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On pourrait, ce me semble, résumer toute cette brillante et ingénieuse exposition en quelques mots, beaucoup plus simples, beaucoup moins poétiques: Il est vrai, avouent équivalemment les partisans de la nouvelle exégèse, ce n'est point Jésus en personne qui a prononcé les discours du quatrième évangile; mais c'est son Esprit lui-même qui les a dictés, cet Esprit qu'il avait promis à ses apôtres dans le discours après la Cène et qui, d'après sa promesse, devait leur enseigner toute vérité. Et dès lors les révélations dogmatiques, contenues dans ces hoy de saint Jean, ne gardent-elles pas leur double caractère de certitude et de divinité.

Je ferai d'abord observer que, dans toute cette argumentation, on n'a oublié qu'une chose, c'est que, à l'avance, ses auteurs eux-mêmes en ont ruiné la base. Et en effet, cette promesse de l'Esprit qui enseignera toute vérité est précisément contenue dans l'un de ces discours dont on nie l'authenticité. Moins qu'aucun autre, ce discours peut être attribué au Sauveur, car il est, surtout dans les pas

apercevait derrière ce membre de la Synagogue : Si terrena dixi vobis. Tout cela me semble très lié et très naturel. J'admire la sagacité littéraire qui découvre « un tour très hébraïque et un style imagé rappelant les synoptiques » dans les trois versets que l'on veut bien laisser à Nicodème. Quant à la ressemblance entre les explications abstraites (?) et le Prologue, on pourrait dire entre les discours du Sauveur et toute l'œuvre johannique y compris les Epîtres, ne s'explique-t-elle pas tout naturellement? Le disciple imitait le Maître d'aussi près que possible. Le but qu'il poursuivait le voulait ainsi; les Epitres reproduisent à leur manière les enseignements du Sauveur; le Prologue les résume.

sages auxquels on se réfère, le plus métaphysique de tous. Le doux Maître des Synoptiques, l'auteur des charmantes paraboles que tout le monde admire, n'est pour rien dans ces savantes dissertations sur l'Esprit qui reçoit, j'allais dire, qui procède du Père et du Fils. Tout cela est bien trop métaphysique et porte trop la couleur johannique, pour ne pas dater, tout au plus, de la fin du premier siècle. Nous sommes, ici comme partout en présence d'une interprétation mystique de saint Jean, au lieu d'être en face d'une affirmation positive de Jésus. Et ce n'est pas la même chose, ou plutôt cela ressemble singulièrement à un cercle vicieux, puisqu'on appuie toutes les interprétations mystiques de l'Apôtre sur l'une d'entre elles (1).

Une seconde observation s'impose à l'attention de l'exégète; elle est relative au sens que la nouvelle

(1) Les protestants prétendent discerner, avec assez d'exactitude, dans le passage en question, ce qui est de Jean et ce qui est de Jésus, Jésus, dans les Synoptiques, a promis d'être avec les disciples jusqu'à la fin du monde; c'est son esprit qui y sera, comme l'esprit d'un fondateur d'école se perpétue dans cette école même. Jean est l'inventeur de tout le reste la personnalité divine de l'Esprit, sa cohabitation avec les apôtres, etc.

(Voir Reuss. Histoire de la théologie au siècle apostolique << tome 11, livre vi, p. 529. »)

Mais tout en prenant dans le sens catholique les passages allégués, j'élèverais au nom même de ce sens catholique, une autre difficulté contre M. Desprez Ce dernier n'admet point, tout l'indique, la doctrine traditionnelle qui attribue à saint Jean le quatrième évangile. Nous avons tout lieu de croire que, à son jugement, le rédacteur définitif du quatrième évangile c'est ou le presbytre Jean dont il prend la défense contre le P. Knabenbauer, ou un disciple de l'école johannique d'Éphèse. Et dès lors, comment faire bénéficier ce rédacteur inconnu de

école donne aux passages allégués et extraits des chap. xiv, xv et xvi de saint Jean.

