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avoit donné, en 1764, sous le nom de Febronius, un ouvrage où il prétendoit réformer l'Eglise à sa manière. Les protestants s'applaudissoient d'y trouver leurs principes consacrés; les ennemis de la religion se félicitoient de voir l'auteur seconder leurs projets, en attaquant l'Eglise et ses décisions, en taxant les papes de tyrannie, en traitant d'abus les usages les plus saints et les règles les plus accréditées, et en portant sur une foule d'objets une critique amère et forcenée. De faux catholiques voyoient avec joie un homme élevé en dignité dans l'Eglise, s'unir à eux pour saper l'autorité légitime qu'il auroit dû défendre. Aussi ses assertions devinrent-elles à la mode; des universités adoptèrent son langage et accueillirent son absurde système, et depuis plusieurs années, Vienne se remplissoit de théologiens réformateurs. Cependant Fébronius fut prohibé de nouveau en 1766, en 1771 et en 1773, sous Clément XIV; ce que quelques-uns des partisans du novateur, admirateurs du reste de Clément, regardèrent comme une sorte de scandale1.

A ces attaques réitérées, le prince-archevêque de Trèves joignit ses représentations et ses instances: de Hontheim se rendit enfin. Le 1er novembre 1778, il donna sa rétractation. Il y avouoit être tombé dans l'erreur, et prioit le pape d'avoir égard à son repentir; il reconnoissoit que les clefs de l'Eglise ont été données à un seul et en même temps à l'unité; que la primauté du pape, primauté de juridiction, doit être perpétuelle; que l'Eglise a droit de déterminer le sens et de juger la doctrine des ouvrages et des propositions qu'ils renferment; que l'on doit aussi une entière obéissance à la constitution Unigenitus; que s'il s'élève quelque doute sur l'état de l'Eglise, c'est au pape qu'il faut avoir recours; que le concile de Trente a été libre, et a sagement réservé au pape certaines dispenses; qu'il faut regarder comme non-légitimes les évêques non reconnus par lui; qu'on a eu raison de lui réserver la ca

1 L'Assemblée du clergé de France de 1775, consultée sur le Febronius, avoit répondu que cet ouvrage, peu connu parmi nous, passoit pour être fort inexact, pour favoriser les opinions nouvelles, et pour s'écarter de la doctrine et du langage dont l'Eglise gallicane avoit tant de fois fait profession sur la primauté des papes et l'autorité de l'Eglise romaine. Vers le même temps l'abbé Bergier, dans une lettre imprimée et adressée à un évêque d'Allemagne, montra les contradictions et les écarts de l'auteur.

nonisation des saints, et l'appel de toutes les causes ecclésiastiques; que pour la foi, les sacrements et la discipline, la puissance ecclésiastique prononce de plein droit, etc. Cette rétractation fut envoyée à Pie VI, qui, dans le consistoire du 25 décembre, annonça avec joie cette démarche de M. de Hontheim: lui-même en écrivit à ce prélat pour le féliciter. Le 3 février, l'évêque suffragant donna une lettre pastorale pour publier et confirmer sa rétractation. Il y renonçoit pour toujours à ce qu'il avoit avancé dans son Fébronius, s'engageoit à le combattre, et notifioit lui-même un ordre de l'Electeur, qui défendoit de lire ou de retenir son livre. Le bruit s'étant répandu depuis que ces démarches n'avoient pas été entièrement libres, M. de Hontheim publia (le 2 avril 1780) une déclaration qu'il transmit au prince-archevêque : il y assuroit que sa rétractation avoit été sincère, et qu'il se proposoit de la confirmer dans un ouvrage auquel il travailloit 1.

Tandis qu'un prélat attaquoit ainsi le saint Siége, tandis que des catholiques ou du moins des hommes se disant tels s'acharnoient contre les jésuites, l'hérésie et le schisme, mieux avisés, accueilloient avec bonté ces prêtres fugitifs et proscrits. En effet, le 28 juin, M. Siestrzencewicz, évêque de Mallo, et vicaire apostolique en Russie, permit aux jésuites de ce pays de recevoir des novices. Ce fait peut paroître extraordinaire après le bref du 21 juillet 1773. Voici quelle en fut l'occasion.

