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Si Richard Simon fut assez heureux pour échapper, dans les circonstances auxquelles on se reporte, aux censures de la Sorbonne, il est quelqu'un qui n'imitera point les sages maîtres et n'abdiquera jamais « ses privilèges exégétiques » ; c'est l'Église. Et elle s'opposera toujours, à l'existence dans son sein, d'une critique autonome, indépendante de sa dogmatique. En réalité, Richard Simon s'est brisé, non point contre le génie de Bossuet, mais contre le décret du Concile de Trente: Præterea ad coercenda petulantia ingenia, decernit sancta synodus ut nemo suæ prudentiæ innixus, in rebus fidei et morum ad ædificationem doctrinæ pertinentium, Sacram Scripturam ad suos sensus contorquens, contra eum sensum quem tenuit et tenet sancta mater Ecclesia, cujus est judicare de vero sensu et interpretatione Scripturarum Sacrarum,etc. Vainement on essaiera, après le puissant initiateur qu'était Richard Simon, de reconstituer parmi nous

plus énergique que ses horizons sont volontairement plus étroits. » M. Margival a beau dépenser ensuite toutes les ressources de son ingénieuse et souple dialectique pour montrer, aux défenseurs de l'autorité de la tradition, tout le profit qu'ils peuvent tirer contre le Protestantisme d'une méthode critique qui ruine l'autorité de la lettre de l'Écriture; ils lui répondront, à bon droit, que Richard Simon, après avoir ruiné l'Écriture par la tradition, ruine la tradition par l'Écriture, en renversant de fond en comble l'autorité de l'une et de l'autre. (A. Sabatier, Revue chrétienne, 1er mars 1900, pp. 392, 393.)

Bossuet n'a pas dit autre chose et si c'est à bon droit, comme le reconnaît M. Sabatier lui-même, toute la thèse de M. l'abbé Margival est renversée. Quoiqu'il en soit, M. l'abbé Margival fera bien de se méfier des cajoleries et des avances de l'auteur de l'Esquisse d'une philosophie.

une critique autonome, ne reconnaissant d'autres lois que celles de la grammaire et de la philologie. Cette entreprise se heurtera toujours aux mêmes difficultés et aboutira aux mêmes avortements et aux mêmes échecs.

III

L'AUTHENTICITÉ DU PENTATEUQUE DIEU, L'AME

Tout le monde connaît les discussions longues et répétées qui se sont engagées dernièrement sur l'authenticité du Pentateuque. Cette question immense et complexe touche à toute l'économie de la Bible et soulève les plus graves problèmes. Une nouvelle école a voulu séparer ce qu'elle appelle le côté littéraire de cette question, ou bien, encore, l'unité rédactionnelle, tout ce qui concerne l'auteur, la composition et même la datation du Pantateuque, de son historicité proprement dite et des éléments qu'elle comporte, y compris la véracité de ses récits. Il semble bien que l'Encyclique est d'un avis tout contraire et ne sépare point l'authenticité de la véracité elle-même. Elle considère que cette véracité, ébranlée en même temps que l'authenticité, prise dans le sens habituel de ce mot, entraînerait la ruine de l'inspiration et du

caractère surnaturel de l'œuvre mosaïque. Je serais désolé de faire dire au document pontifical plus qu'il ne contient et je ne me sens aucune mission pour m'en constituer l'interprète, mais il faut bien cependant l'appliquer à quelque chose et même essayer de tout juger à sa lumière. N'est-il pas surprenant que certaines revues continuent de parler de la question, absolument comme si cette Encyclique n'existait pas ? Il me semble, malgré tout, que l'authenticité des livres mosaïques ne peut plus être considérée de tout point comme auparavant, et que bon gré, mal gré, avant d'adopter telles conclusions de l'exégèse protestante, on sera amené à nous démontrer, avec plus de soin, que ces conclusions n'entament point la véracité des textes bibliques.

Parmi les questions exégétiques récemment débattues, à laquelle peut s'appliquer, aussi bien qu'à celle de l'authenticité mosaïque du Pantateuque, le passage suivant de l'encyclique du 8 septembre? Les professeurs des grands séminaires mettront leurs disciples spécialement en garde contre des tendances inquiétantes qui cherchent à s'introduire dans l'interprétation de la Bible et qui, si elles venaient à prévaloir, ne tarderaient pas à en ruiner l'inspiration et le caractère surnaturel. Sous le spécieux prétexte d'enlever aux adversaires de la parole révélée l'usage d'arguments qui semblaient irrefutables contre l'authenticité et la véracité des livres saints, des écrivains catholiques ont cru très habile de

prendre ces arguments à leur compte. En vertu de cette étrange et périlleuse tactique, ils ont travaillé, de leurs propres mains, à faire des brèches dans les murailles de la cité qu'ils avaient mission de défendre. Dans notre Encyclique précitée, Providentissimus Deus, ainsi que dans un autre document, nous avons fait justice de ces dangereuses témérités. Tout en encourageant nos exégètes à se tenir au courant des progrès de la critique, nous avons fortement maintenu les principes sanctionnés en cette matière par l'autorité traditionnelle des Pères et des Conciles, et renouvelés jusqu'à nos jours par le Concile de Trente. »

On aurait tort de croire que les infiltrations de la critique protestante, au sein de nos sciences ecclésiastiques, n'ont fait qu'en modifier l'esprit général chez quelques-uns, et susciter cette question très grave, mais générale elle aussi, de l'authenticité du Pentateuque. Des dogmes particuliers et tout à fait fondamentaux ; Dieu, l'âme, son immortalité, les peines et les récompenses éternelles, l'idée messianique, la valeur démonstrative de nos évangiles relativement à la divinité de Notre-Seigneur et d'autres encore y sont plus ou moins intéressés. « Le kantisme, écrivait naguère un catholique « très écouté (1), a répandu dans les esprits cette «< conviction qu'il ne saurait y avoir démonstration « des objets métaphysiques Dieu et l'âme sans

(1) La Quinzaine, 1er janvier 1897. G. Fonsegrive.

<< doute. La vérité métaphysique n'est que l'ordre «< cohérent de nos plus hautes pensées; elle peut <«< bien nous fournir l'idée de Dieu, mais non pas <«< nous faire atteindre l'être de Dieu, nous don«< ner un Dieu idéal, mais non un Dieu réel. La rai<< son est que nos pensées ne sauraient sortir d'elles<«< mêmes et nous faire atteindre quoi que ce soit hors « de nous. Pas plus que dans l'ordre physique nous << ne pouvons sauter hors des limites de notre «< corps, nous ne pouvons dans l'ordre moral sauter << hors des limites de notre esprit »... « Le fonde<< ment de la vérité ne peut être extérieur à l'acte de <«< la pensée. L'esprit doit toujours être reconnu supérieur à la vérité qu'il conçoit (1). »

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« Sur l'immortalité de l'âme, un autre savant «< catholique s'exprimait en ces termes : « Je crois « vraiment que l'on fait d'inutiles efforts, lorsqu'on << essaie de prouver, par l'analyse ontologique de << nos phénomènes intérieurs, que l'âme humaine <«< peut survivre à la dissolution de son corps. Je «< crois du moins qu'aussi longtemps que la psycho«<logie n'aura pas réalisé d'autres progrès, une telle << méthode n'a pas de chances d'aboutir à des conclu«<sions décisives. Sans doute on démontre bien, par <«< une série d'observations accompagnées de déduc<< tions, et l'activité du sujet pensant, et son indi<< visible unité, et sa permanence à travers le flux

(1) Esquisse d'une apologie philosophique du Christianisme, p. 331.

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