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Le zèle de ce janseniste s'échauffa en leur faveur. Il revint en France dans l'intention de ne rien négliger pour leur procurer du secours. Il travailla avec ardeur et peignit vivement aux sectaires les maux de ces prétendues victimes du despotisme de la cour de Rome; il chercha des apologistes de ce schisme et il en trouva. Plusieurs docteurs de Sorbonne, tous appelants, donnèrent une consultation où ils établissoient : << qu'une Eglise ne perd point ses droits par une longue viduité; » que l'usage où étoit la cour de Rome d'envoyer des vicaires » apostoliques étoit une usurpation, et que les prêtres de Hol» lande pouvoient rentrer dans l'exercice de leurs droits, contre » lesquels on n'avoit pas pu prescrire. » La faculté de droit de Paris, aussi appelante, souscrivit à cette décision, ainsi que Van-Espen et quelques docteurs de Louvain.

Boullenois ne borna pas là ses bons offices. Par ses instances et celles de ses amis, des évêques françois consentirent à ordonner prêtres de jeunes hollandois, sur des dimissoires du chapitre d'Utrecht, et sans exiger la signature du formulaire. Boullenois en amena lui-même en France; les évêques de Bayeux et de Blois, et surtout celui de Senez, en ordonnèrent plusieurs, et ce fut apparemment pour reconnoître ces services, que les chanoines d'Utrecht et leurs adhérents s'étoient joints (le 9 mai 1719) à l'appel des évêques opposants de France.

Sur ces entrefaites, il leur arriva un évêque qui leur parut envoyé par la Providence pour sacrer celui qu'ils vouloient se donner. Dominique Varlet, prêtre des missions étrangères de Paris, venoit d'être fait coadjuteur de l'évêque de Babylone; Il avoit passé par la Hollande pour se rendre en Perse et avoit donné la confirmation à Amsterdam, sur les pouvoirs du chapitre de Harlem. Cette conduite et ses liaisons lui attirèrent une suspense, qui lui fut signifiée en Perse, le 15 mars 1720, par l'évêque d'Ispahan. Il fut donc obligé de revenir à Amsterdam, et là, loin de chercher à se faire relever de ses censures, il s'attacha de plus en plus au parti du chapitre, exerça ses fonctions malgré la suspense, et résolut de se fixer en Hollande pour y être plus utile aux opposants de ce pays. Il appela donc de la bulle Unigenitus et des censures portées contre

lui. Il étoit reçu parmi les siens, qu'après cette formalité, on pouvoit braver toutes les décisions de Rome et toutes les peines de l'Eglise : c'est aussi ce que fit Varlet, qui, déclaré plusieurs fois excommunié et schismatique, sans y avoir le moindre égard, alla toujours en avant.

Après avoir écrit au pape, dans l'esprit que nous venons de dire, les prêtres qui prétendoient former le chapitre d'Utrecht, réunis au nombre de sept, élurent pour archevêque, Corneille Steenoven, ainsi que nous l'avons vu. Ils annonçèrent cette élection au pape, le priant de la confirmer. Ils n'en reçurent aucune réponse; mais le collége des cardinaux, le saint Siége vacant, chargea (le 8 avril 1724) l'internonce de Bruxelles de recommander aux évêques voisins de ne point prêter les mains à la consécration de Steenoven, attendu que l'élection de ce faux évêque avoit été faite sans aucun droit. Les prélats des provinces voisines refusèrent, en effet, leur ministère; Varlet fut moins difficile. Suspens, interdit et excommunié, il n'en parut que plus propre à ce qu'on désiroit de lui. Le 15 octobre il sacra Steenoven à Amsterdam, n'étant assisté que de deux chanoines, chose contraire à la discipline observée dans l'Eglise et qui n'est permise qu'avec des dispenses que l'on n'avoit point demandées. Le 30 novembre suivant, Steenoven et son clergé interjetèrent appel au concile général, de ce qu'ils appeloient les vexations de la cour de Rome.

