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le baptême au sein de l'Église ou chez les hérétiques; 4° à tous ceux qui auront reçu le baptême ou la communion soit chez les catholiques, soit chez les hérétiques; 5° enfin, à tous les damnés à cause des prières des saints.

Voici ce qui, d'après vous, était cru si universellement au sein de l'Église du cinquième siècle, qu'il ne restait presque plus personne à professer notre foi actuelle, la vraie foi catholique à l'éternité des peines de l'enfer même pour les chrétiens.

Avez-vous refléchi, monsieur l'abbé, aux négations implicitement contenues dans l'erreur des miséricordieux, décrite par vous-même; à l'état doctrinal qu'elle révélerait au sein de l'Église, si elle y avait eu la quasi-universalité que vous lui prêtez? Si en effet, au sein de l'Église du cinquième siècle, presque tout le monde, quamplurimi (1), accordait le salut définitif aux hérésiarques, aux hérétiques et aux schismatiques, c'est que l'Église elle-même n'avait point encore l'idée doctrinale de son Unité et de l'obligation de lui appartenir pour assurer son sort éternel. Et cependant, Ignace d'Antioche avait écrit, depuis longtemps, ses épîtres et Cyprien, son traité de De unitate Ecclesiæ. Si presque tout le monde, QUAMPLURIMI, au sein de l'Église du cinquième siècle, accordait le salut à

(1) Ce mot quamplurimi fait allusion à un texte de saint Augustin sur lequel avait prétendu s'appuyer M. Turmel, mais en le tronquant par la suppression de quatre mots limitatifs du sens de quamplurimi.

tous les catholiques, même aux plus criminels, décédés dans l'impénitence finale, si bien qu'il ne se trouvait presque plus personne à croire que les récompenses éternelles étaient réservées à la vertu, c'est que l'Église elle-même n'avait encore ni l'idée exacte de la loi morale et de sa force obligatoire; ni l'idée du péché, de sa nature et de ses suites; ni l'idée de la vie surnaturelle, de ses conditions d'existence ici-bas et de ses relations avec la vie d'outre-tombe.

Sa dogmatique sur tous ces points essentiels était à créer; à peine s'il en existait quelques linéaments mêlés à une foule d'erreurs : c'était le plus hideux amalgame qui se puisse imaginer.

Voilà, monsieur l'abbé, ce qui m'apparut, dès le premier instant, inclus dans votre affirmation, et ce qui dicta la note dont vous avez été si vivement froissé.

Une question ultérieure devait nécessairement surgir dans mon esprit : Mais, me disais-je, M. Turmel étend-il cet état d'anarchie doctrinale, de chaos dogmatique, aux premiers siècles de l'Église ? Ou bien le limite-t-il au quatrième et au cinquième siècles, à la période d'extension de l'hérésie miséricordieuse ? C'est pour ce motif, monsieur, que je vous interrogeai sur le sens que vous donniez aux textes évangéliques, et sur les premiers écrivains ecclésiastiques, en un mot sur la situation doctrinale des trois premiers siècles.

Bien que votre réponse soit loin d'être franche et

explicite, je crains bien que, en dépit de toutes vos réticences, elle n'en dise déjà beaucoup trop. Vous vous obstinez à ne souffler mot des témoignages scripturaires; apparemment qu'ils ne sont rien pour vous dans la question présente. Mais vous vous expliquez sur quelques-uns des Pères et écrivains apostoliques. Le texte de saint Clément, rapporté par saint Jean Damascène, n'a pas la moindre autorité à vos yeux. Minucius Félix ne parle que des damnés du paganisme et est, d'après vous, un type avancé de l'hérésie miséricordieuse. Il en est de même de Lactance et de saint Justin. Ainsi, dans les siècles primitifs, on ne trouve pas un seul témoignage sur l'éternité des peines, pour les catholiques criminels, pour les hérésiarques, les hérétiques et les schismatiques. La dogmatique révélée a été, depuis l'origine jusqu'à Augustin, dans l'état où vous nous l'avez décrite au cinquième siècle. Si vous aviez rencontré en effet, chez les autres Pères, un passage affirmant l'éternité des peines pour les chrétiens, je ne puis croire que le parti pris vous eût déterminé à nous le cacher.

Ce qui me confirme dans cette appréciation, c'est ce que vous nous dites sur la nature des arguments dirigés par saint Augustin contre les miséricordieux. Vous tenez beaucoup à ce que l'illustre docteur ne les ait jamais combattus au nom de la foi, à l'exception de ceux qui promettaient le salut au diable et aux démons. Quant aux autres nuances de l'erreur miséricordieuse, elles étaient alors opi

nions libres, et les opinions opposées, celles de saint Augustin, étaient simplement probables. Vous terminez par cette observation, sur laquelle il me faudra revenir. Ainsi, opinion simplement probable, celle qui, au cinquième siècle, damnait les hérétiques, les schismatiques et les hérésiarques eux-mêmes.

Si cela était, j'avoue que les protestants d'aujourd'hui posséderaient une conception beaucoup plus juste de l'Église primitive que les catholiques, et ils n'auraient pas tant tort de revendiquer, pour leurs différentes sectes, le double droit de se considérer comme autant de branches de l'Église ellemême, et de promettre le salut à leurs propres partisans. Telle a été, nous avez-vous dit, la doctrine tolérée pendant cinq siècles. Pourquoi n'y pas revenir? Les miséricordieux, qui promettaient le salut aux païens, ne différaient guère non plus de ces protestants libéraux qui, à en croire M. BonetMaury, formaient la majorité au congrès de Chicago, et travaillaient à l'avènement de la religion sans dogme, religion toute d'amour, « la religion du Père » qui sauve tous ses enfants. C'est là, d'après eux, la religion de l'avenir destinée à s'établir sur toutes les ruines confessionnelles. Cette religion de l'avenir était déjà celle de la catégorie des miséricordieux, que vous ne vous êtes pas obstiné à défendre, il est vrai, au nom des Pères et Docteurs du cinquième siècle et des siècles antérieurs.

Voilà, dans toute son ampleur, la question que vous avez soulevée; elle remue plus de passions et est propre à favoriser plus d'aspirations malfaisantes que vous ne l'aviez cru. Voyons à la lumière de quels principes nous devons l'étudier, si nous voulons la résoudre.

II

PRINCIPES ÉLÉMENTAIRES D'EXÉGÈSE CATHOLIQUE

Ce n'est pas à vous, monsieur, qu'il est nécessaire de rappeler que la dogmatique révélée a été tout entière écrite, si je puis dire, dans la conscience de l'Église, avant même d'avoir été consignée dans le Nouveau Testament. Le livre sacré a été rédigé pour l'Église et, en un certain sens, par elle, sous l'inspiration de son Esprit, afin de lui servir de moyen pour la conservation de la révélation elle-même. Dans cette dogmatique se trouvait évidemment la vérité qui nous occupe; elle y était, ainsi que je l'ai fait observer, non pas comme une vérité secondaire et inaperçue, comme une conclusion encore cachée, mais comme un dogme fondamental, très explicitement révélé par le Christ. C'est le Christ en personne qui avait confié

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