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Nicodème. M. Loisy distingue, dans la rédaction de cette parabole, trois moments successifs (1) qui sont en rapport avec le développement de la pensée traditionnelle. « Une première rédaction orale, ou écrite, contenait la parabole du Semeur sans son explication. » Cette explication que les Évangélistes prêtent à Notre Seigneur est « une note de théologie prédestinatienne » qui représente le travail fait sur cette parabole à la suite de la réprobation des Juifs.

Si M. Pierre Batiffol a eu raison en marquant, dans l'entretien avec Nicodème, ce qui est du Christ et ce qui est de saint Jean, comment prouver à M. Loisy qu'il a tort en distinguant, dans la parabole du Semeur, ce qui est du Christ et ce qui est des rédacteurs des Synoptiques?

Et si je le constate ici, ce n'est point pour exercer des représailles, ni pour être désagréable à Mgr Batiffol, mais c'est pour montrer que, dans notre exégèse française du Nouveau Testament, la brèche redoutable entre toutes, celle qui a permis ou plutôt déterminé l'invasion du rationalisme biblique, c'est précisément la théorie sur l'inauthenticité des discours du quatrième évangile. Elle a obscurci et même ébranlé, dans beaucoup d'esprits, la notion vraie de l'inspiration.

(1) Études Evangeliques, pp. 77 et suiv.

Je me fais un devoir de noter ici que Mgr Batiffol, au lieu de suivre M. Loisy jusqu'au bout de ses égarements, l'a très énergiquement combattu tout récemment dans un article de son bulletin (1), fort juste au fond, peut-être un peu dur de forme, vu surtout leur ancienne confraternité d'idées. Il me plaît d'en citer les dernières lignes : « Le catholicisme, s'il accepte ce dogme nouveau, le dernier, le dogme du développement ainsi conçu, rejoindra la foi sans croyances de Sabatier, le « Undogmatisches Christentum » de Dreyer, et mieux encore, et, pour cause, l'agnosticisme spencérien de Caird. »

Tout cela est très vrai, mais le dogme nouveau, celui du développement ainsi conçu n'était-il pas déjà dans la distinction « entre les deux manifestations de la personne du Sauveur, » l'une historique, l'autre mystique, manifestations que l'on disait « n'être point contemporaines (2). » La première déchirure est là, et c'est à cet endroit qu'il faut recoudre.

Ce n'est pas que nous méconnaissions une véritable évolution dogmatique, dont le Nouveau Testament porte lui-même la trace. Mais le concept que nous nous en faisons n'exclut point la rigoureus

(1) Janvier 1903.

(1) Six leçons sur l'Évangile, pp. 125 et suiv.

authenticité des discours du quatrième Évangile, et respecte pleinement la notion généralement admise de l'inspiration scripturaire.

Nous l'exposerons, si Dieu nous prête vie, dans un travail de critique positive, complément exégétique de celui que nous présentons aujourd'hui pour la troisième fois à nos lecteurs.

Versailles, 20 février 1903.

PRÉFACE

DE LA PREMIÈRE ÉDITION

Le titre de ce volume ne signifie pas du tout que le clergé français, pris dans son ensemble, ait été envahi ni même soit menacé par les infiltrations protestantes. Il veut dire au contraire qu'il appartient au clergé français tout entier d'apprécier et de juger ces infiltrations. C'est devant le tribunal de l'opinion ecclésiastique qu'il faut instruire ce procès dont l'issue ne sera utile qu'autant quelle sera pacificatrice. Et pour cela il faut encore que la sentence rendue ne touche, autant que possible, que les idées et les théories qui sont en cause, et non des écrivains dont le talent est, chez la plupart, aussi réel que les intentions ont été excellentes.

Les infiltrations dont il est question dans cet ouvrage sont dues surtout aux circonstances dans lesquelles s'est produit, parmi nous, depuis vingt ans, le mouvement régénérateur des études ecclésiastiques. Les initiateurs auxquels nous le devons ont été tout naturellement amenés à se rendre compte des travaux exégétiques et critiques qui s'étaient élaborés, depuis plus d'un siècle, au sein de ces universités protestantes d'Allemagne et d'Angleterre, précieusement conservées, tandis que les établissements similaires sombraient, chez nous et chez les autres peuples de race latine, au milieu de nos commotions révolutionnaires. Aujourd'hui comme hier, nos érudits et nos savants doivent emprunter à la science allemande non seulement ses procédés et ses méthodes, mais aussi les résultats acceptables de ses patientes investigations. Faut-il beaucoup s'étonner qu'ils lui aient emprunté, en même temps, quelques-unes de ses idées directrices et de ses doctrines ? Le contraire devrait nous surprendre.

Voilà l'origine du mal; il est réel, nous le croyons du moins; nous avons tous intérêt à le bien constater, mais aussi à ne pas l'exagérer. Le mouvement d'étude que j'ai appelé régénérateur, si on le prend, lui aussi, dans son ensemble, s'est maintenu

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