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de porter dans tes entrailles mortelles l'homme immortel et fait à l'image d'un Dieu?» Chez les anciens, un hyménée n'étoit qu'une cérémonie pleine de scandale et de joie, qui n'enseignoit rien des graves pensées que le mariage inspire: le christianisme seul en a rétabli la dignité.

C'est encore lui qui, connoissant avant la philosophie dans quelle proportion naissent les deux sexes, a vu le premier que l'homme ne peut avoir qu'une épouse, et qu'il doit la garder jusqu'à la mort. Le divorce est inconnu dans l'Église catholique, si ce n'est chez quelques petits peuples d'Illyrie soumis autrefois à l'état de Venise, et qui suivent le rit grec. Si les passions des hommes se sont révoltées contre cette loi, si elles n'ont pas aperçu le désordre que le divorce porte au sein des familles, en troublant les successions, en dénaturant les affections paternelles, en corrompant le cœur, en faisant du mariage une prostitution civile, quelques mots que nous avons à dire ici ne seront pas sans doute écartés.

Sans entrer dans la profondeur de cette matière, nous observerons que si, par le divorce, on croit rendre les époux plus heureux (et c'est aujourd'hui le grand argument), on tombe dans une étrange erreur. Celui qui n'a point fait le bonheur d'une première femme, qui ne s'est point attaché à son épouse par sa ceinture virginale ou sa maternité première, qui n'a pu dompter ses passions au joug de la famille, celui qui n'a pu renfermer son cœur dans sa couche nuptiale, celui-là ne fera jamais la félicité d'une seconde épouse: c'est en vain que vous y comptez. Luimême ne gagnera rien à ces échanges: ce qu'il prend pour des différences d'humeur entre lui et sa compagne, n'est que le penchant de son inconstance et l'inquiétude de son desir. L'habitude et la longueur du temps sont plus nécessaires au bonheur, et même à l'amour, qu'on ne pense. On n'est heureux dans l'objet de son attachement, que lorsqu'on a vécu beaucoup de jours, et surtout beaucoup de mauvais jours avec lui. Il faut se connoître jusqu'au fond de l'ame; il faut que le voile mystérieux dont on couvroit les deux époux dans la primitive Église soit soulevé par eux dans tous ses replis, tandis qu'il reste impénétrable aux yeux du monde. Quoi! sur le moindre caprice, il faudra que je craigne de me voir privé de ma femme et de mes enfants, que je renonce à l'espoir de passer mes vieux jours avec eux? Et qu'on ne dise pas que cette frayeur me forcera à devenir meilleur époux: non; on Vid. Fra-Paolo, sur le concile de Trente.

ne s'attache qu'au bien dont on est sûr, on n'aime point une propriété que l'on peut perdre.

Ne donnons point à l'Hymen les ailes de l'Amour; ne faisons point d'une sainte réalité un fantôme volage. Une chose détruira encore votre bonheur dans vos liens d'un instant : vous y serez poursuivi par vos remords, vous comparerez sans cesse une épouse à l'autre; ce que vous avez perdu à ce que vous avez trouvé; et, ne vous y trompez pas, la balance sera toute en faveur des choses passées ainsi Dieu a fait le cœur de l'homme. Cette distraction d'un sentiment par un autre empoisonnera toutes vos joies. Caresserez-vous votre nouvel enfant, vous songerez à celui que vous avez délaissé. Presserez-vous votre femme sur votre cœur, votre cœur vous dira que ce n'est pas la première. Tout tend à l'unité dans l'homme : il n'est point heureux s'il se divise; et, comme Dieu qui le fit à son image, son ame cherche sans cesse à concentrer en un point le passé, le présent et l'avenir.'.

