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que nous n'admettons pas le devoir de se soumettre, et demeurons cependant toujours soumis; soyons fermes dans l'inconséquence, prenons garde d'en sortir jamais et quand les serfs du christianisme, les malheureux qui ne sont encore que catholiques romains, nous demanderont en quoi nous différons d'eux, et ce que c'est enfin que d'être Français en religion, nous leur répondrons fièrement que c'est la liberté de penser d'une manière, en ayant soin d'agir d'une autre. Que s'ils insistent pour savoir avec précision ce qui arriveroit si les Français s'avisoient un jour d'agir comme ils pensent, ou de réduire en pratique les libertés gallicanes, mal comprises à la vérité, la réponse n'est pas moins facile : « C'est en leur nom que fut >> proclamée cette déplorable Constitution civile du » clergé, c'est en leur nom que notre Église fut bou>> leversée de fond en comble, que le pontife romain » fut persécuté, dépouillé, jeté dans les fers. Voilà les >> excès qui les ont décréditées aux yeux de ceux qui >> ne les ont connues que par l'abus qu'en a pu faire >> un pouvoir tyrannique. En les invoquant pour >> nous précipiter dans le schisme, en les exagérant » pour avoir le droit d'insulter le clergé, vous les ren>> dez odieuses, vous les ruinez dans l'esprit des vrais >> fidèles (1). >>

Voilà ce qu'on est obligé d'avouer, alors même que l'on prend à tâche de calmer les fausses inquiétudes (2) des catholiques. Et ces maximes décréditées

(1) Les Vrais principes de l'Église gallicane. (2) Ibid., pag. 2.

par l'abus qu'on en a fait, ces maximes qu'on invoque pour nous précipiter dans le schisme, ces maximes ruinées dans l'esprit des vrais fidèles, on fonde une école pour en conserver précieusement la tradition, et l'on assure que cette école, appropriée à nos besoins et à notre situation présente, prépare à notre Église le plus consolant avenir, et qu'à la seule annonce d'un pareil établissement la France religieuse a tressailli d'espérance (1)!

Quand Dieu prépare, non pas un consolant avenir, mais une de ces grandes calamités que sa colère envoie sur les peuples, un esprit de vertige les précède, et le sens humain est comme renversé. Il ôte l'intelligence aux pasteurs, il aveugle les gardiens de la doctrine, et ils ne savent rien; muets contre l'ennemi, ils se repaissent d'idées vaines, et se complaisent dans les songes. Il y a un souffle qui les emporte, et chacun d'eux décline dans sa voie (2). Alors le chrétien lève au ciel les yeux, et, prêt à tout, médite en lui-même ce mot de l'apôtre : Étrangers et voyageurs (3), nous n'avons point ici de demeure permanente, mais nous cherchons une autre cité (4).

(1) Lettre de son excellence le ministre des affaires ecclésiastiques, etc.

(2) Speculatores cæci omnes, nescierunt universi: canes muti non valentes latrare, videntes vana, dormientes, et amantes somnia... Ipsi pastores ignoraverunt intelligentiam omnes in viam suam declinaverunt. Is., LVI, 10, 11.

(3) I Petr., II, 11.

(4) eHbr., XIII, 14.

CHAPITRE X.

Conclusion.

Nous avons montré, aussi clairement qu'il nous a été possible, les vrais rapports de la religion avec l'ordre politique et civil; nous avons établi les principes sur lesquels repose leur union, et combattu les erreurs opposées, qui égarent dangereusement certains esprits, et qui règnent plus dangereusement encore dans les lois. Il ne nous reste qu'à résumer les principales considérations que renferme cet écrit, pour en tirer ensuite les dernières conséquences.

Il n'existe et ne peut exister d'union véritable qu'entre les esprits : donc la société, et toutes les lois essentielles de la société, sont de l'ordre spirituel ou religieux, et la perfection de la société dépend de la perfection de l'ordre spirituel ou religieux.

Il suit de là qu'avant Jésus-Christ, la société politique, imparfaite et à peine naissante, ne pouvoit se développer ou se perfectionner, parce que la société religieuse, ou la religion vraie et universelle, n'étoit ni développée ni constituée publiquement. Concentrée dans la famille, les croyances s'y perpétuoient ainsi que le vrai culte par la tradition paternelle; car il n'existoit point, excepté chez les Juifs, d'autre enseignement, et le sacerdoce primitif n'étoit qu'une

fonction de la paternité. On ne vit se former, parmi les nations, des colléges de prêtres, qu'après l'introduction de l'idolâtrie. Le principe de la vie sociale étant fixé dans la famille par la première institution du genre humain, il en résultoit que la famille soutenoit seule l'ordre politique, qui, ne s'appuyant que sur elle, ne pouvoit s'élever à un état plus parfait que la constitution domestique; et il en résultoit encore que les lois qui règlent le pouvoir, et qui sont le fondement de son droit, n'avoient d'autre interprète que la famille ou le peuple, ni d'autre garantie que sa force et c'est la véritable cause du peu de stabilité des gouvernemens anciens. Nul juge, nul conciliateur entre le pouvoir et les sujets: se touchant par tous les points, avec des intérêts divers, il y avoit entre eux une guerre continuelle. Pour n'être pas renversée, la puissance devenoit oppressive; l'opression hâtoit la révolte, qui ramenoit bientôt une oppression plus dure. La société flottoit sans cesse entre la tyrannie d'un seul et la tyrannie de tous, entre le despotisme et l'anarchie; et ces deux fléaux s'aggravoient à mesure que le principe religieux s'affoiblissoit dans la famille.

L'immense révolution que le christianisme effectua sous ce rapport dans le monde, et qui sauva le monde, ne tint qu'à une chose, d'abord presque inaperçue, comme il arrive toujours lorsque c'est Dieu qui agit, et non pas l'homme. Jésus-Christ ne changea ni la religion, ni les droits, ni les devoirs ; mais en développant la loi primitive, en l'accomplissant, il

éleva la société religieuse à l'état public, il la constitua extérieurement par l'institution d'une merveilleuse police, qui de toutes les familles ne fait qu'une seule famille, gouvernée, dans l'ordre du salut, par l'autorité d'un ministère spirituel, gouverné luimême par un chef unique.

Dès-lors l'interprétation et la défense de la loi divine, qui est aussi la loi politique fondamentale, n'appartinrent plus au peuple, mais au ministère spirituel et à son chef, à qui Dieu même eu a confié le dépôt. Le pouvoir fut protégé contre les sujets, et les sujets contre le pouvoir, par le Souverain de la société religieuse universelle, défenseur suprême de la justice. Les peuples purent obéir avec sécurité, les rois régner sans crainte. Il y avoit désormais un juge entre eux, et le droit avoit détrôné la force.

Ce fut ainsi que se forma peu à peu la chrétienté. Mais il vint un temps où les rois refusèrent de reconnoître ce juge; et, par une funeste contradiction, ils voulurent que la loi divine demeurât toujours la règle des actions privées et le fondement du devoir d'obéir, en cessant d'être la règle des actions publiques et le fondement du droit de commander. C'étoit renverser la base de la société chrétienne et de toute société ; c'étoit, en déclarant que la souveraineté n'est liée par aucune obligation envers Dieu ni envers les hommes, constituer un despotisme monstrueux, et préparer une anarchie plus monstrueuse encore.

Tout ce que nous avons vu, et tout ce que nous voyons, n'est en effet que la conséquence de ce sys

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