Benoît XIII ayant, par un bref du 21 février 1725, déclaré l'élection nulle, et l'élu suspens de toutes fonctions, celui-ci en appela encore le 30 mars; il survécut peu à ce nouvel acte de schisme, et mourut le 3 avril.

Les catholiques hollandois, qui n'avoient pas voulu le reconnoître, désirant profiter de cet événement pour obtenir d'avoir, comme par le passé, des vicaires apostoliques nommés par le pape, en sollicitèrent la permission des états. Il sembloit qu'on pouvoit d'autant moins la leur refuser qu'ils étoient en bien plus grand nombre que les appelants; mais ceux-ci se donnèrent tant de mouvements auprès des états, qu'ils empêchèrent que cette demande ne fût accordée aux catholiques. Mais la Providence faisoit peser sa main sur les coupables:

une mort prématurée enleva en peu de temps le schismatique Steenoven. Ce qui auroit dû ouvrir les yeux aux prévaricateurs ne fut pour eux qu'une raison de plus pour les endurcir. Ils se hâtent de remplir la place vacante par la mort de Steenoven. Le 15 mai 1725, on fit choix d'un nouvel archevêque d'Utrecht, et ce fut Corneille Barchman-Wuytiers, appelant. Le nouveau chef de cette synagogue de Satan, de cette église de confusion, ne pouvoit être mieux consacré au sacrilége que par l'évêque de Babylone.

Le pape donna à cette occasion deux brefs, le premier pour déclarer l'élection nulle, et le second pour anathématiser et séparer de sa communion Barchman, ceux qui l'avoient élu, et ses adhérents. Mais cette sentence tomba sur des coeurs endurcis; Barchman y opposa un acte d'appel signé de lui, de son chapitre, et de soixante-quatre autres prêtres. C'est tout ce qu'on put obtenir de signatures dans ce pays. Dans la suite, une quarantaine de réfugiés françois y joignirent aussi les leurs. En effet à cette époque le parti se renforçoit en Hollande d'ecclésiastiques errants, de religieux déserteurs de leur règle, et de laïques passionnés. Cette année même, vingt-six chartreux s'y rendirent de Paris, pour éviter d'obéir à un décret de leur ordre, qui prescrivoit de se soumettre à la constitution Unigenitus. Ils sortirent de nuit de leurs cellules, franchirent les murs de leur couvent, trouvèrent des habits et des chevaux tout prêts, et s'enfuirent ainsi déguisés. Des appelants officieux et déguisés eux-mêmes guidoient leur marche. De ce nombre étoient un nommé Jubé, et ce Boullenois, dont nous avons parlé. Il parut des écrits sous le titre d'apologies des chartreux, où l'on faisoit admirer « la constance et la piété de ces moines, qui » s'échappoient de leur couvent pour aller respirer l'air libre de la Hollande. >>>

Un scandale est rarement stérile, celui-ci porta ses fruits; à leur imitation quinze religieux de l'abbaye d'Orval, au diocèse de Liége, s'enfuirent en habits d'officiers. Des martyrs d'une si belle cause méritoient bien qu'on leur procurât un exil commode : les jansénistes de France se cotisèrent en leur faveur, et leur achetèrent de belles et spacieuses maisons près d'Utrecht, pour en faire le refuge de tous ceux que l'appât de

la liberté entraîneroit vers ce pays. L'église d'Utrecht devint un point de ralliement pour tous les ennemis du saint Siége, et l'on mettoit d'autant plus d'ardeur à la soutenir, qu'elle sembloit donner du relief à la cause, par le nom d'un archevêque et d'une église aussi ancienne dans le monde chrétien. On y envoya des contributions volontaires, des actes d'adhésion, et l'on resserroit davantage les noeuds de cette union, à mesure que l'on se détachoit plus entièrement du centre de l'unité. Le parti du chapitre d'Utrecht ne dissimula plus ses sentiments interpellés par le gouvernement hollandois, ces prêtres répondirent sans façon qu'ils étoient Jansénistes 1.

