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main des laïcs fut écartée des élections épiscopales. L'Eglise n'a pas mis une sollicitude moins jalouse à l'éloigner de l'élection des prêtres et des simples clercs. Qui sentirait la tentation d'en douter n'aurait qu'à lire, pour s'en convaincre, les canons disciplinaires du quatrième Concile général de Latran; il s'assurerait sans peine, en parcourant ces décrets, qu'à Rome on n'avait pas parlé plus mollement qu'à Constantinople (1). Et certes, quand on se rappelle comment les choses se passaient à ces époques tourmentées par l'ingérence du siècle dans les affaires de Dieu, on comprend sans effort que l'Eglise eut à cœur de rester maîtresse chez elle et de n'ouvrir qu'aux hommes de son choix les barrières de l'épiscopat ou de la cléricature. Un protestant illustre de nos jours l'a proclamé dans un de ses écrits : « Quand le clergé élisait les évêques, il les prenait dans son sein; il choisissait des hommes déjà connus et accrédités dans le diocèse. Quand, au contraire, une foule d'évêques reçurent leur titre des rois, la plupart arrivèrent étrangers, inconnus, sans affection comme sans crédit dans le clergé qu'ils avaient à gouverner. Pris même dans le diocèse, ils y étaient souvent dépourvus de considération; c'étaient des intrigants qui avaient réussi par des voies honteuses, ou même à prix d'argent, à obte(1) Concil. Later. iv, can. xxlil.

nir la préférence royale (1). » Ce malheur, lié au régime des concordats, était épargné à l'Eglise sous les bons princes; mais sous les mauvais princes et sous des princes naturellement honnêtes, mais inspirés ou dominés par de mauvais ministres, il désolait frẻquemment le sanctuaire. Dans tous les temps, le même régime expose par intervalle l'Eglise aux mêmes chagrins, et elle préfèrera toujours de beaucoup, à cet ordre de choses, la liberté d'élire et d'appeler par elle-même ceux à qui doivent être confiés les honneurs et les fonctions du ministère ccclésiastique. Elle est sûre que par là le sel de la terre échappera mieux au danger de s'affadir, et la lumière des peuples à celui de s'éteindre.

S VI. Les Conciles ont énergiquement combattu l'ingérence du pouvoir civil dans la collation des dignités et des offices ecclésiastiques.

Un autre motif qui fit redouter à l'Eglise, dans tous les âges, l'intervention des séculiers dans les nominations et les promotions ecclésiastiques, c'est la mobi

(1) M. Guizot.

lité que cet abus introduit dans le clergé sur lequel s'étend sa prérogative. Les laïcs assimilent volontiers les dignités du sanctuaire aux dignités du monde. Dans la société civile on fait passer un fonctionnaire d'une position plus obscure à une position plus élevée. On fait briller à ses yeux l'espoir de cet avancement comme une récompense de son dévouement et de sa fidélité, si bien qu'on prétend faire en lui de l'ambition comme un ressort de la conscience. Du gouvernement des Etats, les laïcs transportent, sans scrupule, ce système dans le mouvement du Clergé, quand il leur est permis d'y prendre part. Ils diront facilement au mérite de monter plus haut; ils le diront avec plus d'empressement encore à la complaissance. Cette perspective d'une fortune capable de grandir est un attrait sur lequel ils comptent un peu pour susciter des vertus, et beaucoup pour obtenir des services. Ce fut autrefois le calcul de la cour de Constantinople et la tentation du Clergé qui l'entourait. Pour parer à ce péril, les Conciles, dès le temps de Constantin, réprouvèrent ces déplacements comme une porte ouverte à l'ambition. Les Pères de Nicée donnèrent le signal; leurs voix trouvèrent de l'écho dans l'assemblée de Sardique qui ne fut pour ainsi dire que le prolongement de celle de Nicée; et Chalcédoine vint à son tour confirmer ces décisions par le poids et l'autorité de ses six cent trente

évêques (1). Depuis lors, l'Eglise s'est vue contrainte de se prêter à ce genre de mutations sur la demande des pouvoirs civils. Mais ce ne fut jamais sans quelque tristesse, parce qu'elle comprit toujours ce qui pouvait sortir de là pour enivrer l'orgueil et séduire la conscience. Armée ainsi contre la soif des honneurs, elle a su précautionner aussi le Clergé de tous les ordres et de tous les âges, contre chacune des autres passions auxquelles son libre arbitre permet de l'attaquer jusque sur les marches de l'autel. Par une foule de décrets protecteurs, elle en a pris, de tous les côtés, la faiblesse et la vie, la première afin de la soutenir contre les défaillances, la seconde afin de la faire monter à sa véritable hauteur, et le but suprême qu'elle s'est proposé dans l'institution de cette discipline tutélaire c'est de faire que ses ministres et les pasteurs des peuples assurent et fortifient, par l'irréprochable régularité de leur conduite, la divine efficacité de leur apostolat. Il faut l'entendre dire par le saint Concile de Trente, rassemblant dans la majesté de sa parole la majesté de tous les Conciles et de tous les siècles. « Rien, c'est lui qui parle, rien ne porte plus à pratiquer la piété et à honorer Dieu, que la vie et l'exemple de ceux qui se sont consacrés au saint ministère. Quand on les voit séparés

(1) Concil. Nicæn. 1, can. xv. Concil. Calced., can. v.

Concil. Sardic., can. I.

des choses du siècle et debout sur des lieux élevés, la foule des fidèles jette sur eux ses yeux comme sur un miroir, et cherche, dans leurs actions, le modèle qu'elle doit imiter. Il est donc de tout point convenable que les clercs admis dans l'héritage du Seigneur composent tellement leur conduite et leurs mœurs, que dans leurs vêtements, leurs gestes, leur démarche, leurs discours et tous les autres détails de leur extérieur, rien ne se rencontre qui ne soit grave, modéré, plein de religion. Il faut aussi qu'ils fuient les fautes légères, parce que pour eux elles seraient grandes; il faut enfin que chacun de leurs actes inspire pour eux une sorte de vénération. Et parce qu'il importe d'observer ces choses avec plus de diligence, précisément parce que l'Eglise de Dieu peut én recevoir plus d'avantages et plus d'ornement, le saint Concile décrète que tout ce que les Souverains - Pontifes et les Conciles antérieurs ont statué, avec tant de détails et de sagesse, sur la vie des clercs et contre les divers écueils qu'ils doivent fuir, doit être exécuté comme auparavant et sous la sanction des mêmes peines ou de peines plus grandes encore, si l'Ordinaire le juge opportun (i). »

(1) Nihil est quod alios magis ad pietatem et Dei cultum assidue instruat quam eorum vita et exemplum, qui se divino ministerio dedicarunt: cum enim a rebus secuii in altiorem sublati locum conspiciuntur, in eos, tanquam in speculum, reliqui oculos conjiciunt, ex iisque sumunt quod imitentur.

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