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reille à la nôtre, ni dans le sens d'une éminence qui l'élèverait bien au-dessus de nous, mais en le laissant toutefois à distance quasi infinie de son père. Il s'est dit Fils de Dieu dans le sens propre et naturel, impliquant l'identité de nature, de connaissance, de perfections, etc. Avec le Père il partage la toute-puissance, législative, judiciaire; il revendique au même titre que le Père nos adorations, notre foi, notre espérance, notre amour, notre culte, en un mot; le baptême doit être administré en son nom comme au nom du Père et du SaintEsprit. Cent références l'établiraient au besoin; ces idées remplissent presque toutes les pages des synoptiques. Tout cela révèle manifestement l'égalité avec le Père, l'identité de nature, la divinité dans le sens propre et naturel du mot. Sans doute le dogme n'est point exprimé, si ce n'est assez rarement, dans le langage du quatrième évangile; mais l'idée est bien la même et il est inexact de dire que « le caractère métaphysique de la filiation divine peut être à peine soupçonné ».

Que l'on prenne par exemple l'interrogatoire subi par le Sauveur au tribunal de Caïphe. Le prince des prêtres lui adresse ces paroles : « Adjuro te per Deum vivum ut dicas nobis si tu es Christus Filius Dei (1) ». Je doute que ce juif entendit, à ce moment, dans le sens vague d'une adoption si élevée qu'elle fût, la Filiation que s'attribuait le Sauveur

(1) Math., xxvI, 63, 64.

et qui était la vraie cause du procès. En tout cas, le Sauveur précise assez la nature de cette Filiation : Dicit illi Jesus: Tu dixisti. Verumtamen dico vobis, amodo videbitis Filium hominis sedentem à dextris virtutis Dei et venientem in nubibus cœli. C'est le pouvoir et le droit de juger le monde que le Christ s'attribue, parce qu'il est Fils de Dieu dans le sens naturel du mot. Et si l'on voulait absolument l'expression métaphysique de l'égalité avec le Père, que l'on cherche au chapitre xi du même saint Mathieu, et que l'on se rappelle ici le commentaire abrégé que j'en ai fait plus haut.

C'est bien ainsi, du reste, que les Saints Pères et les théologiens catholiques ont toujours compris les nombreux textes des synoptiques qui témoignent de la Filiation divine du Sauveur, de telle sorte qu'on est autorisé à faire ici l'application du décret de Trente: Nemo suæ prudentiæ innixus in rebus fidei... Sacram Scripturam ad suos sensus contorquens, contra eum sensum quem tenuit et tenet sancta Mater Ecclesia... etc.

Si la théorie que l'on propose sur la valeur démonstrative des Synoptiques, eu égard à la Filiation divine du Sauveur, était vraie, il s'ensuivrait une conclusion bien étonnante: On devrait concéder, ce me semble, que l'Église primitive, dont la Foi est exprimée dans les Synoptiques, ne connaissait point encore son dogme fondamental « dont le caractère se laissait à peine soupçonner. » Il aurait fallu attendre saint Jean, c'est-à-dire la fin du pre

mier siècle, pour entrer réellement en possession de ce dogme. Et qu'on ne parle point d'élucidations comparées à celles que les Conciles et le progrès doctrinal devaient apporter plus tard aux dogmes essentiels eux-mêmes: Trinité, incarnation, etc. II s'agit du concept essentiel du dogme, si bien que les Synoptiques, et la tradition tout à fait primitive qu'ils représentent, n'auraient connu en Jésus qu'un homme divinisé, un Fils d'adoption. En d'autres termes Jésus-Christ, à leurs yeux, n'était pas vraiment Dieu. Ou s'il l'était, comment n'ont-ils pas réussi, sous l'inspiration de l'Esprit divin, à le dire d'une façon au moins assez explicite pour que l'Eglise qu'ils enseignaient ait pu le comprendre? Ce sont là des questions dont la critique la plus indépendante doit nécessairement tenir compte.

VII

VALEUR DÉMONSTRATIVE DU QUATRIÈME ÉVANGILE

Il est permis de se demander encore si la position prise par cette critique en face de la question johannine, n'est pas propre à affaiblir la valeur démonstrative du quatrième évangile lui-même. La question johannine ainsi considérée, implique deux difficultés d'ordre doctrinal concernant: 1° l'inau

thenticité des discours du Sauveur; 2° l'exacle et rigoureuse véracité de la partie narrative et historique de saint Jean. Je me permettrai une simple. remarque sur chacune d'elles, afin d'en faire saisir la portée, telle que je crois l'apercevoir.

Les λoyà de saint Jean seraient l'interprétation mystique de la pensée du divin Maître, la traduction très fidèle, très exacte, de son dogme non encore suffisamment exprimé dans les Synoptiques. Le motif allégué pour faire accepter ce point de vue nouveau est très ingénieusement trouvé. Je l'ai dit, c'est l'étendue, le sens profond et insondable, des promesses du Christ, aux chapitres xvie et XVII de saint Jean l'Esprit une fois venu leur annoncerait toute vérité, car il ne parlerait point de lui-même... « Ille me clarificabit, quia de meo accipiet et annuntiabit vobis. » L'inspiration ici promise est vraiment sans limite et, dès lors, faut-il s'étonner que les λoyià du quatrième évangile en aient été le produit, au lieu d'être sortis textuellement ou peu près de la bouche du Sauveur? A-t-on réfléchi que ces promesses, dont je ne conteste nullement l'étendue, sont exprimées dans l'un de ces discours les plus métaphysiques que Notre-Seigneur n'aurait point tenus, d'après la théorie; si bien que l'on ébranle, par le fait même, la base sur laquelle tout repose et que l'on semble ensuite tourner dans un cercle vicieux ?

Mais c'est la partie historique du quatrième évangile qui est surtout atteinte. Les faits racontés ou

plus ou moins brièvement rappelés sont amenés là, je le reconnais, pour servir de cadre aux discours eux-mêmes et pour les confirmer. L'auteur a certainement en vue un but apologétique, auquel tout le reste se rapporte; c'est la démonstration de la divinité du Sauveur, de sa génération éternelle ou de sa préexistence, comme disent les protestants, de sa consubstantialité avec le Père, comme l'a défini le Concile de Nicée. J'accepterai tout ce que l'on voudra dire sur le caractère symbolique des faits miraculeux ou autres, pourvu qu'on les reconnaisse réels et que l'on n'entame par la véracité du récit.

Voici saint Jean qui raconte ou plutôt qui résume une discussion du Sauveur avec les pharisiens et les Scribes, discussion au milieu de laquelle se place, peut-être à contre-teinps, l'épisode de la femme adultère. Cette discussion se clôt par l'un des discours, brièvement résumé sans doute, mais des plus métaphysiques, sur son identité de nature avec le Père. Saint Jean ajoute : HÆC VERBA locutus est Jesus in gazophylacio, docens in templo, et nemo apprehendit eum quia necdum venerat hora ejus. Mais non, reprend la théorie de l'inauthenticité, ce ne sont point précisément ces paroles, hæc verba, que dit le Sauveur, mais quelque chose qui en était le germe et les contenait d'une façon implicite. Ce n'est que bien plus tard que saint Jean aperçut, dans le germe, cette identité de nature qui est le dogme catholique de l'Incarnation. »

Jusqu'à ce que l'Église ait prononcé sur la jus

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