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christianisme rationaliste. On n'a pas assez remarqué l'analogie des principes de Hume en fait de spéculations historiques avec la philosophie de l'histoire de l'école hégélienne. Qu'est-ce que Hégel a donc ajouté à l'Histoire naturelle de la religion? Il a reproduit presque complétement le philosophe d'Edimbourg, comme M. Cousin le philosophe de Berlin. Le génie rationaliste n'est pas si inventif que le croient les ignorans ou bien les dupes. Pourtant il faut être juste, l'esprit allemand, dans les emprunts qu'il a faits aux libres penseurs de l'Angleterre, n'a pas été servilement imitateur. L'incrédulité anglaise avait reculé devant certaines exagérations. On a été moins timide en Allemagne. Hume, en comparaison de Strauss, semble avoir des scrupules. On aperçoit bien évidemment la même tendance historique dans les principes que nous allons citer de l'auteur anglais; mais le professeur de Tubingue est bien plus tranchant et bien plus décidé; le lecteur va juger: « L'esprit philosophique, dit Hume, doit d'autant plus s'abstenir de porter un jugement, que le >> récit est plus extraordinaire, et il ne doit ajouter foi qu'aux >> preuves les plus décisives et les plus incontestables. Nous res>>tons dans le doute et le soupçon à l'égard de tout événement » sur lequel les témoins sont contradictoires, lorsqu'ils ont un » caractère suspect, quand ils ont quelque intérêt à constater ce » qu'ils affirment. » On sait que Strauss va beaucoup plus loin, puisqu'il ne reste pas seulement dans le doute et le soupçon, mais qu'il rejette positivement tout témoignage de cette espèce. Hume dit encore: «quand l'esprit religieux s'allie à l'amour du » merveilleux, c'en est fini de la raison humaine, et dans de >>telles circonstances, le témoignage de l'homme ne mérite plus >> aucun égard, etc. » Avec un tel accord dans les principes, il est facile de voir qu'un livre écrit dix ans plutôt, en vue de la critique de Hume, doit trouver une application frappante à celle de Strauss.

Nous allons essayer de donner une idée de la Vie de Napoléon soumise à un examen critique nous en reproduirons les points de vue les plus intéressans, en les complétant et les actualisant. Le principal défaut de cet écrit, c'est de manquer presque constamment d'applications frappantes et de rester trop souvent dans les généralités.

Dans quelles sources faut-il chercher l'histoire de Napoléon ? Il règne une si grande crédulité dans les masses, qu'elles répètent, pendant des siècles entiers, les légendes les plus fantastiques avec une assurance que rien ne saurait déconcerter. Pourquoi le peuple, qui a répété si long-tems les poèmes carlovingiens, la légende du Saènt-Graax, les histoires de la table ronde, les quatre fils Aymon, n'aurait-il pas dans l'imagination quelque légende napoléonnienne? Les conteurs égyptiens en ont une qui vaut bien celle de Charlemagne. En Europe nous n'avons pas les conteurs de caravanes; faut-il en conclure que l'histoire nous arrive d'une façon plus certaine? Les journalistes sont-ils plus dignes de foi que les historiens populaires du désert? Nous voudrions pouvoir l'assurer. Mais nous sommes trop dégagés de la crédulité vulgaire, trop à la hauteur de l'esprit de notre tems, pour regarder comme de l'histoire les exagérations poétiques payées à tant la ligne, et qui n'ont d'autre but scientifique que de paraliser le désabonnement. Pourtant ce sont-là les principales sources de l'histoire du César des tems modernes !

Il serait curieux de voir écrire dans cinq cents ans l'histoire des dix dernières années, d'après de pareils renseignemens! Il est probable que les auteurs naïfs de ce temps-là chercheront dans les feuilletons du Constitutionnel rédigé par M. Eug. Sue, l'histoire des conspirations des Jésuites au 19° siècle, et que le marquis d'Aigrigny et Rodin feront bien peur à nos arrière-neveux. Il est à croire que dans ce tems-là on fera l'histoire morale de notre époque d'après les feuilletons du Journal des Débats, qu'on sait si grave, si sincère, si bien informé. Les Mystères de Paris et les Mémoires du Diable fourniront aux annalistes de notre époque, les documens les moins mythologiques et les plus dignes de foi. Qui sait? les phénomènes du Constitutionnel, dont le Charivari s'est tant moqué jadis, passeront peut-être alors pour de l'histoire. Je crois bien pour mon compte que ce ne sont pas les faits les moins exacts du Constitutionnel. Qui pourrait oublier cette histoire de la découverte des habitans de la lune, publiée par tous les journaux, en 1835. Je sais un de mes amis qui la tenait pour bien plus assurée que la bataille de Wagram. Pour

1 Napoléon en Egypte, par Barthélemy et Méry.

- Notes.

tant j'affirme que c'est une des plus fortes têtes de mon canton. Pourquoi ne pas raisonner sur Napoléon comme Strauss veut qu'on raisonne sur Jésus? Est-il seulement possible de se faire une idée du caractère de ce grand homme? A-t-il étouffé la révolution, comme le disent quelques-uns (Barbier-Jambes), ou bien en lui, la révolution s'est-elle incarnée pour étendre sa puissance par le glaive (Thiers)? A-t-il été le plus grand des hommes (Norvins), ou le fléau de son tems (Walter-Scott), légitime (Thiers-Consulat), ou bien usurpateur (LamartineMéditations)? Il est clair qu'il est presque impossible de rien décider sur tous ces grands problèmes historiques. Nous nous ferions même fort de trouver dans les mêmes écrivains des portraits de Napoléon qui ne se ressemblent pas du tout1. Il est clair qu'on en disait et qu'on en pensait tout ce qu'on voulait. L'esprit humain tend à donner aux idées un corps et une figure. De même qu'il a incarné en Jésus l'idée de l'humanité considérée dans ses épreuves et dans sa gloire, il a fait de Napoléon le type et l'idéal de ce grand mouvement militaire qui doit rendre à jamais célèbre les commencemens du 19° siècle. L'humanité et la France ne sont certainement pas des rêves: s'en suit-il qu'il faut croire tout ce qu'on raconte de Jésus ou de Napoléon ?

