suis point étonné de l'accueil que votre ouvrage a reçu du public, et je vois avec plaisir que M. l'évêque d'Autun se propose d'en récompenser l'auteur. » Belles promesses, dont retentissent les antichambres des dispensateurs des grâces, mais qui restent stériles jusqu'à ce que le souffle de la faveur vienne les féconder. Mon travail, heureusement, m'a toujours paru porter avec lui sa récompense, supérieure à toutes celles que peut dispenser la faveur. Aussi l'unique grâce que je demande en ce moment, et à laquelle il me sembleroit que j'ai quelque droit, pour avoir écrit la Vie du Dauphin, père du roi, celle du duc de Bourgogne et celle du roi Stanislas, c'est qu'il me soit perinis de publier encore celle de la feue reine, qui n'offrira, comme les précédentes, qu'un enchaînement de vertus touchantes et portées jusqu'à l'héroïsme. Cependant il y a un an que je sollicite en vain cette permission. J'ai fait un voyage exprès à Paris pour l'obtenir, et je croyois l'avoir obtenue, lorsque, de retour au Puy, j'appris que je m'etois trompé. M. Vidaud de la Tour, directeur-général de la librairie, et l'homme en place le plus honnête que je connoisse, fit agréer à M. le garde des sceaux que mon ouvrage, qui devoit être examiné par un homme d'état avant de l'être par un censeur royal, seroit mis sous les yeux de M. l'abbé de Radonvilliers, conseiller d'état. M. l'abbé de Radonvilliers eut la complaisance de lire très-attentivement tout mon manuscrit en ma présence, de me faire ses observations, et de me donner ses conseils; je souscrivis à toutes ses observations, je suivis ses conseils comme des ordres; et il m'assura qu'il rendroit compte à M. le garde des sceaux de mon édifiante docilité. Je sus qu'il l'avoit fait, et je m'attendois à recevoir la permission de faire imprimer, lorsque M. le garde des sceaux, me fit dire qu'il avoit remis mon manuscrit entre les mains du roi. Cette marche du ministre me rappela la petite malice d'un de mes camarades d'études qui, pressé de me rendre une orange qu'il m'avoit prise, la jeta par dessus les toits en me disant : « vas la reprendre si tu peux. » Ce n'est pas, assurément, que je craigne aucun censeur pour aucun de mes ouvrages; et j'aime l'idée flatteuse d'avoir un censeur roi. Le courtisan petit et vicieux craint de se voir tel qu'il est dans le miroir du vrai mérite; mais les dieux de la terre ne s'offensent point des justes hommages rendus aux vertus celestes; et la flatterie, assez lâche pour les supposer capables d'une si ridicule jalousie, afficheroit contre eux une satire punissable. Mais il me semble que M. le garde des sceaux, sans me faire faire tant de chemin inutile, auroit pu, tout simplement, commencer par où il finit. J'ai d'ailleurs quelque inquiétude : M. Vidaud de la Tour est pleinement convaincu que M. le garde des sceaux a remis mon manuscrit au roi; mais moi, à qui M. le garde des sceaux a dit tant de fois : je ferai ce que jamais il n'a fait, ne puis-je pas sans témérité former quelques doutes à ce sujet ? et le moyen de les éclaircir? Enfin, comme s'il falloit que la moindre petite production de ma plume ne pût échapper à l'animadversion de M. le garde des sceaux, j'adressai au mois de décembre dernier à l'auteur d'un journal une lettre que je n'avois pas craint de signer, dans laquelle je représentois à l'auteur d'un ouvrage imprimé avec approbation, qu'il avoit tort de blâmer aussi legerement qu'il le faisoit Louis-le-Grand et tout son conseil sur la revo cation de l'édit de Nantes, loi juste et sage, dont je lui prouvois qu'il ignoroit et l'esprit et la lettre, et la cause et les effets, et jusqu'à la date même, qu'il anticipoit d'un an. On me répondit que le censeur n'avoit osé prendre sur lui de laisser imprimer ma lettre sans y être autorisé par M. le garde des sceaux, et que ce ministre avoit refusé son autorisation'; cela est-il bien vrai? Ne m'a-t-on pas trompé? Peut-on croire qu'un garde des sceaux ne voie point d'inconvénients à ce que la calomnie outrage impunément la mémoire d'un de nos plus grands rois, et qu'il en trouve à ce que la vérité réclame, à ce qu'elle s'inscrive en faux contre les calomniateurs, à ce qu'elle démontre au public trompé combien sont ignorants ou de mauvaise foi tous ces petits auteurs, échos de Voltaire, qui tous les jours, dans leurs petits ouvrages, se donnent les airs de faire la leçon au monarque françois; et de l'inviter de rappeler au sein de ses états, avec la religion protestante, toutes ces semences de désordres religieux et civiles qui, pendant un siècle et demi, ont ébranlé le trône et déchiré la monarchie? 