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du pape, puisque le concile, de l'aveu de Bossuet et de l'école de Paris, ne peut être légitimement

persés? Cela choque le bon sens. Tout acte de juridiction, et le jugement qui décide infailliblement de la foi est l'acte de ce genre le plus élevé, ne sauroit être conçu sans un pouvoir actuellement constitué, qui promulgue ses commandemens et prononce ses sentences, comme le concile. Aussi, lorsqu'on en vient à la réalité, s'aperçoit-on bien vite que l'infaillibilité dispersée des gallicans n'est qu'une chimère, un mot imaginé pour se mettre à l'abri du reproche d'errer dans la foi. Ecoutons en effet l'auteur déjà cité. « Pour » que le silence des évêques répandus dans la chrétienté emporte » avec lui l'approbation d'une bulle du pape, plusieurs conditions » sont requises » (ibid., p: 25). Comprenez, s'il vous est possible, comment le silence peut être un jugement, un acte d'autorité et de juridiclion. « La première : qu'il se soit écoulé depuis la bulle » expédiée, ou la constitution rendue, assez de temps pour qu'on » puisse raisonnablement présumer qu'elle est parvenue à la con»noissance des évèques. Le silence d'une chose inconnue ne prouve » rien » (ibid.). Mais qui jugera s'il s'est écoulé assez de temps pour qu'on puisse raisonnablement présumer que la bulle est parvenue à la connoissance des évêques? chaque fidèle nécessairement; à lui d'étudier les mathématiques et la géographie pour présumer raisonnablement : après quoi messieurs les gallicans l'obligent de faire un acte de foi absolue et divine sur une présomption raisonnable. « La seconde, que le décret apostolique regarde la » foi ou les mœurs; et qu'il soit adressé à tous les fidèles pour » être regardé et observé comme règle de foi, par ceux qui » sont constitués en autorité » (ibid.). Est-ce qu'il y auroit plusieurs règles de foi une pour tous les chrétiens, et une autre pour ceux qui sont constitués en autorité? « Du silence donc des évêques à » l'égard des décrets de Rome qui ne regardent que des causes par»ticulières, ou même un sentiment privé de quelque évêque, et qui »> ne sont point adressés à tous les fidèles; du silence des décrets » pontificaux de cette nature, on ne peut point déduire aucune ap» probation » (ibid., p. 26.). Voilà certes de quoi exercer l'examen des fidèles, avant qu'ils sachent s'ils sont ou non tenus d'obéir à un décret du pape. Est-ce tout cependant? ô que non ! messieurs les gallicans ont songé à bien autre chose. « La troisième condition est : » que la question controversée ait été mûrement examinée et dis» cutée par ces mêmes évêques qui auront été intéressés dans la

convoqué que par le pape, qui le dissout en se retirant. Toujours est-il que la souveraineté, la puissance su

» controverse, et que le décret rendu sur cette affaire ait été ex» pressément reçu et approuvé par eux » (ibid.). L'auteur a omis de nous dire comment les fidèles s'assureront de tout cela, et comment on peut être certain que des évêques ont mûrement examiné et disculé. Et puis, parmi ces évêques intéressés dans la controverse, ne peut-il pas s'en trouver qui soutiennent la doctrine condamnée par Je pape? Si donc un seul d'entre eux ne reçoit et n'approuve pas expressément la bulle du pape, cette bulle ne finit rien et n'oblige personne. Donc toutes les fois qu'un seul évêque soutiendra une erreur contre la foi, cette erreur ne pourra être définitivement condamnée que par l'Eglise assemblée en concile général. « La qua>> trième condition est: que les évêques soient tenus d'office de ré>> clamer contre une erreur manifeste et connue. Qu'on dise har» diment la vérité, dit saint Augustin, alors que les circonstances » exigent qu'on la dise. Car si les circonstances ou la cause n'exi» gent pas qu'on se prononce, ou si l'erreur est encore obscure, » douteuse, enveloppée, ou s'il est question des opinions de l'Eglise, » ou si enfin la paix ou la tranquillité de l'Eglise ou de l'Etat de>> mande le silence, ce silence ne peut être pris pour une approba» tion » (ibid.). Ainsi, pour être obligé d'acquiescer à une balle dogmatique du pontife romain, il faut que chaque fidèle juge si l'erreur condamnée est manifeste, si elle est connue, si les circonstances ou la cause exigent qu'on se prononce, si l'erreur n'est pas encore obscure, douteuse, enveloppée; s'il n'est point question d'une opinion de l'Église; si enfin la paix ou la tranquillité de l'Église ou de l'État (ne demande point le silence. Jusqu'à ce que tous ces points soient bien éclaircis pour lui, les gallicans le dispensent d'obéir au Vicaire de Jésus-Christ, au chef de toute l'Eglise, au Père et au Docteur de tous les chrétiens, comme l'appelle le concile œcuménique de Florence. Mais enfin supposons qu'il résolve toutes ces questions dans un sens favorable à la bulle du pape ; alors il sera tenu de faire sur cette bulle un article de foi divine : et en vertu de quoi? En vertu du jugement qu'il aura dû porter précédemment donc ou ce jugement est infaillible, ou l'on peut faire sur un jugement faillible un acte de foi divine; que les gallicans choisissent. L'auteur ne s'arrête pas là, il trouve encore une autre condition; après quoi il conclut ainsi : « Dans ces circonstances, ou » autres semblables, on doit reconnoître que la controverse ne peut

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prême ne pouvant de fait résider que dans le concile, toutes les fois que le concile n'est pas assemblé il n'existe de fait dans l'Église ni souveraineté ni puissance suprêmes. Or point d'unité, comme on l'a vu, sans un centre d'unité; point d'autre centre d'unité possible que la puissance suprême : donc point d'unité dans l'Église, hors le temps où le concile est assemblé; proposition encore formellement hérétique.

