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En effet, pendant que tous les autres états de la société sont régulièrement constitués, qu'ils ont leur hiérarchie déterminée, leurs droits reconnus, leurs lois fixes, leur discipline spéciale, le clergé seul est privé de tous ces avantages, et par là il demeure impuissant. Un corps n'est puissant et fort que par l'union et le concert de ses membres, et ceux du clergé sont séparés, épars, comme les soldats d'une armée licenciée. Ses évêques, n'ayant plus avec le chef de l'Église que des rapports rares et peu importans, ne pouvant, ni s'assembler, ni se concerter entre eux, isolés du reste du clergé, sont réduits à combattre à part, et se trouvent dans l'impuissance de donner aux moyens d'action séparés, cet ensemble qui en fait toute la force. Les prêtres du second ordre divisés en deux classes, auparavant inconnues, forment deux partis opposés, deux camps rivaux et profondément séparés. Si l'une

de ces classes conserve encore quelques uns des droits et des priviléges inhérens à la qualité de pasteur des âmes, l'autre, qui comprend la presque totalité des prêtres, en est totalement dépouillée; elle se trouve ainsi livrée, nue et sans défense, d'un côté, à tous les caprices de l'arbitraire et du bon plaisir ; de l'autre, à tous les mépris, à toutes les insultes, à toutes les persécutions de ses ennemis.

Eh! où serait sa force, lorsqu'en présence d'esprits brouillons qui enveniment toutes ses démarches et suspectent jusqu'à ses intentions; en présence d'hommes pervers qui épluchent toutes ses paroles pour y trouver un sujet de blâme et d'accusation ; en présence d'autorités civiles tracassières, trop souvent disposées à encourager la délation, à appuyer la calomnie, à provoquer les outrages ou du moins à les tolérer; où serait sa force, lorsqu'en présence de

tant d'obstacles, de tant d'ennemis acharnés, le prêtre, surtout le prêtre des campagnes, se trouve dépouillé de tous les priviléges inhérens à sa qualité de pasteur des âmes, sans droit qui lui garantisse sa position, sans titre qui lui assure son existence; pouvant à chaque instant être destitué, révoqué, puni, réduit à la misère, et cela sans jugement, sans forme canonique quelconque? Le peuple, qui ne voit que la surface des choses, qui ne juge que par les dehors, peut-il nourrir de la confiance et conserver du respect pour ses pasteurs qu'il voit ainsi dégradés et avilis ?

On a donc fait au clergé français une position fausse, humiliante, qui arrête son action, qui paralyse son influence, qui l'empêche de s'élever à la hauteur de sa mission, et de se mettre au niveau des besoins actuels du peuple. Pendant que tout est en mouvement autour de lui, lui seul demeure stationnaire. A toutes

les époques il avait devancé son siècle; aujourd'hui il en est dépassé. Il ne peut rien entreprendre, rien faire, rien empêcher. Jamais les peuples n'eurent un plus pressant besoin de sa direction, et jamais il ne fut moins en état d'exercer sa direction bienfaisante sur les peuples. Cette profonde impuissance est pour le clergé un état violent, contre nature, qui ne saurait durer plus long-temps sans compromettre sa propre existence, et sans mettre en péril, parmi nous, le salut de la religion et celui de l'ordre social lui-même.

C'est au clergé que la France doit, en grande partie, sa civilisation, ses lumières, ses institutions libérales : le peuple, son affranchissement, ses libertés, le bien-être dont il jouit. Ce corps est encore aujourd'hui bien recommandable par son éducation, ses lumières, ses vertus, et par l'heureuse et puissante influence qu'il pourrait, s'il était dans la

position qui lui convient, exercer sur la société tout entière. Il porte en lui l'avenir de notre patrie, parce qu'il porte en lui l'avenir de la religion, seule base du bonheur et de la prospérité des peuples.

Il devient donc urgent, et pour l'in

térêt de la religion et pour celui de la société, de rendre au clergé sa dignité, son action et son autorité, en le rétablissant dans les conditions de sa force, en lui rendant les droits dont on l'a si injustement et si impolitiquement dépouillé.

C'est à provoquer ce rétablissement que cet écrit est destiné. Trop heureux les auteurs, si, par leurs faibles efforts, ils peuvent en hâter le moment ! C'est la seule gloire à laquelle ils aspirent. C'est l'unique récompense qu'ils attendent de leurs veilles et de leurs travaux.

En signalant les plaies de l'Église de France et les maux qui pèsent sur elle, nous sommes bien sûrs que nos paroles

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