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84 EXAMEN CRITIQUE DE LA LETTRE DE M. L'ABBÉ MARET.

Un mot encore sur le Correspondant. Vous m'attribuez la direction philosophique et théologique de ce recueil; vous me faites beaucoup trop d'honneur. J'apporte ma faible coopération, mon humble part aux travaux des honorables amis qui ont bien voulu m'associer à une œuvre uniquement inspirée par le zèle du bien. En dehors des principes de la foi catholique, sacrés pour tous ses rédacteurs, le Correspondant, étranger à tout parti, à toute école, à tout système, laisse à chacun de ses écrivains la liberté la plus entière de ses opinions, et chacun assume la responsabilité de ce qu'il écrit. C'est par cette sage et large direction que le Correspondant a pu jusqu'ici opérer quelque bien. Rien ne le détournera de sa ligne; et malgré quelques attaques auxquelles il ne devait pas s'attendre, il réalisera, je l'espère, son œuvre de foi, de science et de liberté.

J'attends de votre justice l'insertion de cette lettre dans votre prochain numéro.

H. MARET.

Je vous demande bien pardon de vous avoir attribué le titre de directeur de la partie théologique et philosophique de ce recueil, je m'y étais cru autorisé en voyant votre nom figurer sur le prospectus et sur la couverture comme membre du comité de rédaction; je m'y étais cru autorisé surtout par la lettre à Mgr de Paris, que vous avez signée, et où il était dit que le comité prenait la responsabilité morale de ce recueil; Mgr l'a cru comme moi, car dans sa réponse il cite votre présence dans le comité comme garant de l'orthodoxie de ce recueil1. Quant on accepte l'honneur d'une position, je croyais qu'on devait en accepter les charges; mais je me suis trompé, et vous pouvez être assuré, Monsieur, que dorénavant je ne vous rendrai responsable que des articles qui seront signés de vous.

En finissant, je ne me dispenserai pas de me dire, à cause des égards que je dois, à vous, Monsieur, à mes lecteurs et à moimême,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

A. BONNETTY.

1 Voir les prospectus et les deux lettres dans le Correspondant du 15 juin 1844, t. VI, p. 263 et 364.

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DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.

Numéro 68. Août 1845.

Polémique Catholique.

LE DOCTEUR STRAUSS

ET SES ADVERSAIRES PARODISTES EN ALLEMAGNE.

Quatrième Article 1.

Le tems impuissant à détruire son image gantesque la transformera en un mythe, et un professeur démontrera que Napoléon Bonaparte n'est autre chose que ce Titan qui a dérobé la lumière aux Dieux, et qui a été pour cela exilé sur une roche isolée au milieu de l'Océan.

H. HUME.

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Parodie

à la mort

Portée de la bonne parodie. Peu d'accord avec le génie allemand. ou mythe appliqué au passage des Alpes d'Annibal, par Zander; de Charles-le-Téméraire, par Mussard ; — à la vie de Strauss, par Keyserling; - à la vie de Luther, par Wurm; · à la vie de Napoléon par un anglais. — Comparaison et similitude des principes de Hume et de Strauss.

Nous ne dissimulerons pas que les parodies nous semblent avoir une grande valeur contre certains systèmes et contre certaines idées. Nous ne voulons pas, certes, ramener la discussion frivole du 18° siècle, ni faire dégénérer en épigrammes les grands problèmes de la destinée humaine : ce n'est pas de ces sortes de parodies que nous voulons parler. Mais qui pourrait trouver mauvais qu'on applique les principes d'un système ou qu'on en tire les conséquences? Est-il quelque chose de plus rigoureux et de plus logique qu'une telle méthode ? S'il y a là quelque ironie,

1 Voir le 3o art, au N° précédent ci-dessus, p. 7.

III SÉRIE. TOME XII.

-

n° 68, 1845.

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c'est de cette bonne et douce ironie socratique qu'il n'est jamais interdit d'employer pour la défense du sens commun. Ce n'est pas là certainement ce rire frivole et sans portée, cette plaisanterie sans bonne foi, ce sarcasme effronté que l'école du 18° siècle a pris souvent pour de la science. La parodie telle que nous l'entendons, a cela d'excellent qu'elle fait comprendre aux masses les principes des doctrines qu'on discute, par leurs applications. Il va sans dire que la parodie ne doit jamais dégénérer en charge. La caricature n'est jamais une application d'un principe. Nous croyous devoir citer comme modèle du genre de la parodie, la spirituelle brochure qui a pour titre: Comment Napoléon n'a jamais existé. Une pareille réfutation ne vaut-elle pas tout ce qu'on pourrait dire et faire contre les dix volumes in-8° de l'Origine de tous les cultes? Vos principes sont bons, votre érudition profonde, vos conséquences lumineuses: vous ne trouverez donc pas mauvais que je les applique à un personnage dont l'existence est facilement acceptée du vulgaire ! Eh bien! jugez de votre œuvre, Napoléon, c'est le soleil; sa mère, c'est l'aurore; ses quatre frères, les saisons de l'année; ses douze maréchaux sont les signes du zodiaque, et le reste à l'avenant 1! Nous ne voulons pas déprécier la science des Saint-Martin, des Visconti, des Testa, des Paravet, des Cuvier, des Halma, des Champollion, des Letronne; mais nous croyons que, sans avoir recours à leurs doctes travaux, l'artillerie légère dont nous parlions tout-àl'heure, suffit pour démolir les lourds bataillons de la critique de Dupuis.