Voilà ce que nous avions à dire sur les sacrements d'Ordre et de Mariage. Quant aux tableaux qu'ils retracent, il seroit superflu de les décrire. Quelle imagination a besoin qu'on l'aide à se représenter ou le prêtre abjurant les joies de la vie, pour se donner aux malheureux, ou la jeune fille se vouant au silence des solitudes, pour trouver le silence du cœur; ou les époux promettant de s'aimer au pied des autels? L'épouse du chrétien n'est pas une simple mortelle : c'est un être extraordinaire, mystérieux, angélique; c'est la chair de la chair, le sang du sang de son époux. L'homme, en s'unissant à elle, ne fait que reprendre une partie de sa substance; son ame, ainsi que son corps, sont incomplets sans la femme : il a la force; elle a la beauté : il combat l'ennemi et laboure le champ de la patrie; mais il n'entend rien aux détails domestiques, la femme lui manque pour apprêter son repas et son lit. Il a des chagrins, et la compagne de ses nuits est là pour les adoucir; ses jours sont mauvais et troublés, mais il trouve des bras chastes dans sa couche, et il oublie tous ses maux. Sans la femme, il seroit rude, grossier, solitaire. La femme suspend autour de lui les fleurs de la vie, comme ces lianes des forêts qui décorent le tronc des chênes de leurs guirlandes parfumées. Enfin l'époux chrétien et son épouse vivent, renaissent et meurent ensemble; ensemble ils élèvent les fruits de leur union; en

On peut consulter le livre de M. de Bonald sur le Divorce: c'est un des meilleurs ou vrages qui aient paru depuis longtemps.

poussière ils retournent ensemble, et se retrouvent ensemble pardelà les limites du tombeau.

CHAPITRE XI..

L'Extrême-Onction.

MAIS c'est à la vue de ce tombeau, portique silencieux d'un autre monde, que le christianisme déploie sa sublimité. Si la plupart des cultes antiques ont consacré la cendre des morts, aucun n'a songé à préparer l'ame pour ces rivages inconnus dont on ne revient jamais.

Venez voir le plus beau spectacle que puisse présenter la terre; venez voir mourir le fidèle. Cet homme n'est plus l'homme du monde, il n'appartient plus à son pays; toutes ses relations avec la société cessent. Pour lui le calcul par le temps finit, et il ne date plus que de la grande ère de l'éternité. Un prêtre assis à son chevet le console. Ce ministre saint s'entretient avec l'agonisant de l'immortalité de son ame; et la scène sublime que l'antiquité entière n'a présentée qu'une seule fois, dans le premier de ses philosophes mourant, cette scène se renouvelle chaque jour sur l'humble grabat du dernier des chrétiens qui expire.

Enfin le moment suprême est arrivé; un sacrement a ouvert à ce juste les portes du monde, un sacrement va les clore; la religion le balança dans le berceau de la vie; ses beaux chants et sa main maternelle l'endormiront encore dans le berceau de la mort. Elle prépare le baptême de cette seconde naissance; mais ce n'est plus l'eau qu'elle choisit, c'est l'huile, emblème de l'incorruptibilité céleste. Le sacrement libérateur rompt peu à peu les attaches du fidèle; son ame, à moitié échappée de son corps, devient presque visible sur son visage. Déja il entend les concerts des. séraphins; déja il est prêt à s'envoler vers les régions où l'invite cette Espérance divine, fille de la Vertu et de la Mort. Cependant l'Ange de la paix, descendant vers ce juste, touche de son sceptre d'or ses yeux fatigués, et les ferme délicieusement à la lumière. Il meurt, et l'on n'a point entendu son dernier soupir; il meurt, et, longtemps après qu'il n'est plus, ses amis font silence autour de sa couche, car ils croient qu'il sommeille encore: tant ce chrétien a passé avec douceur !

LIVRE SECOND.

VERTUS ET LOIS MORALES.

CHAPITRE PREMIER.

Vices et Vertus selon la Religion.

La plupart des anciens philosophes ont fait le partage des vices et des vertus; mais la sagesse de la religion l'emporte encore ici sur celle des hommes.

Ne considérons d'abord que l'orgueil, dont l'Église fait le premier des vices. C'est le péché de Satan, c'est le premier péché du monde. L'orgueil est si bien le principe du mal, qu'il se trouve mêlé aux diverses infirmités de l'ame : il brille dans le souris de l'envie, il éclate dans les débauches de la volupté; il compte l'or de l'avarice; il étincelle dans les, yeux de la colère, et suit les graces de la mollesse.

