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ou plutôt comme également faux : c'est-à-dire que 1'État s'est de nouveau déclaré athée.

Il ne faut assurément pas de grands efforts d'esprit pour comprendre une chose si claire : mais si l'on souhaite de plus l'aveu précis du gouvernement, nous le produirons.

Dans un discours extrêmement remarquable, prononcé devant les députés, un homme d'un mérite incontestable, et d'une rare habileté de raisonnement, a réduit à un petit nombre de questions, aussi simples qu'importantes, toute la controverse qu'a fait naître la loi sur le sacrilége. On ne sauroit être plus loin que nous le sommes de partager les opinions de M. Royer-Collard; mais nous devons avouer que dans ce siècle si fertile en sophistes niais on est heureux de rencontrer un adversaire dont les idées sont liées entre elles qui part de principes nettement posés, en admet les conséquences, au moins presque toujours, et avec qui l'on peut dès-lors discuter sans dégoût.

En attaquant le projet de loi, il commence par prouver d'une manière invincible que les dispositions pénales qu'il contient sont, au plus haut degré, iniques, odieuses, impies, si la loi ne suppose pas la vérité des dogmes d'où dépend la réalité du sacrilége dans chaque cas particulier : qu'ainsi, par exemple, s'il n'est pas légalement vrai que Jésus-Christ, Dieu et homme, soit présent sous les espèces consacrées, le supplice infligé aux profanateurs des saintes hosties n'est qu'une épouvantable atrocité, un forfait légal,

digne de l'exécration de tout homme à qui il reste une ombre de conscience.

Mais comme cette foi publique et sociale exclut évidemment une égale protection de tous les cultes, et que M. Royer-Collard semble confondre dans sa pensée cette protection égale avec la tolérance civile, l'État, selon lui, ne doit adopter aucuns dogmes, ni professer aucune foi. Pour user de ses propres expressions, «<l'alliance que l'État forme avec la reli»gion, de quelque manière qu'elle soit conçue, ne >> sauroit comprendre de la religion que ce qu'elle a » d'extérieur et de visible. La vérité n'y entre pas; >> elle est temporelle, rien de plus. >>

Afin d'établir cette maxime, qu'on pourroit traduire ainsi : L'État doit être athée, rien de plus, l'orateur ajoute: «< Est-ce qu'on croit, par hasard, que les >> États ont une religion comme les personnes; qu'ils » ont une âme et une autre vie où ils seront jugés >> selon leur foi et leurs œuvres? >>

Voilà, certes, une bizarre demande : ce sont de ces choses, comme Rousseau en fournit tant d'exemples, qui échappent aux plus habiles, quand ils se sont une fois engagés à soutenir quelque principe faux. Car, du reste, M. Royer-Collard sait aussi bien que nous, que si jamais personne n'imagina que les États aient une áme et une autre vie où ils seront jugés selon leur foi et leurs œuvres, tout le monde comprend à merveille qu'un État forme un être moral, dont les maximes, les croyances, les doctrines, sont exprimées par ses actes publics et principalement par sa législation. Il

faudroit, pour nier cela, renverser le langage humain. Si les États, n'avoient point, en ce sens, une. religion, ils n'auroient point non plus de morale, du moins obligatoire puisque la morale n'a de sanction positive et dogmatique que dans la religion (1). Or sans morale, je dis sans morale professée publiquement, et reconnue par les lois, concevroit-on seulement l'idée de justice appliquée par l'État aux rapports des hommes entre eux dans la société? Nous nous abstiendrons de montrer toutes les conséquences de l'erreur que nous combattons en ce moment, et sur lesquelles il y a quelque lieu d'être surpris que M. Royer-Collard ait fermé les yeux.

L'horreur que l'athéisme inspire naturellement l'a fait tomber dans la seule contradiction qu'offre son discours. Il s'en faut bien, dit-il, que la loi française soit athée. Si la loi française n'est pas athée, elle reconnoît donc l'existence de Dieu, il y a donc au moins une vérité légale; il est donc faux que la vérité n'entre pour rien dans l'alliance de l'État avec la religion, que la loi humaine ne participe point aux croyances religieuses, qu'elle ne les connoît ni ne les comprend. Je m'étonne que M. Royer-Collard n'ait pas vu que, ce principe admis, toute son argumentation contre ses adversaires et leur projet de loi croule par le fondement; car si l'on avoue que la loi peut et doit professer une vérité religieuse, une seule, elle doit et peut

(1) Discours de M. Royer-Collard.

les professer toutes: en d'autres termes, Si l'État peut avoir une religion, il doit en avoir une, et par conséquent la vraie. Que si, au contraire, l'État n'adopte aucune religion, si la vérité n'entre pour rien dans la protection que nos lois accordent aux différens cultes; si ces lois ne consacrent, n'admettent comme vraies aucunes croyances, j'en adjure tous les hommes qui entendent la valeur des mots, ces lois sont athées.

Le motif pour lequel M. Royer-Collard s'oppose à ce que la loi reconnoisse aucune vérité religieuse, c'est qu'il s'ensuivroit, selon lui, que toutes les religions d'État seroient également vraies, ou qu'il y auroit autant de vérités que de religions d'État. « Bien

plus, ajoute-t-il, si dans chaque État, et sous le » même méridien, la loi politique change, la vérité, >> compagne docile, change avec elle. Et toutes ces » vérités, contradictoires entre elles, sont la vérité >> au même titre, la vérité immuable et absolue..... >> On ne sauroit pousser plus loin le mépris de Dieu >> et des hommes : et cependant telles sont les consé>>quences naturelles et nécessaires du système de la >> vérité légale. »

Nous recueillons avec empressement l'aveu que contiennent ces paroles. Appliquées au système protestant, dont l'examen particulier est, comme on le sait, la base, elles sont d'une justesse rigoureuse; mais il n'en est pas ainsi de la religion catholique, qui repose sur le principe absolument opposé.

Dans cette invariable religion, aucun individu ne crée la vérité ou ne la détermine par son jugement;

mais il la reçoit sans discussion, d'une autorité toujours vivante et parlante, spirituelle par sa nature, et infaillible même humainement, puisqu'il n'en est point de plus élevée sur la terre.

De même aussi, l'État ne crée point la vérité ou ne la détermine point par son jugement; mais, comme l'individu, il reconnoît cette loi immuable des esprits et s'y soumet, en écoutant ce qu'enseigne l'autorité indépendante, universelle, perpétuelle, qui la promulgue sans interruption. Ainsi il ne peut y avoir en matière de religion, ni même, si on l'entend bien, dans quelque ordre d'idées que ce soit, deux vérités contradictoires entre elles, que par une violation du principe catholique.

Dans le système protestant, au contraire, chaque individu crée la vérité ou la détermine par son jugement; d'où il suit que les vérités les plus contradictoires entre elles, sont la vérité au même titre, la vérité immuable, absolue, ou qu'il n'existe aucune vérité et la même chose a lieu pour l'État.

:

Ici reviennent, avec une force accablante, toutes les conséquences si admirablement déduites dans le discours que nous examinons, et qui conduisent ellesmêmes non moins nécessairement à une conséquence dernière, savoir, que le système d'où elles découlent, le système protestant où philosophique, détruit pour les individus comme pour les États toute vérité sans exception, et que l'athéisme absolu, qui en est la suite inévitable, en est aussi le fond essentiel.

L'anxiété douloureuse qui tourmente le monde,

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