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pu les dépouiller de leur nom, de leur titre et de tous leurs droits, et par là de toute leur influence, il n'a été donné à personne de les dépouiller ni de leur foi, ni de leur conscience, ni de leur zèle pour la religion, ni de leur amour pour l'Eglise ; mais le nouveau régime les rendant révocables, destituables, punissables au gré des évêques, leur honneur, leur personne, leur existence même ne dépendent-elles pas de la volonté seule des prélats (1)? Ceux-ci ne peuventils pas anéantir d'un seul coup toute oppo

(1) On attribue à l'un de nos prélats le propos suivant : « Je n'ai qu'à lever la main et tous mes prêtres sont à * mes pieds. S'il voulait parler des desservans, il avait toute raison : quand on dépend de la volonté d'un homme pour son honneur, son état, son existence même, on ne peut qu'être à ses pieds; on le serait à moins. Mais une telle dépendance est-elle conforme à la raison, à la justice, à l'esprit de l'Évangile, aux lois de l'Église, aux décisions des conciles? Ne déconsidère-t-elle pas évidemment le clergé du second ordre, et, en avilisant les prêtres, ne porte-t-elle pas une atteinte mortelle à la dignité, à la considération de tous les degrés de la cléricature et de l'épiscopat lui-même ? N'expose-t-il pas la religion à un danger imminent en donnant toute facilité pour établir l'hérésie ou consommer un schisme, etc.? En tenant un tel propos (innocemment sans doute), le prélat en avait-il calculé toute la portée?

sition de leur part en usant de ce droit funeste? Et ne semble-t-il pas que le nouveau régime n'a été introduit en France que pour ouvrir la voie et tout disposer d'avance à la consommation d'un schisme ou à un changement de religion (1)?

Trouverait-on de la résistance parmi les fidèles? Hélas! ils sont loin de nous ces beaux siècles où chaque chrétien portait le cœur

(1) La chose n'est pas même douteuse. On sait que Napoléon voulait détacher de Rome l'Église de France en établissant un patriarche, afin de réunir dans sa main les deux pouvoirs, non comme ils sont en Angleterre, la réforme ne lui plaisait pas, mais comme ils sont en Russie dont il citait souvent l'exemple avec complaisance. Il voulait une Église nationale avec un patriarche dépendant de lui seul, et par le moyen duquel il aurait eu tout le clergé sous sa main, et l'aurait fait servir alors sans obstacle à ses projets ambitieux. C'est dans cette vue qu'il fit fabriquer par le corps législatif les fameux articles organiques; ils devaient préparer les voies à la consommation du schisme. Heureusement pour l'Église de France il se hâta trop; les esprits n'étaient pas encore assez préparés; l'influence de l'ancienne discipline et des vieilles mœurs sacerdotales qu'elle avait formées se faisaient encore trop sentir. La résistance qu'il éprouva de la part de la majorité des évêques dans son fameux concile, lui fit ajourner son dessein qu'il n'abandonna jamais, et que sa chute seule put l'empêcher de mettre à exécution.

d'un confesseur, le dévoûment et le courage d'un martyr! Les chrétiens de nos jours, rendus, par le nouveau régime, indifférens pour leur religion, un changement de croyance ou de culte ne blesserait que les affections d'un très petit nombre; l'immense majorité la verrait venir sans s'émouvoir. Plusieurs l'appellent déjà de leurs vœux, et dans quelques communes n'a-t-on pas déjà vu les paroissiens mécontens de leurs curés appeler d'eux-mêmes des ministres protestans ou des prêtres de la façon de l'abbé Châtel.

Ce n'est qu'en tremblant que nous nous sommes déterminés à écrire cette effrayante supposition; mais le mal est monté à un tel point, le salut de la religion dans notre patrie est si visiblement compromis par le nouveau régime, que toute autre considération doit disparaître devant le devoir de dire la vérité, quelque dure qu'elle puisse être. Sans doute ce n'est pas par deux prêtres obscurs et sans influence qu'elle devrait être d'abord proclamée; mais au milieu de la tempête la crainte du naufrage donne aux

simples matelots le droit d'indiquer le danger et de signaler les écueils.

Mais ce n'est pas seulement l'existence de la religion que compromet parmi nous le nouveau régime, il y compromet encore l'ordre social tout entier.

CHAPITRE VI.

Résultats du nouveau régime par rapport à l'ordre social.

La religion n'est pas seulement pour la politique un instrument utile, un moyen secondaire, une alliée puissante; c'est sa base nécessaire, c'est le fondement unique de tout ordre social. « On bâtirait plutôt une << ville dans les airs, dit le sage Plutarque, « que de constituer un état en ôtant la «< croyance des dieux (1). » « C'est la vérité « même, ajoute le divin Platon, que si Dieu « n'a pas présidé à l'établissement d'une cité

(1) Plut. opera, p. 1125.

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