C'est l'orgueil qui fit tomber, Adam; c'est l'orgueil qui arma Caïn de la massue fratricide; c'est l'orgueil qui éleva Babel et renversa Babylone. Par l'orgueil, Athènes se perdit avec la Grèce; l'orgueil brisa le trône de Cyrus, divisa l'empire d'Alexandre, et écrasa Rome enfin sous le poids de l'univers.

Dans les circonstances particulières de la vie, l'orgueil a des effets encore plus funestes. Il porte ses attentats jusque sur Dieu. En recherchant les causes de l'athéisme, on est conduit à cette triste observation, que la plupart de ceux qui se révoltent contre le Ciel ont à se plaindre en quelque chose de la société ou de la nature (excepté toutefois des jeunes gens séduits par le monde, ou des écrivains qui ne veulent faire que du bruit). Mais comment ceux qui sont privés des frivoles avantages que le hasard donne ou ravit dans ses caprices, ne savent-ils pas trouver le remède à ce léger malheur, en se rapprochant de la Divinité? Elle est la véritable source des graces : Dieu est si bien la beauté par excellence, que son nom seul prononcé avec amour suffit pour donner quelque chose de divin à l'homme le moins favorisé de la nature, comme on l'a remarqué de Socrate. Laissons l'athéisme à ceux qui, n'ayant pas assez de noblesse pour s'élever au-dessus des injustices du sort, ne montrent dans leurs blasphèmes que le premier vice de l'homme chatouillé dans sa partie la plus sensible.

Si l'Église a donné la première place à l'orgueil dans l'échelle des dégradations humaines, elle n'a pas classé moins habilement les six autres vices capitaux. Il ne faut pas croire que l'ordre où nous les voyons rangés soit arbitraire il suffit de l'examiner pour s'apercevoir que la religion passe excellemment de ces crimes qui attaquent la société en général, à ces délits qui ne retombent que sur le coupable. Ainsi, par exemple, l'envie, la luxure, l'avarice et la colère suivent immédiatement l'orgueil, parceque ce sont des vices qui s'exercent sur un sujet étranger, et qui ne vivent qu'au milieu des hommes, tandis que la gourmandise et la paresse, qui viennent les dernières, sont des inclinations solitaires et honteuses, réduites à chercher en elles-mêmes leurs principales voluptés.

Dans les vertus préférées par le christianisme, et dans le rang qu'il leur assigne, même connoissance de la nature. Avant Jésus-Christ, l'ame de l'homme étoit un chaos; le Verbe se fit entendre, aussitôt tout se débrouilla dans le monde intellectuel, comme à la même Parole tout s'étoit jadis arrangé dans le monde physique ce fut la création morale de l'univers. Les vertus montèrent comme des feux purs dans les cieux : les unes, soleils éclatants, appelèrent les regards par leur brillante lumière; les autres, modestes étoiles, cherchèrent la pudeur des ombres, où cependant elles ne purent se cacher. Dès lors on vit s'établir une admirable balance entre les forces et les foiblesses; la religion dirigea ses foudres contre l'orgueil, vice qui se nourrit de vertus : elle le découvrit dans les replis de nos cœurs, elle le poursuivit dans ses métamorphoses; les sacrements marchèrent contre lui en une armée sainte, et l'Humilité, vêtue d'un sac, les reins ceints d'une corde, les pieds nus, le front couvert de cendre, les yeux baissés et en pleurs, devint une des premières vertus du fidèle.

CHAPITRE II.
De la Foi.

ET quelles étoient les vertus tant recommandées par les sages de la Grèce? La force, la tempérance et la prudence. Jésus-Christ seul pouvoit enseigner au monde que la foi, l'espérance et la charité sont des vertus qui conviennent à l'ignorance comme à la misère de l'homme.

C'est une prodigieuse raison, sans doute, que celle qui nous a montré dans la Foi la source des vertus. Il n'y a de puissance

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