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Mais, avant de le suivre avec le Sauveur sur la montagne, voyons-le d'abord dans le temple, entouré des docteurs.

C'est l'habitude de Léon XIII de partir des devoirs des individus pour conclure à ceux des sociétés.

« Regarder vers Dieu et tendre vers lui: telle est la loi suprême de la vie de l'homme... Or ce qui est vrai de l'homme considéré individuellement l'est aussi de la société tant domestique que civile... Une société qui fait profession de ne donner à Dieu aucune place dans l'administration de la chose publique et de ne tenir aucun compte des lois morales, s'écarte d'une façon très coupable de sa fin et des prescriptions de la nature. » Il faut donc « retourner à Dieu et y conformer en tout la vie, les mœurs et les institutions des peuples1 ».

La même vérité est affirmée, développée à plusieurs reprises: « Si la société humaine doit être guérie, elle ne le sera que par le retour à la vie et aux institutions du christianisme?. >>

La vie chrétienne ne s'exerce que dans l'imitation de la vie du Christ, du Christ qui pouvait de bien des façons satisfaire à la justice divine, mais qui a mieux aimé le faire en sacrifiant sa vie dans les plus affreux tourments. Empruntant

1 Sapientiæ christianæ.

2 Rerum novarum.

les paroles de saint Paul aux Galates, le Pontife redit aux fidèles que «< ceux qui sont au Christ ont crucifié leur chair avec ses vices et ses concupiscences », et il ajoute : « Toute la vie chrétienne peut se résumer dans ce devoir capital: ne point céder à la corruption des mœurs du siècle, mais lui opposer une lutte, une résistance constante... L'homme ne peut atteindre les biens immortels d'où il a été déchu qu'en s'efforçant de suivre les traces mêmes du Christ... Chacun doit porter dans son corps les mortifications de Jésus... Sans doute le saint baptême détruit le péché contracté en naissant; mais toutes ces fibres entremêlées et perverses que le péché a enracinées dans l'âme ne sont nullement arrachées... Il faut une lutte de chaque jour pour fuir le vice et accomplir le devoir... Comment sera-t-il magnanime, bienfaisant, miséricordieux, tempérant, celui qui n'aura pas appris à se vaincre lui-même et à faire céder toutes les considérations humaines devant la vertu1? »

Mais qui aura en ce monde la garde de la vertu et de la doctrine, sinon l'Église fondée par le Christ, «< cette chaire de vertu et de justice » qui a pour but «< d'enseigner la religion et de combattre sans relâche l'erreur »? Au milieu des tempêtes présentes, Léon XIII la compare

1 Exeunte jam anno.

«< à cette barque de Génésareth qui, pendant qu'elle portait le Seigneur et ses disciples, était ballottée par la violence des flots et de la tourmente ». Il sait que, pour accomplir sa mission, <«< il est nécessaire qu'elle travaille et qu'elle lutte beaucoup, >> mais il sait aussi « que le Ciel lui enverra les secours appropriés au temps », et il se réconforte dans cette parole de Chrysostome: << Rien n'est comparable à l'Église; combien l'ont attaquée et ne sont plus! »

Les attaques présentes ne sont d'ailleurs que la copie de celles du passé : « C'est une accusation déjà bien ancienne que l'Église est contraire aux intérêts de la société civile et incapable d'assurer les conditions de bien-être et de gloire que réclame à bon droit et par une aspiration naturelle toute société bien constituée. Dès les

premiers siècles de l'Église, nous le savons, les chrétiens ont été inquiétés par suite d'injustes préjugés de cette sorte et exposés à la haine et aux ressentiments, sous prétexte qu'ils étaient les ennemis de l'Empire1. »

<< Mille fois on a entendu ce cri insensé que l'Église avait nui au progrès des esprits, à la civilisation des peuples. » — « On a agité contre 2 les plus grands Papes les torches ardentes de la calomnie. » Aussi Léon XIII ne s'émeut-il pas des

1 Immortale Dei.

2 Sæpenumero considerantes.

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attaques; fortifié par les enseignements de l'histoire, il redit avec saint Augustin à ceux qui prétendent que la doctrine de l'Église est nuisible à la chose publique : « Donnez-nous de tels gouverneurs de provinces, de tels maris, de telles épouses, de tels parents, de tels enfants, de tels maîtres, de tels serviteurs, de tels rois, de tels juges tributaires enfin, et des percepteurs du fisc tels que les veut la doctrine chrétienne. »

Il ne se contente pas d'esquisser la grande mission de l'Église; il veut aussi protester, au nom de l'histoire et de la science, contre ce reproche qui lui est sans cesse adressé d'entraver la marche de la civilisation.

« C'est la gloire des Pontifes romains, de s'être toujours et sans relâche opposés comme un mur et un rempart à ce que la société humaine retombât dans la superstition et l'antique barbarie1. » Après la chute de l'Empire romain, l'histoire trouva son seul refuge dans les monastères où les clercs la cultivèrent.

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L'Église accueillera toujours volontiers et avec joie tout ce qui contribuera à élargir la sphère des sciences, et ainsi qu'elle l'a toujours fait pour les autres sciences, elle favorisera et encouragera celles qui ont pour objet l'étude de la nature2. » Par ses apôtres, ne porte-t-elle pas la civili

1 Inscrutabili.

2 Immortale Dei.

sation jusqu'aux extrémités du monde? « L'œuvre des missions a pour objet direct la gloire du nom de Dieu, et l'extension du règne de Jésus-Christ sur la terre elle est aussi un bienfait inappréciable pour ceux qui sont tirés de la fange des vices et des ombres de la mort; car, non seulement ils deviennent aptes au salut éternel, mais ils sont amenés de la barbarie et d'un état de mœurs sauvages à la plénitude de la civilisation1. >>

D'autre part, on ne saurait oublier la lutte constante de l'Église contre l'esclavage. «< N'estce pas elle qui, faisant disparaître la calamité de l'esclavage, a rappelé les hommes à la dignité de leur très noble nature2? »

L'histoire des temps anciens nous montre un lamentable spectacle; jusqu'à l'époque du divin Rédempteur, le genre humain, suivant la parole de Lucain, «< ne vit que pour le petit nombre. » Que faisaient alors les philosophes? « Ils déclaraient que la servitude n'est autre chose que la condition nécessaire de la nature, et ils n'ont pas rougi d'enseigner que la race des esclaves cède de beaucoup en faculté intellectuelle et en beauté corporelle à la race des hommes libres... La foule des mortels était opprimée par cette profonde abjection,... lorsqu'une admirable lumière res

1 Sancta Dei civitas.

2 Inscrutabili.

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