1 Les hommes en place, toujours injustes dès qu'ils sont foibles, caressent souvent le vice audacieux qu'ils redoutent, tandis qu'ils tiennent dans l'oppression la vertu dont ils croient n'avoir rien à craindre. Delà les contrastes les plus étonnants ; la noire calomnie osera rendre le trône odieux par des crimes supposés, et la vérité n'osera le montrer orné de toutes les vertus qui concilient le respect! FIN DES PIÈCES JUSTIFICATIVES DU TOME PREMIER. ÉCRIVAINS ECCLÉSIASTIQUES. Benoit Bacchini, religieux du Mont- Claude Fleury, 1723. Après avoir suivi Montpellier, qui n'a pas été à l'abri Noel Alexandre, dominicain, docteur de Nicolas le Nourry, bénédictin de Saint- Indes lui confera la prêtrise. On distingue parmi ses ouvrages les suivants: Journal du voyage de Siam ; La vie de David, et celle de Salomon; l'Imitation de Jésus-Christ, traduite en françois; l'Histoire de l'Eglise, en II vol., œuvre semée de détails indignes d'un pareil sujet. Mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV; avec l'abbé de Dangeau, quatre Dialogues sur l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu, la providence et la religion. Jacques Echard, dominicain, 1724. Il contribua à illustrer son ordre par la Bibliothèque des écrivains qu'il a produits. Le père Quétif avoit travaillé avant lui à cet ouvrage; mais il en avoit à peine fait un quart. Denys de Sainte-Marthe, général des bénédictins de Saint-Maur, 1725. Ses principaux ouvrages sont : Traité de la confession auriculaire; Réponse aux plaintes des protestants; Entretiens touchant l'entreprise du prince d'Orange; quatre Lettres à l'abbé de Rancé; Vie de Cassiodore; Histoire de saint Grégoire-le-Grand; une Edition des Euvres de ce pape. Il avoit entrepris, à la prière de l'assemblée du clergé de 1710, une nouvelle édition de la Gallia Christiana, et il en fit paroître 3 volumes. Cet ouvrage fut continué après sa mort, et le 13e vol. parut en 1785. Il manque quatre métropoles, Tours, Vienne, Besançon et Utrecht. La révolution vint disperser les nombreux matériaux qu'on avoit rassemblés pour terminer cet impor sur la morale et quatre sur le DécaJogue. Jean Pontas, célèbre casuiste, sous-pénitencier de l'église de Paris, 1728. Parmi les ouvrages qui font honneur à sa mémoire, on distingue : Scriptura sacra ubique sibi constans; un grand Dictionnaire des cas de conscience; des Entretiens spirituels, pour instruire, exhorter, et consoler les malades. Un grand nombre d'autres livres de piété. Gabriel Daniel, jésuite, 1728. Il fut bibliothécaire de la maison-professe de Paris, et mit au jour beaucoup de productions. Outre son Histoire de France, nous citerons: Entretiens de Clean the et d'Eudoxe, sur les lettres au provincial, de Pascal; plusieurs Ecrits sur les disputes du temps dont la plupart se trouvent dans le recueil de ses ouvrages philosophiques, theologiques, apologétiques et critiques. Zeger-Bernard Van-Espen, docteur en droit, de Louvain, 1728. Son association aux ennemis de l'Eglise, ses sentiments sur le Formulaire et sur la bulle Unigenitus le firent exiler. Il se retira à Maestricht, puis à Amersfort où il mourut. Le meilleur et le plus recherché de ses ouvrages est son Jus ecclesiasticum universum. Il est encore auteur de plusieurs Dissertations, sur la morale, le droit canonique, et même le droit civil. Antoine Dorsanne, docteur de Sorbonne, grand-vicaire et official du diocèse de Paris, 1728. Nous avons de lui un Journal contenant l'histoire et les anecdotes de ce qui s'est passé de plus interessant à Rome et en France, dans l'affaire de la constitution Unigenitus. François Masclef, savant hébraïsant d'A miens, 1728. Ses principaux ouvrages sont une Grammaire hebraïque, selon sa nouvelle méthode, c'est-à-dire, sans se servir de points. Les Conferences du diocèse d'Amiens; le Catechisme d'Amiens. |