L'heureuse application qu'on avait essayée de la parodie aux systèmes du rationaliste français, devait naturellement donner l'envie d'en faire l'essai sur les quatre volumes du D' de Tubingue. Ce genre n'est pas populaire en Allemagne comme en France. La discussion y prend rarement les formes incisives et pénétrantes du bon sens populaire. Quand les allemands veulent imiter la facile aisance du génie français, ils m'ont toujours l'air de zéphyrs en bottes fortes. Voyez, par exemple, M. Henri Heine, l'allemand le plus spirituel que nous connaissions. Nous ne vou

1 Cette excellente parodie a été insérée dans son entier dans le tome xii, p. 216 de nos Annales.

lons pas dire pourtant que les parodies allemandes du système du Dr Strauss, ne renferment pas d'excellentes idées; mais cela manque souvent de légèreté et de grâce. C'est solide et roide comme une dissertation. On y voit facilement que ces bons allemands portent assez mal cette armure toute française. Ils y conservent ce qu'ils peuvent garder de leurs formules savantes : on voit qu'ils ont plutôt en vue leur public théologique que le peuple auquel il faudrait faire comprendre l'état de la question. Nous connaissons une parodie du système de Strauss, composée tout-à-fait dans le génie français. L'espérance que nous avons de la voir publier par son auteur nous empêche d'en parler ici. Ce petit travail nous semble parfaitement démontrer la supériorité de ce que nous appellerons volontiers la façon française sur toutes les méthodes germaniques.

Le travail de Zander sur le passage des Alpes par Annibal, travail qui n'a pas été fait en vue du système de Strauss, nous parait cependant s'y appliquer naturellement. On sait que la principale raison pour laquelle ce théologien conteste la véracité historique des Evangiles, c'est à cause des contradictions prétendues des différens récits apostoliques. Or, le travail de Zander nous apprend qu'il faudrait, d'après un tel principe, supprimer un épisode remarquable dans l'histoire de l'intrépide Carthaginois. Heureuse chose de rayer ainsi d'un trait de plume les mythes de Trébie, de Thrasimène et de Cannes! En effet, en y regardant de près, Polybe et Tite-Live ne méritent aucune confiance sur le fait du passage. Il y a long-temps que Niebuhr a démontré que ce dernier est fort mythique de sa nature. Polybe paraîtrait plus sérieux. C'est un soldat qui n'avait guère d'imagination, et auquel on ne peut pas reprocher d'avoir embelli les légendes des rois de Rome. Malgré cela, ces deux écrivains sont tellement peu d'accord sur les faits les plus essentiels de ce grand événement, qu'il est impossible d'en rien savoir de positif. Il y a certainement dans leurs deux récits des dissonances bien plus choquantes que dans aucun passage des Evangiles. Toutes les ressources des commentateurs se sont usées sans avoir pu résoudre ces désastreuses antilogies. Cela va si loin, qu'il leur est impossible de savoir si c'est le Viso, le Génèvre, le Cenis, les Alpes Juliennes, le petit Saint-Bernard, le grand Saint-Bernard

ou le Simplon, qu'a traversé le grand capitaine. Pourtant on sait que Tite-Live avait consulté toutes les sources contemporaines, et que Polybe, qui traversa les Alpes 35 ans après Annibal, avait pris sur les lieux tous les renseignemens les plus détaillés comme les plus positifs 1.

Je considérerais volontiers comme une bonne parodie du système de Strauss, sur les prétendues contradictions de l'Evangile, les recherches qu'a faites M. E. Mussard, ministre protestant de Genève, sur les circonstances de la mort de Charles-le-Téméraire, tué à la bataille de Nancy :

« Nous avons dans l'histoire moderne, dit le judicieux écrivain, » un exemple non moins saillant de ces divergences qui peuvent » exister en grand nombre sans ébranler pour cela la réalité du >> fait raconté. Il s'agit de la mort de Charles-le-Téméraire. Si l'on >> en croit Loyens, un coup de lance traversa la cuisse et les reins » du duc, et une hache lui fendit la tête jusqu'à la bouche. La >> Marche écrit dans ses Mémoires: Ainsi perdit le duc de Bour>> gogne la troisième bataille, et fut en sa personne atteint, tué >> et occis de coups de masses. Aucuns ont voulu dire que le duc ne mourut pas à cette journée, mais si fit; et fut le comte de >> Chimay pris et mené en Allemagne, et le duc demeura mort au >> champ de bataille et estendu comme le plus pauvre homme du » monde. >> « Commines dit que Charles fut tué dans sa fuite par » des lanciers allemands qui ne le connaissaient pas. D'autres, Du>> clos, par exemple, dans l'Histoire de Louis XI, prétendent que » ce fut par des cavaliers que Campo-Basso avait postés dans ce » dessein. D'autres enfin, tels que Jean de Müller, soutiennent » que ce fut de la main de Campo-Basso lui-même. Il y a plus : >> cette mort sur le champ de bataille de Nancy fut niée; et c'est >> encore une nouvelle contradiction. Nombre d'années après on croyait le duc vivant; on affirmait qu'il s'était échappé de ses ennemis, et qu'il avait juré de faire pénitence de ses fautes >> pendant sept ans. Un ermite propagea cette fable; et comme il >> avait une certaine ressemblance avec Charles, le peuple le prit » pour le duc, jusqu'à ce qu'enfin toute erreur eût été dissipée

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1 Voy. sur ce point Tholuck Glaubw. der ev. geschichte, édit. franç. de M. de Valroger.

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