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Que, par l'institution de Jésus-Christ, le pontife romain possède une pleine puissance de gouvernement, une suprême souveraineté sur toute l'Église catholique, c'est donc une vérité de foi (1).

Donc soutenir que le concile est au-dessus du pape, ou que la puissance suprême réside dans l'épiscopat, ou que le souverain pontife ne peut exercer son autorité que dans la dépendance du corps épiscopal, c'est soutenir des propositions hérétiques : et l'on ne doit pas s'étonner qu'Alexandre VIII, par son décret du 7 décembre 1696, ait défendu d'enseigner et de soutenir, soit en public, soit en particulier, une pareille doctrine, sous peine d'excommunication encourue ipso facto (2).

2o L'Église n'est pas une monarchie : telle est la seconde conséquence de la supériorité du concile sur le pape, établie par la Déclaration. « A nos yeux, » dit M. l'évêque d'Hermopolis, l'Église n'est ni une >> monarchie pure, ni une démocratie; c'est une >> monarchie tempérée par l'aristocratie (3): » mais tempérée, comme on vient de le voir, de telle manière que la puissance suprême réside dans l'épiscopat,

(1) « Nos anciens docteurs (c'est Bossuet qui le dit) ont tous re» connu d'une même voix dans la chaire de saint Pierre la pléni»tude de la puissance apostolique. C'est un point décidé et résolu. » Sermon sur l'Unité, IIe partie.

:

(2) L'assertion condamnée par Alexandre VIII est conçue en ces termes Fulilis el lolies convulsa est assertio de pontificis romani suprà concilium œcumenicum auctoritate, atque in fidei quæstionibus decernendis infallibilitate.

(3) Les vrais principes de l'Église gallicane, p. 93, troisième édit.

c'est-à-dire dans cette aristocratie. Et, en effet, il est impossible que l'Église soit autre chose qu'une aristocratie, si plusieurs y possèdent l'autorité suprême, si la souveraineté réside dans le corps épiscopal. Or, sans rappeler ici les témoignages déjà cités de Gerson, d'Almain, de Fénelon, de Bossuet (1), et les aveux des protestans mêmes (2), nous observerons seulement que la faculté de théologie de Paris a condamné comme hérétique cette proposition: La forme monarchique n'a pas été instituée dans l'Église immédiatement par Jésus-Christ (3).

L'erreur qui, en mettant la souveraineté dans le concile, fait de l'Église une république aristocratique, et renverse ainsi sa constitution divine instituée immédiatement par Jésus-Christ; cette erreur, opposée à une vérité de foi, détruit encore le dogme de l'unité de l'Église, puisqu'elle n'est une évidemment que par l'unité de son chef, de la puissance suprême qui a précédé toutes les autres et de qui toutes les

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(1) Voyez le chapitre VI, § I.

(2) On a vu précédemment ce que dit Mélanchton. Puffendorf s'exprime à cet égard d'une manière non moins remarquable: Que le concile soit au-dessus du pape, c'est une proposition qui » doit entraîner sans peine l'assentiment de ceux qui s'en tiennent » à la raison et à l'Écriture (les protestans); mais que ceux qui re» gardent le siége de Rome comme le centre de toutes les églises, » et le pape comme évêque œcuménique, adoptent aussi le même » sentiment, c'est ce qui ne doit pas sembler médiocrement ab» surde: car la proposition qui met le concile au-dessus du pape, » établit une véritable aristocratie; et cependant l'Église romaine » est une monarchie. » Pussendorf de Habitu relig. Christ. ad vitam civilem, § 38.

(3) Collect. judic., tom. I, part. II, pag. 105.

autres émanent, comme l'enseigne toute la tradition. Saint Cyprien pose pour fondement de cette unité sainte la promesse que Jésus-Christ fait à Pierre de bâtir sur lui son Église, le pouvoir des clés qu'il lui confère universellement et sans restriction, l'ordre qu'il lui donne de paître et de gouverner les pasteurs comme les brebis. Ainsi tout sort de l'unité, qui commence elle-même dans un seul : il n'y a qu'un chef, une origine, une Église mère (1). Donc point d'unité sans un centre où tous les rayons viennent aboutir. Mais le centre d'autorité ne peut être manifestement que la puissance suprême qui domine toutes les autres, et au-dessus de laquelle il n'y a rien; le centre de vérité ne peut être que l'autorité qui ne sauroit errer, et dont les jugemens sont irréformables.

Ainsi, premièrement, si le concile est supérieur au pape; si la souveraineté, la puissance suprême réside dans l'épiscopat, il n'est pas vrai que l'Église romaine soit le centre de l'unité; il n'est pas vrai qu'elle ait été choisie de Dieu pour unir ses enfans dans la même for (2), puisque l'épiscopat doit, au contraire, en ré

(1) Loquitur Dominus ad Petrum: Ego tibi dico, etc.; super unum ædificat Ecclesiam suam... Ut unitatem manifestaret, unitatis ejusdem originem, ab uno incipientem, suâ auctoritate disposuit..... Exordium ab unitate proficiscitur... Unum tamen caput est, et origo una, una mater fecunditatis successibus copiosa. De unit. Oper., p. 76, 77, 78. Negare non potes in urbe Romȧ Petro primo cathedram episcopalem esse collatam; in quâ unâ cathedrâ unitas ab omnibus servaretur. S. Optat. Milev. de Schism. Donat.

