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penser; cependant le langage de ses disciples nous inspire des inquiétudes. N'est-ce pas M. l'abbé Bricout qui écrit dans la Revue du clergé français (1er février, p. 526): « A peine est-il besoin de noter que M. l'abbé Loisy n'est pas accusé d'hérésie dans la condamnation archiépiscopale, mais que son livre est simplement réprouvé, comme troublant gravement la foi des fidèles. La question de fond semble y être réservée. »

Un autre, plus franc d'allures que M. l'abbé Bricout, n'avait-il pas déjà écrit : « La question en effet (en dehors des préoccupations administratives) n'est pas de savoir si le livre de M. Loisy ou de n'importe qui, est de nature à troubler la foi des fidèles (elle est troublée par bien d'autres choses officielles, reconnues, approuvées, estampillées et encouragées), la question est de savoir si, pour défendre la sainte Écriture, le dogme, le culte, il est permis de répliquer aux rationalistes dans la seule langue qu'ils comprennent et avec le seul genre d'arguments qu'ils admettent; la question est de savoir si le système qui consiste à exposer le développement du Christianisme en dehors de toute préoccupation et de toute donnée dogmatique et en rédigeant un simple livre d'histoire, est légitime ou s'il ne l'est pas. Si le système est légitime (et c'est à Rome à nous édifier là-dessus), il

faudra l'admettre avec toutes ses conséquences, dont la première sera l'obligation de l'étudier, afin de pouvoir désormais le comprendre ou au moins éviter d'en être scandalisé. »

N'y a-t-il pas quelque chose d'étrange dans cette manière d'infirmer la sentence de l'archevêque de Paris, confirmée par je ne sais combien de ses collègues dans l'épiscopat (le cardinal Perraud, l'archevêque de Cambrai, les évêques de Perpignan ̧ Belley, Nancy, etc.) qui tous ont bien prétendu prononcer, non point sur la forme et les procédé s de composition, mais sur le fond même du livre. A la vérité, ils n'en ont point extrait les principales propositions répréhensibles, en infligeant à chacune la note théologique qui lui convient. Mais, d'après les termes de la sentence, c'est bien la nature du livre qui atteint nos croyances sur l'autorité des Écritures et de la tradition, sur la divinité de Jésus-Christ, sur sa science infaillible, sur la rédemption opérée par sa mort, sur sa résurrection, sur l'Eucharistie, sur l'institution divine du Souverain Pontificat et de l'épiscopat >>

Et de plus, voici Rome mise en demeure de se prononcer (à elle de nous édifier là-dessus); les évêques n'y suffisent plus, paraît-il. En dépit des promesses d'obéissance au Pape, ces dispositions ne présagent nullement la fin prochaine des erre

ments combattus dans les Infiltrations protestantes (tome I) et dans les Infiltrations kantiennes et protestantes (Études complémentaires).

Mentionnerons-nous ici, non pas les réfutations, - il ne s'en est produit aucune, -- mais les récriminations provoquées par cet ouvrage? Il le faut bien puisqu'elles menacent de s'éterniser et recommencent à tout propos et hors de propos, au moins de la part de quelques-uns. Jamais critique fut-elle moins objective par exemple, que celle de Mgr Batiffol qui, au lieu de discuter les thèses fondamentales de ces deux volumes, s'en prend persévéramment à l'auteur, qu'il a fini par qualifier d'entrepreneur de calomnies, d'esprit excessif, inexact, brouillon, dangereux, etc. (1). »

Mais d'où viennent donc les ressouvenirs amers qui semblent troubler ainsi la sérénité du jugement, qui conviendrait si bien à un recteur de la Faculté de Théologie de Toulouse? Qu'on lise la fin du chapitre quatrième de ce volume: le Johannisme, et l'on sera édifié à ce sujet. Là se trouvent

(1) Ces aménités ont été imprimées, partie dans la Revue de Theologie de Munster (Westphalie), partie dans la Vérité française où elles furent très dignement et immédiatement jugées par M. Auguste Roussel. Mgr. de Kernaëret, ancien doyen de la Faculté de Théologie d'Angers, fit insérer, dans le même journal, sa protestation, en souvenir de notre collaboration d'autrefois. Je tiens à l'en remercier ici de nouveau.

reproduites quelques pages des Six leçons sur l'Évangile par M. Pierre Batiffol, alors aumônier du collège Sainte-Barbe, à Paris. Les critiques fort anoaines dont je les avais fait suivre dans la première édition, en tout identique à celle-ci, ne m'avaient été certainement inspirées par aucun sentiment d'amertume ou d'hostilité contre Mgr Batiffol; j'obéissais à un tout autre mobile. Il m'avait semblé que l'auteur, en s'appropriant la théorie de M. Loisy sur l'inauthenticité des discours du Sauveur dans le quatrième Évangile, l'avait accompagnée de considérations séduisantes, propres à la faire accepter des catholiques. On le comprendra en se reportant à mon texte. Or ma conviction, très arrêtée dès lors, était que cette théorie entamait dans ses éléments essentiels l'inspiration des Écritures telle qu'elle a été admise jusqu'ici au sein même de l'Église. L'évolution du dogme qu'elle préconisait me semblait aussi absolument fausse et très dangereuse, le séparant beaucoup trop de sa source première et indispensable, l'enseignement direct et personnel de Notre-Seigneur. Je me demandais encore, non sans quelque effroi, pourquoi on n'appliquerait point cette même théorie aux discours des Synoptiques, aux λoyià de saint Mathieu par exemple, que l'on semblait mettre tout à fait à part et entourer d'un respect souve

rain? Après tout, me disais-je, ces discours synoptiques n'ont été rédigés, eux aussi, dans leur forme actuelle, que de l'an 45 à 60, et même plus tard. Il s'était déjà fait un certain travail de la pensée chrétienne sur les vérités qui y sont contenues. Pourquoi dès lors ne considérerait-on pas ces discours comme l'expression de ce travail théologique, comme la traduction mystique de la pensée du divin Maître. Comment donc saisir cette pensée du Maître en elle-même, et non dans ses interprétations? Où est-elle? et la possédons-nous quelque part?

Telles étaient les craintes qui obsédaient mon esprit et me décidèrent à critiquer la justification de la théorie protestante de M. Loisy, par M. Pierre Batiffol. Les faits n'ont que trop démontré la justesse de mes appréhensions. M. Loisy, plus conséquent avec lui-même que Mgr Batiffol, je suis contraint de l'avouer, n'a pas tardé à pousser jusqu'au bout leur commune théorie, et à en étendre l'application à ce qu'il y a de tout à fait primordial dans l'enseignement de Jésus-Christ, aux paraboles... Qu'on ouvre les Études évangéliques publiées en même temps que l'Évangile et l'Église ; on y verra, pratiquées sur la parabole du semeur par exemple, des coupures analogues à celles que M. Pierre Batiffol pratiquait sur l'entretien du Sauveur avec

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