette terre, et les rois et les peuples doivent être las de se disputer un pouvoir sans règle et sans frein, un pouvoir impossible à établir, impossible à maintenir tel qu'ils le conçoivent, et qui finit infailliblement par conduire tôt ou tard les rois à l'échafaud, les peuples à l'anarchie et à toutes les calamités.

Nous venons de faire voir comment le premier article de la déclaration de 1682 renverse le principe fondamental de toute société humaine, livre l'État au despotisme et aux révolutions, détruit ses rapports avec l'Église, avec la religion, avec Dieu même, ébranle l'autorité de la tradition et par conséquent la base de la foi catholique, et enfin ôte tout moyen de connoître avec certitude l'étendue du pouvoir spirituel. Nous allons maintenant montrer que les trois

» sont liés par ces innovations: car, outre qu'il en pourroit résulter » des divisions, et peut-être la ruine de l'une et de l'autre autorité, » le scandale et l'offense seroient tels au dehors, que les princes » condamneroient et réprouveroient vos démarches, et qu'à l'oc»casion ils seroient disposés à s'unir contre vous. » Lord Herbert's History, p. 362.

(1) Bossuet.

(2) Ps., II, 10.

TOME 7.

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derniers articles, qui se réduisent à la supériorité du concile sur le pape, renversent également le principe fondamental de l'Église, l'Église elle-même, et sont, dans leur essence, opposés à ce qu'enseigne la foi sur son gouvernement.

SII. Examen de cette proposition: Le concile est supérieur au pape (1).

Toute puissance dont les décrets ne sont pas irréformables a au-dessus d'elle une autre puissance qui peut les réformer. Donc puisque les décrets du pape, selon le quatrième article, ne sont pas irréformables, il y a au-dessus du pape une autre puissance qui peut les réformer; et cette puissance supérieure au pape, d'après la Déclaration, est le concile, ainsi que l'exprime très clairement le deuxième article (2).

Mais de deux puissances du même ordre, l'une supérieure, l'autre inférieure, la première est sans contredit la puissance suprême, ou la puissance vérita

(1) Notre plan ne nous permettant pas de développer toute la suite de la tradition sur le sujet traité dans ce paragraphe, nous renvoyons les lecteurs aux ouvrages suivans, où ils la trouveront complètement exposée De Infallibilitate et Auctoritate Rom. Pontificis, 3 vol. in-4°, par le cardinal Orsi; De Summi Pontificis Auctoritate, par Fénelon, tom. II de ses OEuvres, édition de Versailles; Motive per cui il P. F. A. D. ha credulo di non potere aderire alle quattro proposizioni gallicanė, par le P. Anfossi, maitre du sacré palais, 2 vol. in-8°, 1813.

(2) Avec ce seul article, disoit Bonaparte, je puis me passer du pape.

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