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ce chapitre, on est contraint de reconnaître que la dogmatique proprement dite y est intéressée. En remuant ainsi le sol scripturaire et patristique, on a mis à nu toutes les racines de cette dogmatique, et peut-être en a-t-on légèrement froissé quelquesunes. Est-ce un moyen bien sûr de solidifier l'arbre divin, que de le déchausser de cette façon ?

Oh! sans doute les intentions sont excellentes et absolument hors de cause, comme les personnes elles-mêmes qui nous inspirent le plus profond respect. Mais il serait inutile de rêver, de nos jours, une science ésotérique, réservée à un petit nombre d'érudits, et étrangère au grand public. Bon gré, mal gré, ce public s'emparera au moins des conclusions générales de cette science et les exagérera même, si surtout elles favorisent le rationalisme qui est la maladie de ce siècle. Les esprits peu équilibrés, et ils sont nombreux, iront bien plus loin que des professeurs savants et circonspects qui s'arrêtent sitôt que la pente devient glissante. La jeunesse cléricale de nos grands séminaires, alors même qu'elle est sérieuse et animée, elle aussi, d'excellentes intentions, est très friande de nouveautés qu'elle prend toujours pour des progrès. Rien n'est propre à la séduire, comme cette sorte d'impartialité scientifique qui se fait une loi de se dégager, on nous l'a dit, de tout préjugé dogmatique. Cela peut nous mener bien loin, et n'est-ce pas ce que le souverain Pontife a voulu prévenir?

De tous les rationalismes, le pire est bien celui qui se glisse dans l'étude des sciences religieuses, pour les pervertir et en fausser le sens; on n'en guérit pas; c'est là vraiment le péché contre le Saint-Esprit. Voilà pourquoi les facultés de théologie protestante sont des officines d'incrédulité; presque tous les jeunes gens qui les fréquentent y perdent les débris de croyances surnaturelles qu'ils possédaient en y entrant.

Nous ne sommes certes point menacés d'un pareil malheur. Toutefois le souffle empesté du rationalisme n'a-t-il point déjà passé sur nous et produit dans nos rangs quelques ravages? La réponse à cette question est contenue dans l'Encyclique du 8 septembre 1899.

CHAPITRE DEUXIÈME

Explications contradictoires.

I

LETTRE DU R. P. LAGRANGE AU R. P. FONTAINE

Mon Révérend Père,

Vous avez fait une part à la Revue biblique dans votre article intitulé: Les infiltrations protestantes et les Sciences ecclésiastiques d'après l'Encyclique du 8 septembre 1899 (1). (La Science Catholique, 15 décembre 1899). Il est vrai que deux fois la Revue biblique est citée avec honneur et je vous en remercie, mais deux fois aussi, quoi qu'avec beaucoup d'égards et de mesure, elle est mise en opposition avec ce que vous considérez comme les enseignements de l'Encyclique; c'est sur ce dernier

(1) C'est le chapitre précédent.

point que j'aurais à vous donner certaines explications que je voudrais faire aussi courtoises que vos suggestions...

Vous signalez l'article de M. Touzard sur le développement de la doctrine de l'immortalité. (Revue biblique, 1er avril 1898.)

Le R. P. Durand a commencé la controverse contre lui par des textes (1): C'est la bonne manière. Peut-être M. Touzard lui répondra-t-il. Quant à vos objections vous les résumez ainsi : « Ce n'est point évidemment que nous accusions le savant auteur... de porter directement atteinte au dogme de la révélation primitive et à tout ce qu'il renferme d'essentiel. Le reproche que l'on peut formuler contre sa thèse, c'est qu'elle en fasse abstraction et qu'elle fausse ainsi le point de vue catholique sur l'origine de la religion elle-même ». Et vous me faites l'honneur de me citer pour me mettre en opposition avec le savant Sulpicien. Mais vous n'avez pu placer le dogme de l'immortalité dans la révélation primitive que par une conséquence très logique, je l'avoue, mais qui n'est plus de l'exégèse... domaine dont M. Touzard ne voulait apparemment pas sortir. Cet exemple me paraît très suggestif. Vous dites: « Il est difficile de se persuader que cet état de sainteté et de justice, ou comme nous disons, cette élévation à l'ordre surnaturel, ne comportait pas la connais

(1) Études, nov. 1899.

sance distincte de l'âme, de son immortalité, et même les notions annexes des peines et des récompenses. »

C'est très bien raisonné, mais ce n'est pas dit. Et il me semble qu'ici une franche explication ferait beaucoup pour l'entente cordiale entre les théologiens des différentes spécialités. Le théologien scolastique possède les vérités catholiques à l'état de terme; l'exégète se fait un point d'honneur de ne mêler aucun de ses concepts, fût-il vrai, fût-il de foi, à ce que dit son texte : C'est le pur sens du texte qu'il cherche à extraire des mots. Il ne faudrait pas qu'on s'imagine que l'exégète nie tout ce qu'il ne voit pas dans l'Écriture, surtout lorsqu'il s'agit de l'Ancien Testament, alors que rien n'est mieux fondé en théologie que le progrès dans la lumière jusqu'au Christ. Et voilà pourquoi il est bien facile de répondre à ce que vous objectez touchant la transformation du Messianisme. Parlez-vous le langage de la théologie claire et précise, lorsque vous dites: « Ce n'est pas que j'aie la prétention de nier la vérité partielle de ce point de vue... mais j'aimerais que l'on nous montrât aussi... je me demande si l'on ne s'éloigne pas un peu de la conception traditionnelle et catholique du Messianisme pour adopter, sans assez de réserves, des observations partiellement exactes de la critique protestante. » Et voilà ce que vous intitulez des infiltrations protestantes! C'est par charité sans doute que vous employez ces ménagements. Eh bien !

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