Lorsque le bref d'extinction de la Société parut, une partie de la Pologne venoit de passer sous la domination de la Russie; et le bref n'y ayant pas été publié, les jésuites qui s'y trouvoient

I Il fit paroître, cn effet, l'année suivante, son Commentaire sur sa rétractation. Il la développe en trente-huit propositions qu'il confirme de nouveau quant au fond, mais à quelques-unes desquelles il donne des interprétations et des modifications que plusieurs ont jugées contraires à l'acte du 1er novembre 1778. Il y a en effei, dans ce commentaire, bien des endroits où l'on remarque l'embarras et les détours d'un ccrivain qui ne veut pas abandonner tout-à-fait ses premières assertions, qui retient J'une main ce qu'il cède de l'autre, et qui énerve par des restrictions partielles les aveux mêmes qu'il fait, et les principes auxquels il semble revenir. On y trouve cependant des propositions qui peuvent recevoir un sens très-favorable. Quoi qu'il en soit de sa sincerité dans ce dernier écrit, il fit insérer à la fin les actes du consistoire du 25 décembre 1778, le bref que lui avoit adressé le pape, le mandement qu'il avoit donné lui-même, et un extrait d'un livre publié à Rome, où l'on vouloit prouver que sa rétractation étoit

en profitèrent pour laisser les choses dans leur état; ils s'abstinrent pourtant de recevoir des novices et n'en admirent en effet qu'après la permission que leur accorda, en 1779, l'évêque diocésain, autorisé par des pouvoirs que Pie VI lui avoit transmis l'année précédente. A cette nouvelle, les ennemis de la Société s'alarmèrent de ce qu'elle eût conservé un asile dans un coin de l'Europe, et tremblant de la voir déjà revenir dans les pays d'où ils l'avoient chassée, ils se plaignirent vivement au pape de l'inexécution du bref de son prédécesseur. Ces plaintes, appuyées d'intercessions puissantes et réitérées, obligèrent le souverain pontife de faire connoître à ses nonces, que le prélat russe avoit excédé ses pouvoirs : le nonce à Varsovie eut même ordre d'en écrire à cet évêque. Mais ces démarches, auxquelles Pie VI ne s'étoit prêté qu'avec répugnance, n'eurent pas l'effet que les ennemis de la Société en avoient attendu. L'impératrice de Russie témoigna l'intention de conserver le petit nombre de jésuites qui étoient dans ses états 1; elle fit représenter au pape que les supprimer, ce seroit priver ses sujets catholiques des secours qu'ils recevoient de ces religieux, surtout pour l'éducation; secours d'autant plus nécessaires qu'il eût été difficile de les remplacer dans un pays où l'instruction étoit peu répandue. Les jésuites furent donc conservés. Bien plus, sur un ordre de l'impératrice, et sur l'autorisation du même évêque de Mallo, ils s'assemblèrent en congrégation générale au collége de Polocz, et élurent, le 17 octobre 1782, le père Czerniewitz pour leur vicaire-général. Ce religieux mourut en 1785, et eut des successeurs. A cette époque, les jésuites avoient six maisons renfermant cent soixante-douze individus.

M. Siestrzencewicz est le même qui, en 1783, fut nommé par le pape archevêque de Mohilow; l'impératrice avoit demandé qu'il y eût siége métropolitain dans cette ville. Pie VI envoya pour cet effet à Saint-Pétersbourg le nonce Archetti, qui fit la promotion de M. Siestrzencewicz, et lui donna un coadjuteur; et l'impératrice mit, par un édit, son sceau à ces différents actes.

■ Elle avoit défendu, sous peine de mort, de publier dans ses états le bref de suppression de Clément XIV.

DES ÉTABLISSEMENTS DES JÉSUITES

PAR TOUTE LA TERRE,

CONTENANT LE NOMBRE DE SUJETS QUI COMPOSOIENT CETTE SOCIÉTÉ,

EXTRAIT D'UN CATALOGUE ENVOYE DE ROME EN 1763.

Le gouvernement des Jésuites se divise en CINQ ASSISTANCES qui compren nent 59 provinces, 24 maisons professes, 669 colléges, 64 noviciats, 176 séminaires, 355 résidences, 223 missions, 22,787 Jésuites, dont 11010 sont prêtres, comme il est indiqué à la récapitulation.

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