Ce qui caractérise surtout la mythologie dans un récit, c'est que les maladroits conteurs, pour donner à leurs narrations plus de charme et d'intérêt, entassent sans nul discernement les improbabilités les plus choquantes. Il est clair qu'on a modelé la vie de Jésus sur celle des prophètes et des patriarches. En suivant la même méthode d'application, on a réuni dans la vie de l'empereur des Français, toutes les circonstances héroïques qu'on raconte des gands capitaines. Encore, si l'on avait respecté la couleur locale et la vraisemblance! On le fait sacrer par un pape comme au moyen-âge, et cela en plein 19° siècle, au tems de Dupuis et de Volney! Evidemment c'est une copie maladroite de l'histoire de Charlemagne, comme la transfiguration est une copie de l'histoire d'Elie. On dit qu'il rétablit la religion et qu'il fit traîner le pape de brigades en brigades. Tout ce qu'on dit des

1 Voyez Dictionnaire des girouettes.

III SÉRIE. TOME XII.

- N° 68, 1845.

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affaires religieuses de ce tems-là est plein d'impossibilités. On y fait persécuter le pape par le restaurateur du catholicisme, et ce sont les Anglais et les Russes protestans qui lui rendent ses états. Cela vaut les guerres de terre sainte que les romans du moyen-' âge font faire à Charlemagne, et les Sarrasins de ces légendes sont ressemblans comme les protestans de l'histoire du prétendu Napoléon.

Il n'est pas une circonstance de cette vie qui ne vise évidemment au fantastique. C'est une pièce à tiroir dans laquelle on fait tout entrer pour varièr le spectacle. Le drame se passe en Egypte, à Paris, à Moscou, à l'ile d'Elbe, à Sainte-Hélène, dans l'univers entier. On y trouve d'étranges péripéties comme dans les pièces romantiques. Le fugitif d'Egypte tombe à Paris premier consul. L'exilé de l'île d'Elbe vole en quelques jours aux Thuileries, avec quelques soldats, porté sur les ailes de la Victoire, comme un prince des mille et une nuits, sur un cheval enchanté. L'histoire d'Alexandre est cent fois probable en comparaison d'une telle légende. Il est vrai qu'Arrien et Quinte-Curce ne sont nullement d'accord, que l'éloquence des Scythes est contestable; mais qu'est-ce que ces misères-là? Il faudrait en dévorer bien d'autres pour accepter l'histoire du vainqueur d'Austerlitz! D'ailleurs, comment concilier les monumens entre eux! Car on pourrait nous opposer les monumens, par exemple, de prétendus bulletins de la grande armée. Est-ce que nous n'avons pas des actes authentiques, signés Louis XVIII, roi de France et de Navarre, datés du tems où l'on place ces étranges batailles? D'ailleurs, est-ce que les journaux anglais des mêmes années qu'on nous a conservés, ne contestent pas presque tous ces merveilleux événemens? Je suis, pour mon compte, de l'avis du célèbre professeur Kant, qui ne voulait jamais croire à la campagne d'Egypte, parce qu'il la jugeait renfermer des impossibilités trop révoltantes pour une raison éclairée comme la sienne. L'ABBÉ F. EDOUARD.

Traditions Bibliques.

GÉOGRAPHIE HISTORIQUE DE L'ARABIE,

OU

PREUVES PATRIARCHALES DE LA RELIGION RÉVÉLÉE.

Troisième article 1.

Du déchiffrement de la langue Himyarite, la plus ancienne de l'Arabie. - Inscriptions en cette langue, découvertes sur la côte d'Aden. -Monumens Cyclopéens de la race noétique peu après la dispersion.—Traduction des inscriptions d'après un ancien auteur arabe. Traditions antiques; la résurrection, les

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-sept années de famine, Autre rapprochement avec la bible. Autres inscriptions. Travaux des Allemands, diverses découvertes. Preuves en faveur du système de M. Forster. Considérations sur les langues et sur l'alphabet Himyarite.

Ces particularités doivent céder la place à l'examen d'une portion très-frappante de l'ouvrage, laquelle, bien qu'en dehors du plan originel et formant simplement un appendice accidentel, attirera probablement, pensons-nous, une aussi grande attention par la profonde importance de la découverte qu'elle annonce, qu'aucune autre des parties précédentes. Nos lecteurs seront aisément de notre avis quand nous leur ferons connaître que la découverte n'est rien moins que le déchiffrement de l'ancienne langue Himyarite, le plus primitif des deux principaux dialèctes de l'Arabie, qui domina dans l' Yemen, comme le Koreich, père de l'Arabe moderne, dominait dans l'Hedjaz. Cette langue est considérée communément, quoiqu'à tort, selon M. Forster, comme ayant été long-tems hors d'usage, même comme dialecte parlé tout du moins ses restes altérés avaient-ils été long-tems oubliés. On se disait traditionnellement qu'il en existait des inscriptions en ancien caractère, mais persoune ne pouvait les dé

1 Voir le deuxième article au numéro précédent, ci-dessus, page 20.

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