Sayfadaki görseller
PDF
ePub

LÉON XIII

D'APRÈS SES ENCYCLIQUES

I

-

La règle de la vie chrétienne se trouve dans les encycliques. La société éloignée du Christ doit revenir à lui. L'Église est la gardienne de la doctrine du Christ. Son

[ocr errors]

action en faveur de la civilisation. Sa lutte contre l'esclavage. Son infaillibilité.

<< Ceux qui veulent être des citoyens honnêtes et s'acquitter de leurs devoirs, comme la foi l'exige, trouveront facilement dans nos lettres la règle de l'honnêteté1. » Cette invitation que Léon XIII adressait à la grande République transatlantique, il l'étendait, du haut de la chaire de saint Pierre, non seulement à tous les peuples chrétiens, mais aussi à l'univers entier, à toutes ces âmes créées à l'image de Dieu, dont il est le représentant sur la terre, et auxquelles il doit

1 Lettre aux archevêques et évêques des États-Unis de l'Amérique du Nord (6 janvier 1895).

porter, comme son Maître, la parole de vie et de vérité.

Agé alors de quatre-vingt-cinq ans, après dix-sept années de pontificat, Léon XIII, qui peut se croire arrivé au terme de sa carrière, éprouve comme le besoin d'embrasser les deux mondes, et, «< traversant par le cœur et par la pensée les lointains espaces de l'Océan, » il semble vouloir résumer dans cette encyclique tous ses enseignements passés.

Dès son avènement à la papauté, il a affirmé que la société domestique et la société civile péricliteront, si elles veulent s'affranchir des principes chrétiens; il n'a cessé de le répéter pendant son pontificat, et au soir de sa vie, jetant un regard sur le chemin parcouru, il rappelle aux catholiques que ses encycliques contiennent de nombreux enseignements qu'ils doivent suivre et auxquels ils doivent obéir... << Liberté humaine, principaux devoirs des chrétiens, pouvoir civil, constitution chrétienne des États, nous avons touché à tous ces points dans nos écrits et dans nos discours, nous appuyant sur les principes tirés tant de la doctrine évangélique que de la raison. »

Combien sont rares cependant les catholiques qui connaissent les encycliques de Léon XIII ! combien les discutent, qui ne les ont pas lues! Longtemps même on a été privé en France d'un

recueil des lettres apostoliques; aujourd'hui que ces admirables discours ont été réunis en volumes, peut-on vraiment dire que la lecture en soit répandue dans les cercles religieux?

Là sont pourtant traitées toutes les grandes questions dont l'humanité n'a cessé de s'émouvoir, comme aussi celles qui éveillent plus particulièrement l'attention des temps présents.

Léon XIII a tout abordé : la religion et ses mystères, l'irréligion et le doute, la philosophie dans ses rapports avec la liberté, le progrès, la civilisation, la famille et la propriété, le droit social et ses problèmes concernant la richesse et la pauvreté, la politique en tant qu'elle touche à la source de l'autorité et aux rapports de l'Église et de l'État. Il s'est adressé à tous les peuples pour leur donner les conseils appropriés à leur situation, aux Français, aux Italiens, aux Espagnols, aux Portugais, aux Anglais, aux Allemands, aux Autrichiens, aux Hongrois, aux Ruthènes, aux Bavarois, aux Belges, aux Polonais, aux Arméniens, aux Orientaux, aux Cophtes, au clergé des Indes, aux évêques de Suisse, d'Écosse, des États-Unis, du Canada, du Pérou, du Brésil, du Mexique et de toute l'Amérique latine. Il a voulu appeler à lui dans un même cri d'amour les princes et les peuples. Il a dénoncé la franc-maçonnerie et flétri le duel, il a célébré les saints et prêché aux fidèles la

prière et la dévotion à la Vierge; surtout il n'a cessé de travailler pour l'unité de la foi, et d'inviter les dissidents à se réconcilier avec l'Église catholique.

Telle a été l'œuvre de Léon XIII. C'est par l'étude de ses encycliques qu'on apprend à le connaître et à l'admirer.

A peine est-il élevé au pontificat, qu'il attire l'attention du monde catholique sur « le triste spectacle des maux qui accablent de toutes parts le genre humain ». Cette situation misérable est faite à la société moderne, parce qu'elle s'est éloignée du Christ et de son Église. Une sorte de « peste mortelle » s'est insinuée dans ses membres, et le nouveau Pape affirme le zèle et la sollicitude avec lesquels il travaillera « à défendre et garantir de toutes ses forces l'Église et la dignité du Siège apostolique attaquée par tant de calomnies1».

Désormais, Léon XIII a commencé sa noble mission. Avec une ardeur croissante, il appellera au bercail les brebis de son troupeau. Nul plus que lui n'est inébranlable, lorsqu'il s'agit de défendre l'intégrité des principes; mais nul aussi

1 Inscrutabili.

n'a mieux que lui l'intelligence de son temps; il connaît la mesure où la thèse peut se distinguer de l'hypothèse, et ni les critiques des hommes, ni les passions des partis ne l'arrêteront dans les concessions qu'il croira devoir faire, lorsqu'il s'agit du « bien commun» et de l'intérêt de tous.

S'il est permis de porter un jugement sur les opinions intimes de Léon XIII et d'en chercher l'expression dans ses discours aussi bien que ses actes, on est amené à penser, au risque d'étonner ceux qui n'ont qu'une connaissance superficielle du Pontife, que ses tendances ne l'appelaient pas dans le camp des catholiques libéraux. S'il s'est montré à tant de reprises entraîné vers la démocratie et travaillé par le souci des questions modernes, c'est qu'il a été poussé sur ce terrain par l'aiguillon de sa grande intelligence; c'est qu'il a vu, à la lumière de son expérience et de son amour de l'humanité, ой était le péril et où était le remède.

Il s'est penché sur le monde, comme un père sur le berceau de son enfant. Il a lu sur bien des fronts la souffrance, et il a connu les victimes de l'injustice humaine. Semblable au Christ qui eut pitié des foules, il s'est fait le patron des humbles et des opprimés, et il peut déjà avoir la douceur d'entrevoir que la postérité l'aimera parce qu'il eut compassion des déshérités de la vie.

« ÖncekiDevam »