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LES

CONCILES GÉNÉRAUX

INTRODUCTION

Voici déjà plusieurs mois, que le monde est sous le coup de deux impressions opposées, mais l'une et l'autre profondes. Quand on regarde à l'horizon des sociétés humaines, on y découvre des points noirs qui deviennent, chaque jour, plus nombreux et plus sombres. Toutes les doctrines tutélaires sont éteintes, et l'esprit des peuples s'agite avec inquiétude au sein d'une obscurité de plus en plus ténébreuse. Avec les incertitudes du lendemain, le commerce et l'industrie se montrent obstinément rebelles à la

confiance, et malgré les encouragements des pouvoirs, une incurable langueur paralyse les affaires. Partout les gouvernements et les nations expriment le désir ardent et la timide espérance de la paix, et partout l'oreille est effrayée par je ne sais quels opiniâtres bruits de guerre. Il n'est point d'Etat où le sol ne tremble sous le poids d'armées gigantesques, et qui semblent impatientes de se heurter dans des luttes formidables. A ces périls suscités par les ambitions ou les erreurs de la politique s'ajoutent les progrès sans cesse croissants de la Révolution ; il ne lui suffit plus de conspirer dans le secret de ses antres sauvages; elle fait au grand soleil des essais multipliés de sa force; on la voit à toute heure renverser et proscrire certains rois, tandis qu'elle en couronne d'autres, jusqu'à ce qu'elle en fasse ses victimes, après en avoir fait ses courtisans et ses complices. Voilà le premier aspect de la situation: ce sont ces alternatives de secousses et d'atonie, de sourds grondements et de sinistre silence qui précèdent les grands orages; et d'un bout de l'univers à l'autre les cœurs honnêtes et sérieux sont plongés dans une angoisse immense.

Mais une invincible espérance se mêle à cette vaste anxiété. Un radieux arc-en-ciel a brillé, dès avant la

tempête, sur le fond de cette atmosphère chargée de tant de nuages. C'est une nouvelle parole de Pie IX, qui en a déjà trouvé tant d'autres pour étonner et réjouir le monde. Un pressentiment universel annonçait depuis quelques années qu'il convoquerait un Concile œcuménique, et ce simple soupçon jetait déjà comme. un rayon de joie dans les âmes. Mais le 29 juin dernier, le mot si vivement attendu est parti du Vatican. Par des lettres apostoliques, que les vents se sont empressés de porter sur leurs ailes jusqu'aux extrémités de la terre, le Souverain-Pontife a convié tous les Évêques de l'univers catholique à se réunir à Rome, auprès de lui, le 8 décembre 1869, dans l'illustre basilique de Saint-Pierre, afin d'y traiter, sous sa présidence, des grands intérêts de la foi, de la morale, de la discipline, de l'Église et des peuples (1). A ces accents, répétés en quelques heures par des milliers et des milliers d'échos, tous les vrais chrétiens ont tressailli d'un bonheur unanime; et pendant que les politiques s'inquiètent et que les libres-penseurs se moquent ou s'irritent,

(1) Litteræ apostolicæ quibus indicitur œcumenicum Concilium Romæ habendum, et die Immaculate Conceptionis Deiparæ Virginis sacro an. 1869 incipiendum.

Romæ apud S. Petrum, anno Incarnationis 1868, tertio kalendas Julii.

la majorité des nations éprouve un secret et involontaire sentiment de repos et de confiance. L'attitude générale des gouvernements l'effraie; les discussions des parlements, quels qu'ils soient, aggravent de jour en jour le chaos de ses idées; les débauches de la presse la consternent; les rugissements contenus mais significatifs de la démagogie l'épouvantent. Mais quand son œcil se retourne vers Rome, quand elle songe à l'auguste Assemblée qui doit bientôt s'y réunir après une interruption de plus de trois siècles, elle se persuade, comme malgré elle, que cet événement, s'il ne prévient pas l'explosion des maux qui nous menacent, contribuera du moins puissamment à cicatriser les blessures qu'ils nous auront faites, et qu'il rendra la paix en nous rendant la lumière.

Comment expliquer ce que cet espoir a d'universel et de profond? Jamais peut-être et la presse impie et l'incrédulité des pouvoirs humains ne proclamèrent plus haut l'impuissante caducité de l'Eglise; jamais ils ne l'accusèrent avec plus de hardiesse et plus d'ensemble de ne rien comprendre aux besoins des Etats modernes, et de ne pouvoir leur être d'aucune utilité. Et malgré cela, les peuples s'acharnent à considérer le Concile futur comme le fait le plus solennel et le

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