De plus, car les erreurs s'enchaînent, ce qui constitue essentiellement la société, ce qui lui donne l'existence, c'est la souveraineté, la puissance suprême : donc s'il n'existe point dans l'Église, par l'institution divine, de puissance suprême ou de souveraineté permanente et perpétuelle, l'Église elle-même n'est ni ne peut être permanente et perpétuelle; et Jésus-Christ, qui a promis qu'elle subsisteroit tous les jours jusqu'à la consommation des siècles, est un imposteur. Ici l'hérésie va jusqu'au blasphème.

M. l'évêque d'Hermopolis, effrayé peut-être des conséquences hérétiques, impies, qu'entraîneroit nécessairement la supériorité du concile sur le pape, ne

» point être terminée par le silence de plusieurs évèques, et qu'un » concile général ou œcuménique est le seul tribunal qui puisse y » mettre fin » ( ibid., p. 27).

Pour conclure à notre tour, nous pensons qu'aucune personne de bonne foi ne contestera que nulle controverse ne peut de fait être terminée, suivant les principes des gallicans, que par le concile général ou œcuménique; qu'ainsi, suivant les mêmes principes, l'infaillibilité active, perpétuellement nécessaire à l'Eglise, ne réside que dans les conciles généraux; par conséquent, qu'ils bornent trop la promesse qui l'étend à tous les temps : ce qui est une erreur dans la foi.

laisse pas à la vérité d'établir cette doctrine; mais cherche ensuite à la modifier, en proposant une opinion qui lui est exclusivement propre. « Faisons, dit

il, une troisième supposition. Un concile général » est très régulièrement assemblé sous un pape très >> légitime; un différend s'élève entre les évêques pré>> sens et le pape de quel côté est la plus grande » autorité? Du côté du pape, diront les ultramon>> tains; du côté des évêques, diront les gallicans. Ne >> pourroit-on pas dire plutôt que, dans ce cas uni» que, ce sont ici deux autorités qui se balancent; >> que la décision demeure en suspens jusqu'au mo>>>ment de leur accord; que c'est une suite de la na>>>ture des gouvernemens mixtes; et que dans les >> États où la puissance législative est partagée entre >> un roi et des corps politiques, la loi ne résulte que » de leur concert (1)? »

Avec son idée de gouvernement mixte, qui ne seroit plus dès-lors la police véritablement monarchique et royale instituée par Jésus-Christ suivant Gerson, M. l'évêque d'Hermopolis suppose qu'il peut exister dans l'Église deux puissances égales, n'ayant chacune aucune autre puissance au-dessous d'elles, ce qui détruit la notion même de l'unité de l'Église. De plus, jusqu'à ce que ces deux puissances, momentanément divisées, s'accordent, il n'existera point dans l'Église de puissance suprême ou de véritable souveraineté, ce qui détruit la notion même de l'Église. Exprimée

(1) Les vrais principcs de l'Eglise gallicane, p. 89, troisième édit.

en ces termes : Il est possible que l'Église ayant à sa têle un pape très légitime, avec un concile très régulièrement assemblé, soit néanmoins dépourvue, pendant quelque temps, de l'autorité suprême qui donne la dernière force à ses décisions; cette proposition est hérétique.

Ainsi, quand M. l'évêque d'Hermopolis, offrant à l'Eglise et aux gallicans sa médiation, leur adresse ces pacifiques paroles : « Ne pourroit-on pas dire que, >> dans ce cas unique, ce sont deux autorités qui se >> balancent, et que la décision demeure en suspens » jusqu'au moment de leur accord? » c'est comme s'il disoit: Dans la diversité de sentimens qui sépare les partisans de la Déclaration, du pape et de l'immense majorité des Églises unies au pape, sur le moyen de reconnoître avec certitude les vérités de foi ou d'éviter toute hérésie, ne pourroit-on pas, pour concilier ces sentimens divers, et pour satisfaire tout le monde, dire qu'il y a des temps où l'Eglise avec un pape très légitime, et un concile très régulièrement assemblé, manque de l'autorité nécessaire pour décider ce qui est de foi; ne pourroit-on pas, en un mot, convenir d'une hérésie?

Ne pouvant justifier la doctrine écrite de M. l'évêque d'Hermopolis, nous sommes heureux de pouvoir au moins justifier sa pensée réelle. Lorsque nous publiâmes nos Observations sur la promesse d'enseigner les quatre articles (1), exigée par M. Laîné, il voulut

(1) A l'époque où cet écrit parut, nous crùmes devoir déférer aux conseils de plusieurs personnes respectables, qui jugeoient dangeTOME 7. 14

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