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reste d'esclavage, et l'individualisme obligatoire comme un principe de liberté. On ne réfléchissait pas que ce prétendu esclavage contenait du moins un élément de protection en faveur des membres du corps privilégié, et que, s'il était bon d'abolir le monopole, il était mauvais et injuste d'interdire la libre association de métiers. C'est parce que le travail purement industriel, à l'exclusion de toute orga-. nisation professionnelle, a coïncidé historiquement avec la transformation de l'industrie, que l'ouvrier. a pu être exploité d'une façon plus dure et plus tyrannique après qu'avant la Déclaration des droits. de l'homme. Son assujettissement forcé au labeur continu par la violation générale du dimanche a été l'un des signes de cet esclavage nouveau et, en même temps, l'une des causes qui l'ont aggravé. La lutte pour l'existence n'a plus été adoucie par l'institution protectrice du repos hebdomadaire. L'usure plus rapide de ses forces physiques a mis l'ouvrier plus complètement à la merci des détenteurs du capital. En attendant les nécessaires et difficiles réformes que tout le monde souhaite et qu'il est si malaisé de préciser, le retour universel au respect du dimanche serait à lui seul un pas immense dans la voie de l'affranchissement du prolétaire.

NOTE 40.-V. 6e CONFÉRENCE, PAGE 186.

En nous servant ici des expressions juste effort, juste salaire, nous empruntons le langage tradi

tionnel de la théologie morale, langage remis en honneur avec tant d'éclat par le Souverain Pontife Léon XIII dans la célèbre Encyclique Rerum novarum sur la Condition des ouvriers. Les théoriciens de l'économie libérale avaient émis la prétention de régler tous les rapports d'intérêt entre les hommes par l'harmonie naturelle résultant du conflit des égoïsmes. Ainsi, le prix d'une marchandise se déduisait uniquement, à leurs yeux, de l'accord qui s'établit plus ou moins librement entre le vendeur et l'acheteur. Et, le travail n'étant pour eux qu'une marchandise comme un autre, l'équilibre de l'offre et de la demande leur semblait suffire à l'équitable détermination du salaire. Ils ne tenaient pas compte en ceci des circonstances si fréquentes où le consentement du plus faible lui est arraché par la crainte de manquer de tout s'il n'accepte pas ce qui est trop peu. Déjà, à propos de la vente, les théologiens moralistes avaient protesté contre cette théorie, et opposé au principe insuffisant du débat entre acheteur et vendeur le principe plus large du juste prix. Il est vrai que, dans leur manière de défendre ce principe, l'insuffisance de leurs connaissances économiques les entraînait à des erreurs dans la difficile question de la valeur et fournissait à leurs adversaires l'occasion de faciles triomphes. Cependant, ils avaient raison quant au fond, comme nous aurons occasion de le voir plus tard en étudiant les questions de justice. Il suit de là que si même le travail de l'homme n'était qu'une simple marchandise, la loi de l'offre et de la de

mande ne suffirait pas à en fixer le juste prix. Mais, en outre, la personne humaine a une valeur irréductible, d'ordre moral et transcendant, qui résiste à certains abaissements de salaire que le simple mécanisme économique semblerait justifier. Nous avons fait remarquer dans la Conférence que l'égoïsme ou l'intérêt bien entendu inspire au maître à l'égard de ses esclaves, au propriétaire à l'égard même de ses animaux domestiques, certains ménagements qui ont pour mesure la somme d'efforts au delà de laquelle l'instrument animé se détériore et sa valeur se déprécie. Or, il est manifeste que, dans bien des cas, l'ouvrier libre n'obtiendra pas de celui qui l'emploie cette même mesure de ménagement, parce que, s'il s'use et dépérit sous l'excès de labeur, n'étant pas la chose du patron, il ne périra pas au prẻjudice de celui-ci, comme aurait fait l'esclave ou la brute, res perit domino. 11 périra pour son propre compte, comme celui qui s'appartient; et d'autres, plus jeunes et plus forts, se trouveront pour le remplacer. C'est ce qui arrivera toutes les fois que l'offre du travail dépassera la demande. N'est-ce pas la preuve évidente que la loi de l'offre et de la demande, si elle est seule appliquée, méconnaît la valeur intrinsèque de la personne humaine, puisqu'elle fait à l'ouvrier libre, en certains cas assez fréquents, une condition pire que celle de l'esclave ou de l'animal domestique?

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Dans l'Encyclique Rerum novarum, où il devait prendre si hautement en main la cause des prolétaires, le pape Léon XIII a commencé par séparer nettement l'enseignement catholique des théories décevantes du socialisme égalitaire. On ne trouve pas dans les brillantes expositions des économistes une réfutation plus lumineuse de ces chimériques utopies qui vont jusqu'à contester la légitimité de la propriété et de l'héritage, même en ligne directe, ni une démonstration plus décisive du droit des propriétaires, droit dont la méconnaissance tarirait la source de la production et tournerait au préjudice de l'ouvrier lui-même, en l'empêchant de s'élever jamais au-dessus de sa condition ou de préparer à ses enfants un sort meilleur que le sien. Le prétendu antagonisme du capital et du travail y est justement signalé comme un sophisme, puisque le capital n'est que du travail accumulé. Mais ce n'est là qu'un côté de la question, le côté avantageux aux détenteurs du capital. En affirmant leur droit, l'Église n'a garde d'omettre l'affirmation de leurs devoirs, et c'est là que son enseignement se sépare de celui de l'école purement économique. De ce que le prix du travail peut être légitimement accumulé, il ne s'ensuit pas que toute accumulation de bénéfice soit légitime.

1. Thiers, De la propriété; Bastiat, Harmonies économiques, etc., etc.

Le droit à l'épargne rencontre pour limite le devoir de rémunérer équitablement le travail d'autrui et d'appeler les hommes, qui sont les instruments du gain, au partage de la richesse qu'ils produisent.

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Le prêtre, que son ministère met en contact avec les âmes, découvre parfois chez les plus humbles une hauteur de vues et de sentiments qui dépasse singulièrement ce qu'on pouvait attendre de leur culture naturelle. J'ai connu moi-même de simples. femmes de la campagne, incapables d'écrire une lettre, mais dont la conversation sur les choses de Dieu, de l'âme, de la vie humaine, atteignait au sublime et aurait fait envie aux maîtres de la doctrine. Elles n'avaient pas eu d'autre initiation que celle de la foi et de l'amour. Supposez qu'elles eussent grandi au sein d'une société déchristianisée, comme celle qu'on nous prépare, leur esprit n'aurait jamais connu ces ascensions et serait demeuré dans les basses régions où se meut la pensée de leurs pareils. Sans monter si haut, le commun des hommes, dans un milieu encore pénétré des habitudes chrétiennes, atteint, par la force même de l'initiation religieuse, un niveau très supérieur à celui que semblait tracer pour eux l'éducation rudimentaire qu'ils ont reçue. Or la condition essentielle de cette formation qui élève, c'est l'affranchissement périodique du labeur manuel et l'emploi religieux du loisir. Le

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