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ritable assistance de leurs semblables, sont aussi les plus exposés à être trompés par les séductions et les ruses des apôtres du mensonge. Il faut donc leur venir en aide avec une grande habileté et leur ouvrir les rangs d'associations honnêtes pour les empêcher d'être enrôlés dans les mauvaises1».

Ce sujet ne pouvait être laissé de côté dans l'encyclique sur la condition des ouvriers: « Le dernier siècle a détruit, sans rien leur substituer, les corporations anciennes qui étaient pour les travailleurs une protection; tout principe et tout sentiment religieux ont disparu des lois et des institutions publiques, et ainsi, peu à peu, les travailleurs, isolés et sans défense, se sont vus, avec le temps, livrés à la merci de maîtres inhumains et à la cupidité d'une concurrence effrénée.

« ... La première place appartient aux corporations ouvrières, qui en soi embrassent à peu près toutes les œuvres.

«Nos ancêtres éprouvèrent longtemps la bienfaisante influence de ces corporations; car, tandis que les artisans y trouvaient d'inappréciables avantages, les arts, ainsi qu'une foule de monuments le proclament, y puisaient un nouveau lustre et une nouvelle vie. Aujourd'hui, les générations étant plus cultivées, les mœurs plus

1 Humanum genus.

policées, les exigences de la vie quotidienne plus nombreuses, il n'est point douteux qu'il ne faille adapter les corporations à la condition nouvelle. Aussi est-ce avec plaisir que nous voyons se former partout des sociétés de ce genre, soit composées des seuls ouvriers, ou mixtes, réunissant à la fois des ouvriers et des patrons; il est à désirer qu'elles accroissent leur nombre et l'efficacité de leur action...

« Nous nous promettons des corporations les plus heureux fruits, pourvu qu'elles continuent à se développer, et que la prudence préside toujours à leur organisation 1. »

Léon XIII définit le but de l'association « qui consiste dans l'accroissement le plus grand possible des biens du corps, de l'esprit, de la fortune », mais qui doit viser aussi « le perfectionnement moral et religieux ». Il veut que les associations pourvoient « à ce qu'en aucun temps l'ouvrier ne manque de travail..., à ce que la subsistance d'un certain bien-être soit assurée aux faibles. >>

Enfin, dans une autre circonstance, il met en garde les ouvriers contre les erreurs où pourrait les entraîner la formation de ces sociétés : « Assurément, ils ont le droit de s'unir en des associations pour le bien de leurs intérêts :

1 Rerum novarum.

l'Église les favorise et elles sont conformes à la nature. Mais il leur importe vivement de considérer avec qui ils s'associent; car, en recherchant certains avantages, ils pourraient parfois, par là même, mettre en péril des biens beaucoup plus grands... Il faut fuir non seulement les associations ouvertement condamnées par le jugement de l'Église, mais encore celles que l'opinion des hommes sages, principalement des évêques, signale comme suspectes et dangereuses 1. >>

Ainsi s'établira la paix sociale par l'union des patrons et des ouvriers soumis aux préceptes de la religion chrétienne.

« Les patrons ne doivent pas traiter l'ouvrier en esclave. » Ils sont tenus de veiller « aux intérêts spirituels de l'ouvrier... Il leur est défendu d'imposer à leurs subordonnés un travail audessus de leurs forces ou en désaccord avec leur âge ou leur sexe ». Ils ont le devoir « de donner à chacun le salaire qui lui convient. Ils doivent s'interdire religieusement tout acte violent, toute fraude, toute manœuvre usuraire qui serait de nature à porter atteinte à l'épargne du pauvre, d'autant plus que celui-ci est moins apte à se défendre ».

Et voici parallèlement définis les devoirs des

1 Longinqua Oceani.

ouvriers, de tous ces hommes des classes inférieures qui sont, pour la plupart, dans une situation d'infortune et de misère imméritée...

« L'ouvrier doit fournir intégralement et fidèlement tout le travail auquel il s'est engagé par contrat libre et conforme à l'équité; il ne doit point léser son patron, ni dans ses biens ni dans sa personne; ses revendications mêmes doivent être exemptes de violence et ne jamais revêtir la forme de sédition; il doit fuir les hommes pervers qui, dans les discours artificieux, lui suggèrent des espérances exagérées et lui font de grandes promesses qui n'aboutissent qu'à de stériles regrets et à la ruine des fortunes. >>

Outre les devoirs des patrons et des ouvriers, l'État a aussi les siens. La question est délicate à traiter par ceux qui d'autre part combattent le socialisme et ses utopies dangereuses. On peut cependant être adversaire de cette doctrine et reconnaître à l'État certaines obligations.

« Il est dans l'ordre que ni l'individu, ni la famille ne soient absorbés par l'État; il est juste que l'un et l'autre aient la faculté d'agir avec liberté aussi longtemps que cela n'atteint pas le bien général et ne fait injure à personne. Cependant, aux gouvernants il appartient de protéger la communauté et ses parties. Si donc, soit les intérêts généraux, soit l'intérêt d'une classe en particulier se trouvent ou lésés, ou simplement

menacés, et qu'il soit impossible d'y remédier ou d'y obvier autrement, il faudra de toute nécessité recourir à l'autorité publique.

Ainsi, bien que Léon XIII ait eu à cœur de démontrer dans ses discours que le bonheur des sociétés dépend bien plus des mœurs que des lois, il ne va pas jusqu'à déclarer, comme certains, que les lois soient impuissantes à produire le bien. Il dit expressément : « S'il arrive que les ouvriers, abandonnant le travail ou le suspendant par les grèves, menacent la tranquillité publique; que les liens naturels de la famille se relâchent parmi les travailleurs ; qu'on foule aux pieds la religion des ouvriers, en ne leur facilitant point l'accomplissement de leurs devoirs envers Dieu; que la promiscuité des sexes, ou d'autres excitations au vice constituent dans les usines un péril pour la moralité; que les patrons écrasent les travailleurs sous le poids de fardeaux iniques, ou déshonorent en eux la personne humaine par des conditions indignes et dégradantes; qu'ils attentent à leur santé par un travail excessif et hors de proportion avec leur âge et leur sexe; dans tous ces cas, il faut appliquer, en observant certaines limites, la force et l'autorité des lois. Les limites seront déterminées par la fin même qui appelle le secours des lois; c'est-à-dire que celles-ci ne doivent pas s'avancer ni rien entreprendre au

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