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tir son heureuse influence dans sa partie inférieure. C'est tout le contraire aujourd'hui. L'impiété n'a quitté les grands que pour descendre dans le peuple. Elle n'a abandonné les villes que pour envahir les villages. Chassée du château, la philosophie anti-chrétienne s'est réfugiée dans la chaumière comme dans son dernier asile. Elle a déjà pénétré jusque dans les campagnes les plus reculées; partout elles retentissent de ses blasphêmes; partout on n'entend que sa voix,

on ne sent que son action; on en est enveloppé et saisi partout.

Et qu'on le remarque bien : ce n'est pas proprement par le clergé que la foi se restaure aujourd'hui chez les classes intelligentes et parmi le peuple des villes; c'est par la presse, ce nouveau moteur des intelligences devenu tout puissant. Elle seule a imprimé aux esprits ce mouvement de retour vers les idées religieuses, destiné à sauver la société,

en la rasseyant sur sa véritable base. Le clergé ne travaille, pour ainsi dire, qu'en sous-ordre; il ne peut que seconder et régulariser l'impulsion.

Mais ce nouveau moyen de régénération, si puissant sur les classes élevées et sur le peuple des villes, est encore nul pour les habitans des campagnes, et probablement il le sera long-temps. Jamais ils ne reviendront à la religion que par le clergé; lui seul peut les tirer de l'abîme de l'impiété dont ils n'ont peut-être pas atteint encore les dernières profondeurs, et les ramener à l'antique croyance. Lui seul peut détruire, dans l'esprit du peuple, ces préjugés haineux qui s'y sont infiltrés avec l'erreur, et lui faire goûter de nouveau les douceurs et les charmes d'une religion donnée exprès pour lui, et qui seule peut faire son bonheur. La supériorité que donnent au clergé, sur le peuple, son éducation, ses connaissances, ses vertus, en font le

père, le docteur, le guide naturel et né cessaire de cette partie si nombreuse et si intéressante de la société; jamais rien ne pourra le remplacer auprès d'elle.

Dans cet état de choses, tous les regards se portent naturellement vers le clergé, et l'on se demande, avec inquiétude, s'il possède encore ces moyens puissans de régénération qui ont converti et civilisé nos pères, affranchi nos campagnes de la servitude; qui, dans tous les siècles, ont enfanté tant de merveilles et lui avaient acquis, sur les populations, une si grande et si juste influence.

Hélas! tous les observateurs remarquent avec effroi que le sacerdoce français perd chaque jour de sa dignité, de sa considération, de son influence; que son action va toujours s'affaiblissant, et que son autorité sur les peuples ne tient presque plus qu'à des qualités personnelles. Des individus sont encore respectés; le corps ne l'est plus. On estime

l'homme, mais on méprise le prêtre. C'est un fait déplorable; mais c'est un fait trop certain: pour en douter, il faudrait ignorer l'état des campagnes et méconnaître l'esprit qui agite le peuple.

Quelle est donc la cause de cette profonde nullité qui menace tout le clergé en France, et où il est déjà réduit en grande partie? Est-ce son ignorance qui contrasterait trop avec les lumières du siècle? S'il est vrai que le clergé supérieur posséda autrefois une science plus éminente, on convient généralement que le clergé des campagnes ne fut, à aucune époque, aussi instruit qu'il l'est aujourd'hui.

Est-ce un défaut de conduite? des mœurs trop relâchées? bien moins encore. La révolution ayant ôté toutes les roses du saint ministère pour n'y laisser que les épines, les vocations se sont nécessairement épurées, et jamais le corps sacerdotal n'offrit aux peuples, dans son

ensemble, un plus beau spectacle de régularité, de décence et de vertu.

Serait-ce son ambition, comme certains esprits faux ou méchans n'ont pas craint de le lui reprocher? On n'oserait le dire aujourd'hui; car sur quoi porterait-elle? elle n'a plus d'objet même apparent. Le prêtre, parmi nous, est repoussé de tout emploi civil; une législation ombrageuse ou hostile l'a dépouillé de presque tous ses droits de citoyen, et son propre état ne lui montre en perspective que l'obscurité, le mépris et presque la misère.

Il faut donc chercher ailleurs la cause du mal qui le travaille, qui entrave sa marche et l'empêche d'accomplir sa divine mission. Pour la trouver, nous n'aurons pas à chercher long-temps; nous l'apercevons dans les vices de la constitution qui le régit, ou plutôt dans l'absence de toute constitution, du moins quant à la pratique.

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