On voit comment le mauvais levain des réfugiés, légué aux jansénistes, fermentoit contre la France au milieu de ces fiers républicains. Aussi tout ce qui dans la suite sera nuisible à la paix, aux intérêts moraux et politiques de la France, sortira des presses mercenaires de ce pays mercantile et entrera furtivement dans ce beau royaume, jusqu'à ce qu'il en ait consommé l'entière destruction. Et pour qu'on ne crût pas que ce n'étoit ici qu'un écart particulier à ces appelants étrangers, l'évêque de Senez, Soanen, l'oracle et le saint du parti, qui prêta son nom à plus de quarante pamphlets de la secte, donna, le 21 août 1726, au malheureux troupeau que ce méchant évêque auroit dû conduire au salut, l'instruction pastorale devenue célèbre, et digne en effet, par ses expressions et ses instigations infernales, de ses appels renouvelés, de l'approbation donnée par lui à l'élection schismatique des deux archevêques prétendus d'Utrecht et à l'ordination des hollandois réfractaires qu'il avoit osé faire prêtres.

La même dérision impie dont nous parlions se renouvela presque de la même manière encore, en 1734 et 1739, lors de l'intrusion de Vander-Croon et de Meindartz. Seulement l'indigne évêque de Babylone, ayant peu survécu à ce dernier sacrilege, pour remplacer cette perte, Meindartz chargé d'anathèmes imagina de rétablir, de son autorité, le siége de Harlem. Sur le refus des chanoines, il choisit lui-même Jérôme de Bock; et trois ans après, celui-ci étant mort, il nomma Van-Stiphout pour lui succéder; employant toujours le même ■ Voyez Dorsanne, dans son Journal, t. 2, p. 413.

appel des censures et des foudres de celui auquel le premier pasteur de l'Eglise, Jésus-Christ a dit : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et ceux dont vous aurez retenu les péchés, leurs péchés leur seront retenus. »>

Ainsi se consomma le schisme de cette déplorable église qui devoit encore de nos jours, mais avec une extravagance croissante, et encouragée cette fois par une politique persécutrice, reproduire l'exemple de cette insurrection scandaleuse.

Après cette excursion sur des années éloignées encore, mais qu'il a fallu devancer pour ne pas retomber toujours dans une espèce de redites continuelles; revenons à d'autres membres de l'Eglise, mais fidèles, mais souffrant pour sa gloire, ou plutôt pour celle de son divin auteur.

C'est en effet aux jours des grands combats que nous arrivons; tout ce qui dans le monde voudra mener une vie pieuse en Jésus-Christ, souffrira une longue et rude persécution; c'est la parole du Saint-Esprit. Cet esprit de sacrifice, qui n'est que celui de la crèche et du Calvaire, fut toujours l'esprit propre d'une société célèbre 1, qui, avant l'époque désastreuse de sa suppression, étoit en possession d'envoyer ses enfants civiliser le barbare des forêts de l'Amérique, évangéliser les fiers potentats de l'Asie, élever l'Européen savant et poli, et consoler au fond des bagnes l'Africain asservi et dégradé. Cette troupe aguerrie aux combats du Seigneur, marchant toujours aux premiers rangs de ses armées évangéliques, toujours prête au moindre signal, toujours combattant au poste le plus dangereux et au plus fort de la mêlée, cette troupe qui, selon l'expression d'un saint pontife, a toujours eu pour ennemis les ennemis de l'Eglise2, devoit la première, et d'abord seule, soutenir l'effrayante attaque que vont lui livrer pendant un demi-siècle toutes les erreurs, toutes les passions, tous les rois : disons-le encore, aussi toutes les jalousies, toutes les rivalités; en un mot, tout l'enfer déchaîné pour la grande catastrophe qui termina ce siècle, et faillit les engloutir tous.

1 Et omnes qui piè volunt vivere in Christo Jesu, persecutionem patientur. C'est la fin de l'épître de la messe pour la fête de saint Ignace, son fondateur.

Hostes, quos cum Ecclesia catholica semper communes (societas) habuit. Clément XIII, dans sa bulle pour le maintien de la compagnie,

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