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supérieur à celui qui le régit; il ne s'élève pas plus haut que l'homme, et il appelle indépendance la soumission servile à ses volontés. Tout lui est bon, pourvu qu'il renie la souveraine autorité, de qui découlent toutes les autres (1), pourvu qu'il n'obéisse point au suprême législateur. II repousse jusqu'à son nom, ce nom lui est odieux même à entendre; il l'a effacé de ses lois, ne leur laissant que la force pour principe, et pour sanction que la mort.

De cette affreuse apostasie politique il résulte que la religion, toujours à la veille d'être proscrite, puisque son esprit et sa doctrine sont en contradiction absolue avec les maximes de l'État, n'est qu'une sorte d'établissement public accordé aux préjugés opiniâtres de quelques millions de Français. On la tolère pour eux, comme on protége pour d'autres les spectacles. Elle figure dans le budget au même titre que les beaux-arts, les théâtres, les haras. Elle dépend de la même manière de l'administration qui la salarie. On règle sa dépense, on détermine le mode de comptabilité, on nomme aux emplois : c'est là tout. Une église n'a rien de plus sacré qu'un autre édifice; elle n'est, comme une prison, comme une halle, qu'un bâtiment à construire ou à réparer; et nulle différence entre le sanctuaire où repose le Saint des saints, et un temple protestant, et une synagogue,

(1) Non est enim potestas nisi à Deo. Ep. ad Rom., XIII, 1.

et une mosquée même, s'il prenoit fantaisie au premier venu d'en établir. Évêques, consistoires, prêtres, ministres, rabbins, tout est égal aux yeux de la loi, et nous dirions aussi aux yeux des administrateurs, si le clergé catholique n'étoit trop souvent pour eux l'objet d'une défiance particulière et d'une aversion que rarement prennent-ils le soin de déguiser.

Ainsi la religion, qui devroit, placée à la tête de la société, la pénétrer tout entière, est reléguée parmi les choses qui l'intéressent le moins, ou qui ne l'intéressent que sous des rapport matériels. On la souffre à cause du danger de l'abolir subitement; on l'avilit, on gêne son action, on rétrécit autant qu'on le peut le cercle de son influence, on ne laisse échapper aucune occasion de lui contester ses droits divins; on s'efforce de la rendre odieuse et méprisable au peuple, espérant, par ces moyens, s'en délivrer peu à peu sans secousse; ou, ce qui reviendroit au même, asservir ses ministres, en ce qui regarde leurs fonctions spirituelles, à la puissance civile, devenue maîtresse dans l'Église, comme elle l'est de droit dans l'État.

Et qu'on ne se tranquillise pas sur les obstacles que rencontreroit l'exécution d'un pareil plan: il n'est point de mal qu'on doive aujourd'hui juger impossible; il se trouvera des gens pour tout faire, et pour justifier tout. Car, on ne sauroit se le dissimuler, une race d'hommes nouvelle a apparu de notre temps, race détestable et maudite à jamais

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par tout ce qui appartient à l'humanité; hommes de fange, les plus vils des hommes après ceux qui les paient; hommes qui n'ont une raison que pour la prostituer aux intérêts dont ils dépendent, une conscience que pour la violer, une âme que pour la vendre; hommes au-dessous de tout ce qu'on en peut dire, et qui, après avoir fatigué l'indignation, fatiguent le mépris même.

Nous le répétons, l'anéantissement du christianisme en France par l'établissement d'une Église nationale, soumise de tout point à l'administration, voilà ce qu'on prépare avec une infatigable activité; voilà où mèneroit infailliblement le système suivi jusqu'ici, voilà enfin ce que veut la révolution : l'obtiendra-t-elle ? L'avenir répondra.

CHAPITRE V.

Conséquences de ce qui précède par rapport au gou-. vernement de l'Église et aux relations des évêques avec le pape, centre et lien de l'unité catholique.

Ceux qui trouvoient peut-être, il y a quelques mois, nos alarmes exagérées, doivent comprendre maintenant, par ce qui se passe sous nos yeux, par l'audace croissante des hommes d'anarchie, par les maximes qu'ils soutiennent, les projets qu'ils avouent, les espérances qu'ils manifestent ouvertement, que jamais l'ordre social ne fut plus dangereusement menacé. La vérité, trahie ou abandonnée, se défend à peine. L'erreur triomphe presque sans combat; on n'entend que sa voix, on ne sent que son action; elle étonne ceux même qu'elle ne subjugue pas ; et pénétrant peu

à

peu dans les esprits, elle les poussera bientôt à des résolutions violentes. Les gens de bien, satisfaits de quelques courts instans de sommeil, tâchent de s'aveugler sur la crise qui se prépare; ils n'osent la craindre de peur d'être conduits à tenter un effort pour la prévenir; ou s'ils ne peuvent réussir à se tranquilliser complètement, ils s'enfoncent dans leur lâcheté comme dans le plus sûr asile : tant l'expérience est nulle pour eux!

Il est vrai aussi qu'exiger des hommes qu'ils porTOME 7.

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tent leur vue au-delà du présent, qu'ils développent par la pensée le germe de l'avenir, et découvrent ce qui sera dans ce qui est, c'est demander plus et beaucoup plus qu'on n'est en droit d'attendre. Ils ignorent, pour la plupart, comment les révolutions politiques et surtout les révolutions religieuses s'opèrent. L'esprit des institutions, la nature des doctrines, sont des causes dont peu de personnes savent apprécier la puissance et prévoir les effets. Cependant rien de considérable n'arrive dans le monde, rien ne s'établit, rien n'est détruit que par leur influence. C'est toujours d'en haut que le branle est donné aux événemens qui remuent la société entière; et ce que le bras abat, la pensée l'avoit déjà renversé.

Or l'État en France, obligé, comme on l'a vu, de subir toutes les conséquences du principe démocratique consacré par les lois, n'offre qu'une vaste agrégation d'individus dépourvus de lien; tandis que pour maintenir, sous le nom de liberté, la démocratie des opinions, on proclame, sans aucunes limites, le principe du jugement privé, également destructif de tout lien dans l'ordre spirituel.

C'est là ce qu'il faut considérer, bien plus que les vieilles objections de la philosophie contre le christianisme, pour comprendre quelle est la source de cette opposition violente, de cette haine effrénée dont la religion catholique est aujourd'hui l'objet. Fondée sur l'autorité, elle proscrit tout ensemble et la souveraineté politique du peuple et la souveraineté de la raison, qui n'est que l'indépendance absolue d'un

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