Grâce à Dieu, nous, catholiques, nous ne sommes point abandonnés à nous-même et à notre sens privé, pour en découvrir la signification et la portée. Ce discours a reçu, depuis longtemps, son interprétation des Pères et des premiers docteurs euxmêmes. L'Église a sa manière de le comprendre; quel sens a-t-elle donné à ce verset, de tous le plus explicite... Ille (Paracletus) vos docebit omnia et suggeret vobis omnia quæcumque dixero vobis, ou bien encore à ces autres paroles: docebit omnem veritatem? Les Pères et les docteurs y ont-ils lu que l'enseignement du Maître était si incomplet et si embryonnaire, que les trois quarts de la substance doctrinale, constitutive de la Révélation, étaient encore à trouver quand il quitta ses apôtres, que cela constituait ces choses que ceux-ci n'étaient pas encore en état de porter: Non potestis portare modo, et qu'il en a ajourné la révélation jusqu'à la fin du Ier siècle - et enfin que saint Jean serait le véritable auteur de cette seconde révélation, beaucoup plus considérable que l'autre. La première, celle du Christ, ne contenait guère que des faits bruts et inexpliqués ;

la promesse faite aux seuls apôtres; Suggeret vobis omnia quæcumque DIXERO vobis? Cet inconnu n'aurait point entendu les discours du Christ et c'est bien là une première difficulté. Et enfin jusqu'où veut-on étendre la promesse de l'inspiration apostolique? A quelles personnes et à quels objets s'appliquera-t-elle ? Que de difficultés que, sans doute, on n'a point considérées d'assez près!

la seconde, celle de saint Jean, contient tout ce qu'il y a de plus haut dans notre dogmatique. Que l'on veuille bien remarquer, par exemple, les coupures pratiquées tout à l'heure dans la conversation avec Nicodème. Les versets 6 et 8 et toute la fin du discour's, du verset 11 au verset 21, doivent être attribués à saint Jean. Le reste appartient au Sauveur; mais ce reste se borne à la mention de la renaissance baptismale, à peu près telle que nous la lisons dans les Synoptiques.

Si, comme nous l'a dit M. Desprez, ce discours du III chapitre est la leçon du baptême, c'est saint Jean qui en a donné à l'Église la meilleure partie. On se le rappelle: il en a été ainsi pour la leçon de l'Eucharistie, notamment pour ce qui est rapporté de la foi, créée par l'attraction du Père qui prédestine les élus, ceux qui viennent réellement au Sauveur. Ces notions si élevées n'appartiennent nullement à Jésus, comme l'indiquent les références de M. Loisy; c'est à saint Jean que nous les devons.

Les Pères et les docteurs des premiers siècles, les théologiens du moyen âge, nos exégètes du dix-septième siècle, Bossuet en tête, en d'autres termes, la tradition catholique tout entière a-t-elle attribué à saint Jean une part aussi considérable dans l'économie de la Révélation, en vertu des textes allégués docebit omnia, docebit omnem veritatem? Et lorsque M. Desprez, dans les pages très brillantes qui terminent son article, nous exhorte à suivre les Pères et la tradition de l'Église, afin de mieux péné

trer les sens allégoriques que peut contenir et que contient certainement le quatrième Évangile, sens allégoriques que nous ne prétendons nullement révoquer en doute; ne sommes-nous pas en droit de penser que ces belles exhortations ne sont qu'une sorte de rideau, étendu là pour masquer son exégèse destructive sur des points beaucoup plus essentiels?

Reste une dernière difficulté, la plus grande de toutes, que l'on évite avec soin de serrer de près, à laquelle on ne répond que par des allégations sans portée. Et la voici: Comment cet Esprit de vérité qui devait enseigner toutes choses et qui a inspiré à saint Jean son quatrième évangile, a-t-il pu prendre à sa charge les inexactitudes que l'on découvre dans les récits historiques, et les faussetés manifestes de ces discours où Notre-Seigneur est censé distribuer autour de lui des leçons qui ne sont jamais tombées de ses lèvres? En d'autres termes, comment concilier avec l'inspiration divine à laquelle on fait appel, la véracité des textes ainsi entendus, ou plutôt l'absence quasi régulière et habituelle de véracité? (1)

(1) Nota (3o édition): Ceux qui ont lu avec quelque attention le livre de M. Loisy: l'Evangile et l'Eglise, remarqueront qu'il est presque tout entier en germe dans l'article que nous venons de critiquer. Notre intention est de reprendre bientôt cette réfutation et de poursuivre M. Loisy dans tous les développements qu'il a donnés à sa pensée.

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