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<« de la vie. Mais essaie-t-on de dépasser cette « sphère et de s'enfoncer plus avant, c'est le mystère, le décevant mystère qui commence (1). » Pour remplacer les démonstrations, réputées caduques, de l'ancienne métaphysique, des esprits ingénieux ont créé un système d'apologétique nouvelle qu'ils appellent la méthode d'immanence. Il n'entre point dans notre plan de l'apprécier. Voici ce qu'en pense l'auteur de l'Encyclique: « Nous ré<< prouvons de nouveau ces doctrines qui n'ont de << la vraie philosophie que le nom, et qui, ébranlant « la base même du savoir humain, conduisent logiquement au scepticisme universel et à l'irréligion. Ce nous est une profonde douleur d'apprendre que, depuis quelques années, des catholiques ont cru pouvoir se mettre à la remorque << d'une philosophie qui, sous le spécieux prétexte << d'affranchir la raison humaine de toute idée pré«< conçue et de toute illusion, lui dénie le droit de «rien affirmer au-delà de ses propres opérations, << sacrifiant ainsi à un subjectivisme radical toutes « les certitudes que la métaphysique traditionnelle, « consacrée par l'autorité des plus vigoureux esprits, << donnait comme nécessaires et inébranlables fon« dements à la démonstration de l'existence de « Dieu, de la spiritualité et de l'immortalité de « l'âme et de la réalité objective du monde extérieur. « Il est profondément regrettable que ce scepti

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(1) Revue du clergé français, 10 décembre 1898, p. 77.

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<< cisme doctrinal, d'importation étrangère et d'origine protestante, ait pu être accueilli avec tant de « faveur dans un pays justement célèbre par son << amour pour la clarté des idées et pour celle du langage. Nous savons, vénérables frères, à quel << point vous partagez là-dessus nos justes préoc«< cupations et Nous comptons que vous redouble<< rez de sollicitude et de vigilance, pour écarter « de l'enseignement de vos Séminaires cette falla«< cieuse et dangereuse doctrine. >>

IV

L'IMMORTALITÉ DE L'AME ET LE MESSIANISME

Pour comble d'infortune, au moment même où sombrait ainsi la démonstration philosophique de Dieu et de l'âme, nous apprenions que la Bible ne contient rien de précis et de net sur cette même vérité de l'immatérialité et de l'immortalité de l'âme et sur les vérités connexes, l'idée de rétribution après la mort, les peines et les récompenses. éternelles, si ce n'est toutefois dans ses derniers livres rédigés à une basse époque, après la captivité de Babylone ou bien peu auparavant (1). Les textes de la Genèse, surtout le second récit de la

(1) Revue biblique, 1er avril 1898. La doctrine de l'immortalité, p. 207 et suiv. Abbé Touzard.

création de l'homme, qui semblent marquer d'une façon si expressive la distinction essentielle du corps et de l'âme, du corps formé de la terre, de l'âme procédant du souffle de Dieu, ces textes doivent recevoir désormais, paraît-il, une interprétation très différente de celle que leur donnait naguère encore M. Vigouroux. De plus, puisqu'on se proposait de «< suivre le développement du dogme chrétien de l'immortalité : 1° dans l'Ancien Testament; 2° dans le Nouveau », pourquoi donc n'avoir pas fait mention de cette révélation primitive dont les traditionalistes ont bien pu abuser, mais qu'il ne faut pas supprimer pour ce motif? Nous souscrivons entièrement à ces paroles du savant directeur de la Revue biblique: « Ce n'est pas qu'on ne trouve dans beaucoup de commentateurs d'étranges exagérations sur la science d'Adam, ou d'inimaginables conjectures sur ce qui serait arrivé s'il n'avait pas péché. Mais ce n'est pas là l'enseignement de l'Église. Ce qu'elle nous demande de croire est vraiment enseigné par l'auteur de la Genèse. Assurément la théologie du péché et de la grâce, de la nature pure, de la nature intègre, de la nature déchue, les spéculations de saint Augustin, et de tant d'autres, ne sont pas explicitement développées dans ces chapitres; mais dire qu'ils ne renferment pas un caractère dogmatique profond, c'est s'arrêter à la surface simple et populaire (1). »

(1) Revue biblique, 1 juillet 1897, l'innocence et le péché, p. 362. R. P. Lagrange.

Prenons en ce qu'il a de plus strict cet enseignement de l'Église, contenu aussi dans la Genèse, sur le point qui nous occupe. Le Concile de Trente dit que le premier homme, avant la transgression du commandement divin, avait été constitué dans un état de sainteté et de justice qu'il eut le malheur de perdre par sa transgression elle-même. Il est difficile de se persuader que cet état de sainteté et de justice, ou comme nous disons, cette élévation à l'ordre surnaturel ne comportait pas la connaissance distincte de l'âme, de son immortalité et même les notions connexes des peines et des récompenses. On l'avoue, « ce que l'Église nous demande de croire a été réellement enseigné par la Genèse. » Pourquoi donc l'auteur du développement de la doctrine de l'immortalité ne nous l'a-t-il pas déclaré en tête de son article? Tout y serait devenu plus lumineux et plus vrai. La déchéance eût expliqué les obscurcissements dont les Hébreux et l'humanité tout entière eurent tant de peine à sortir.

En négligeant de donner aux premières pages de la Genèse, dont l'interprétation dogmatique a été fixée par l'Église, toute leur signification et toute leur portée, on s'expose à faire croire que la religion est le résultat d'une évolution naturelle. Si les Hébreux ne sont parvenus que grâce aux circonstances malheureuses qu'ils ont traversées, à dégager à force de réflexions provoquées par leurs infortunes nationales, les notions de l'immortalité

et des rétributions futures, peines et récompenses, beaucoup seront portés à attribuer le même processus à l'idée de Dieu, de son unité et autres attributs essentiels, qui n'apparaît guère plus clairement dans la Genèse que la distinction de l'âme et du corps. La thèse du rationalisme biblique sur le polythéisme des Hébreux leur paraîtra plus acceptable qu'auparavant (1).

Ce n'est point évidemment que nous accusions le savant auteur de l'article sur la Doctrine de l'immortalité, de porter directement atteinte au dogme de la révélation primitive et à tout ce qu'il renferme d'essentiel. Le reproche que l'on peut formuler contre sa thèse, c'est qu'elle en fasse abstraction et qu'elle fausse ainsi le point de vue catholique sur l'origine de la religion elle-même. Nous trouvons à cette manière de procéder un inconvénient tres réel.

L'idée messianique subit une déviation analogue, au sein de la nouvelle école exégétique. Avant elle, lorsque l'on traitait du Messianisme, on avait bien soin de chercher ses premières racines dans le dogme de la déchéance. La promesse de la réhabilitation pour l'humanité n'était-elle pas déjà contenue dans ces paroles adressées au serpent tentateur: Inimicitias ponam inter te et mulierem, et

(1) Le polythéisme des Hébreux est soutenu par presque tous les protestants libéraux et rationalistes. Il y a quelques années la Revue de l'histoire des religions prétendit le démontrer dans une série d'articles. M. Goblet d'Alviella a écrit sur ce thème un lourd volume intitulé l'Idée de Dieu.

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