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semen tuum et semen ipsius; ipsa conteret caput tuum et tu insidiaberis calcaneo ejus (Genèse, III, 15). Bien des prophéties devaient expliquer, le long des siècles, ce que ces paroles avaient de mystérieux. Les promesses faites aux patriarches Abraham, Isaac et Jacob, s'y rapportent; c'est en leur semence et par un de leurs rejetons, que devaient être accomplis le rachat et la régénération déjà plus distinctement entrevus. Cette régénération, au lieu d'être exclusivement judaïque et nationale, aura un caractère universaliste, précisément parce que l'espoir qui en a été donné remonte au berceau même du genre humain. Tel était le point de vue traditionnel de l'exégèse ancienne, celle d'il y a quinze

ans.

Ce point de vue s'est modifié. Lorsque l'on parle du Messianisme, on laisse presque toujours dans l'ombre les parties les plus anciennes de son histoire, pour le dater seulement des prophètes. On nous explique que son développement est dû, lui aussi, aux malheurs d'Israël, à cette succession quasi ininterrompue de revers qui ravivaient, au lieu de l'éteindre, l'espoir d'un relèvement final. Ce n'est pas que j'aie la prétention de nier la vérité partielle de ce point de vue, ni la très réelle action des événements mentionnés sur le développement du Messianisme. Mais j'aimerais que l'on nous montrât aussi, dans ce développement, la part attribuable aux interventions positives de Dieu, à l'inspiration des prophètes qu'il suscite et qui ne

font que ranimer des sentiments anciens dans la conscience d'Israël. Je me demande si l'on ne s'éloigne pas un peu de la conception traditionnelle et catholique du Messianisme pour adopter, sans assez de réserves, des observations partiellement exactes de la critique protestante.

N'est-ce point là, du reste, l'une des conséquences quasi nécessaires de l'inauthenticité mosaïque du Pentateuque, acceptée par la nouvelle école. Si les Prophètes doivent être comptés parmi les plus anciens rédacteurs des livres bibliques, n'est-il pas juste qu'on les interroge les premiers sur le Messianisme? Et que vaut, sur ce point, le témoignage d'une Genèse rédigée à une époque très tardive, peut-être au sixième siècle avant Jésus-Christ, pour témoigner des faits primitifs concernant l'espèce humaine? L'auteur de l'article sur la Doctrine de l'immortalité l'a senti lui-même. « Les livres bibliques, nous dit-il, ne sont pas datés et à l'heure qu'il est, la détermination des époques de leur composition donne lieu à des contradictions très vives. Comment, dès lors, suivre le développement dogmatique d'une idée juive dans l'Ancien Testament (1)? » J'ajoute : Comment saisir surtout l'origine des idées les plus essentielles de la religion révélée Dieu, l'immortalité, la chute et ses conséquences, le Messianisme ou l'espoir de la réhabilitation, si le document qui nous renseigne sur tout

(1) Revue biblique, 1er avril 1808, p. 208.

cela remonte tout au plus à quelques siècles avant Jésus-Christ? Et si nous manquons ainsi de renseignements autorisés par leur antiquité au moins relative, sur l'origine de ces idées, comment sera-t-il possible d'en suivre les développements à travers les siècles?

V

LE PROBLÈME SYNOPTIQUE ET LA QUESTION JOHANNINE

On le voit, les infiltrations de l'exégèse protestante de l'Ancien Testament dans des œuvres catholiques, notamment sur l'inauthenticité mosaïque du Pentateuque, ont eu leur contre-coup sur certaines questions purement dogmatiques qui, si elles n'en sont point absolument compromises, deviennent cependant plus difficiles. Ces difficultés reparaissent sous d'autres formes, lorsqu'il s'agit du Nouveau Testament lui-même et notamment de nos quatre Évangiles.

Deux problèmes ont été agités tour à tour sur ce sujet, le problème des synoptiques et, comme l'on dit, la question Johannine.

On s'est demandé dans quelles relations de dépendance se trouvaient les premiers Evangiles, en d'autres termes, dans quel ordre ils avaient été ré

digés et dans quelle mesure le second avait emprunté au premier et le troisième aux deux autres. On a dépensé, à cette recherche, beaucoup d'efforts et une très grande sagacité. Assez longtemps, il a été admis, par le plus grand nombre, que Marc avait précédé les deux autres. On semblait croire cependant, sur un texte de Papias, qu'un recueil des oyi du Sauveur avait été rédigé tout d'abord par saint Mathieu lui-même, avant la publication de Marc, et que ce recueil de discours forma plus tard le noyau de notre saint Mathieu actuel.

La question Johannine porte principalement sur l'authenticité des discours du quatrième Evangile. On avait depuis longtemps remarqué les dissemblances incontestables qui existent entre ces discours et ceux des trois synoptiques. Chez les synoptiques, Notre-Seigneur a un enseignement plus simple et presque tout parabolique, qui renferme surtout des préceptes moraux; dans le quatrième évangile, les λoyià du Sauveur ont une sorte de teinte métaphysique et gnostique. La consubstantialité du Verbe avec le Père, on serait tenté de dire sa génération et la procession du Saint-Esprit, y sont mises en lumière; surtout dans le Prologue et le discours après la cêne.

L'ancienne exégèse reconnaissait ces dissemblances et les expliquait par la multiplicité même des enseignements du Sauveur. Le Christ avait dit et fait tant de choses, qu'au témoignage de saint Jean, il eût fallu, si l'on avait voulu tout rapporter,

écrire des livres à remplir lemonde. Et de plus il a enseigné en tant de circonstances si diverses, devant des auditeurs si différents par leurs dispositions et même par leur culture intellectuelle. Les synoptiques ont saisi, pour l'ordinaire, les côtés simples de son enseignement, les paraboles, les faits toujours si pleins de leçons et de doctrines. Je dis pour l'ordinaire, car le côté élevé, dogmatique et même métaphysique, n'est point absent de ces discours qui, recueillis par saint Mathieu, forment le premier noyau de la catéchèse évangélique. Je n'en voudrais pour preuve que le discours consigné au chapitre x1, 25-27, où se lit la notion métaphysique du Verbe, égal à son père par la connaissance et, par suite, de nature identique, consubstantiel à ce Père lui-même. Cette notion métaphysique est reprise et développée dans quatre chapitres de saint Jean (VI, 46; VII, 28; VIII, 19; X, 15). Il est permis de dire que le germe des discours du quatrième Evangile et de toute la métaphysique qu'ils contiennent est en saint Mathieu.

L'ancienne exégèse tirait cette conclusion, c'est que Notre-Seigneur a réellement tenu et prononcé les discours rapportés, et dans les synoptiques et dans le quatrième Evangile. La raison de leurs dissemblances doit être attribuée au choix qu'ont fait, dans son enseignement si varié de forme et de fond, les rédacteurs des Evangiles, d'après les besoins de leur public, les circonstances au milieu

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