(2) Bossuet; Sermon sur l'Unité, III part., Vide et S. Thom. adv. Gentes, lib. IV, cap. LXXVI.

formant ses décrets, l'unir elle-même aux enfans de Dieu, et la ramener, avec toute la force de la puissance suprême, à la véritable foi, lorsqu'elle s'en écarte.

La Déclaration, sous ce nouveau rapport, contient donc, sans toutefois l'exprimer formellement, une proposition hérétique; savoir: L'Église romaine n'est pas le centre de l'unité.

Mais, secondement, toute unité disparoît; comme nous allons le prouver en examinant la troisième conséquence de la Déclaration, établie précédem

ment.

3o Il n'existe point dans l'Église de puissance suprême ou de souveraineté permanente et perpétuelle.

L'épiscopat dispersé ne forme pas plus qu'un sénat dispersé un corps souverain capable d'exercer la puissance suprême collective; et en effet quelle puissance exerce l'épiscopat dispersé, et quelles lois a-t-il jamais faites? Il ne peut même parler; car qui seroit son organe? Bien moins encore peut-il délibérer, juger qui proposeroit le sujet des délibérations? A qui les proposeroit-il? Comment chaque évêque pourroit-il délibérer avec lui-même ? Qui recueilleroit les voix? qui constateroit la majorité? qui prononceroit le jugement? Donc si la puissance suprême réside dans l'épiscopat, l'épiscopat en tant que puissance suprême n'existe lui-même que lorsqu'il est assemblé en concile (1): d'où, pour l'observer

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(1) Nous savons que les gallicans rejettent cette conséquence. L'Église, pour décider, n'a pas, disent-ils, besoin d'être assem

en passant, il résulte que

la puissance supérieure du concile seroit dépendante de la puissance inférieure

» blée: dispersée, mais réunie dans la condamnation des nouvelles » opinions, elle mérite de la part de ses enfans une soumission sans >> réserve; elle est toujours la colonne de la vérité. Penser qu'elle » ne jouit du privilége de l'infaillibilité que dans les conciles géné» raux, c'est trop borner la promesse qui l'étend à tous les temps; » c'est une erreur dans la foi » (Précis des maximes du droit canonique, etc., par J.-B. Saint-Marc, p. 102). Recueillons ce dernier aveu; et souvenons-nous bien que quiconque pense que l'Église ne jouit du privilège de l'infaillibilité que dans les conciles généraux, erre dans la foi. Remarquons ensuite ce que les gallicans oublient tout-à-fait, qu'il y a deux genres d'infaillibilité entièrement distincts: l'infaillibilité que les théologiens nomment passive, et celle qu'ils appellent active. Il est impossible, d'après les promesses de Jésus-Christ, que la vraie foi cesse jamais d'être professée dans l'Église, sans aucun mélange d'erreur, par la majorité des pasteurs et des fidèles voilà l'infaillibilité passive. Il est impossible que l'autorité suprême dans l'Eglise erre jamais dans ses décisions sur la foi voilà l'infaillibilité active; et celle-ci est le fondement de l'autre, puisqu'une foi qui n'erre jamais suppose de toute nécessité un enseignement fondé sur une autorité qui ne sauroit errer. L'infaillibilité passive est également admise par les catholiques et par les gallicans. La difficulté entre eux consiste à savoir en qui réside l'infaillibilité active, permanente et perpétuelle ; car on convient encore que le concile vraiment œcuménique est infaillible quand il est assemblé : mais comme il ne l'est pas toujours, il faut nécessairement qu'il y ait dans l'Église une autre autorité actuellement infaillible; sans quoi l'infaillibilité de l'Église ne seroit pas permanente et perpétuelle. Or quelle est cette autorité? Le pontife romain, disent les catholiques : l'Église dispersée, disent les gallicans. Mais, 1o dire que l'Eglise est la plus haute autorité qui soit dans l'Église, ou l'autorité infaillible, c'est dire des mots qui n'ont aucun sens. Comment l'Église peut-elle enseigner et gouverner l'Église? 2o C'est confondre l'Église, en tant qu'elle est le sujet de l'infaillibilité passive, avec la puissance suprême qui, instituée pour enseigner et gouverner l'Eglise, possède seule l'infaillibilité active. Toute l'Église n'enseigne pas toute l'Église; tous les pasteurs n'enseignent pas tous les pasteurs. De plus, point de jugement sans un tribunal que seroit-ce qu'un jugement rendu par des juges dis

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