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pour encourir une peine ecclésiastique, au for de la conscience, il est nécessaire que l'hérésie soit tout à la fois intérieure et extérieure.

Il est encore défendu par le droit, sous peine d'excommunication à encourir ipso facto, de lire les ouvrages des hérétiques qui renferment quelque hérésie, ou qui, sans renfermer aucune hérésie, traitent de la religion. Quoique cette excommunication ne soit pas en vigueur dans la plupart des diocèses de France, les curés prémuniront les fidèles contre la lecture des livres des hérétiques, des novateurs et des impies, qui attaquent la religion dans ses fondements ou dans quelques-uns de ses dogmes. Cette lecture est dangereuse pour les fidèles; elle l'est même pour un certain nombre d'ecclésiastiques.

343. L'apostasie consiste dans le renoncement au christianisme; c'est un abandon entier de la foi chrétienne. Elle diffère donc de l'hérésie, en ce que l'apostat rejette tous les articles de la foi, tandis que l'hérétique n'en nie que quelques-uns, continuant de professer le christianisme.

L'apostasie entraîne les mêmes peines canoniques que l'hérésie; par conséquent, comme il nous parait que les impies qui professent l'athéisme ou le déisme doivent être rangés parmi les apostats, il faut reconnaître qu'ils encourent l'excommunication et les autres peines canoniques portées contre les hérétiques (1). Mais il n'en est pas de même de ceux qui, étant indifférents en matière de religion, ne professent rien, ni la vérité ni l'erreur.

CHAPITRE II.

De l'Espérance.

344. L'espérance est une vertu surnaturelle, par laquelle nous attendons avec confiance la béatitude éternelle et les moyens d'y arriver; parce que Dieu nous les a promis, et qu'il est infiniment bon, tout-puissant et fidèle en ses promesses.

(1) Le Rédacteur des Conférences d'Angers, sur le Décalogue, conf. 1. quest. 4, définit l'apostasie : « Un abandon entier qu'une personne baptisée fait de la « foi de Jésus-Christ, pour professer le judaïsme, le paganisme, le mahoiné« tisme, l'athéisme ou le déisme. » On trouve la même notion dans les Instructions sur le Rituel de Toulon, etc.

La vie éternelle, et la grâce ou les secours surnaturels pour la mériter, sont l'objet de la vertu d'espérance. Le motif de cette vertu, motif de confiance, se tire de la bonté, de la puissance et de la fidélité de Dieu, qui ne peut manquer à ses engagements.

On peut dire de l'espérance ce que l'Apôtre dit de la foi, que sans elle il est impossible de plaire à Dieu; elle est donc indispensablement nécessaire au salut, nécessaire de nécessité de moyen. Quelque nombreux, quelque grands, quelque énormes que soient nos péchés et nos crimes, nous devons espérer en la miséricorde de Dieu: si nous espérons, nous pouvons être sauvés ; si nous n'espérons pas, il n'y a point de salut pour nous. C'est tomber en enfer que de désespérer de son salut, dit saint Isidore de Séville : « Des<< perare est in infernum descendere (1). »

345. Il y a un précepte particulier pour l'espérance, comme il y en a un pour la foi. Nous sommes donc obligés de faire de temps en temps des actes d'espérance. Le saint-siége a condamné cette proposition : « Homo nullo unquam vitæ suæ tempore tenetur eli«< cere actum fidei, spei et charitatis, ex vi præceptorum divino« rum ad eas virtutes pertinentium (2).

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On doit faire des actes d'espérance: 1o quand on est parvenu à l'usage parfait de la raison, et qu'on est suffisamment instruit de la fin dernière de l'homme; 2° quand on est tenté de désespoir : c'est par des actes contraires qu'on résiste à ces sortes de tentations, en demandant au Seigneur qu'il augmente en nous l'espérance; 3° lorsqu'on est en danger de mort. Dans ce terrible moment, il faut s'unir à Dieu par l'espérance, en se rappelant les mérites infinis de Jésus-Christ, qui est mort pour le salut de tous. 4o On est encore tenu de faire des actes d'espérance de temps en temps pendant la vie. Passer un temps considérable, un mois entier, par exemple, sans faire absolument aucun acte d'espérance, ni explicitement ni implicitement, ce serait, à notre avis, une faute contraire au précepte dont il s'agit.

346. Il est encore d'autres circonstances où le précepte de l'espérance nous oblige indirectement, savoir: 1o quand on éprouve de fortes tentations contre une vertu quelconque, et qu'on est obligé de recourir à Dieu pour obtenir la grâce de les surmonter; 2o quand on est dans le cas d'accomplir le précepte de la prière; 3° quand on s'approche des sacrements, surtout s'il s'agit de recevoir le sacrement de la réconciliation.

(1) Lib. de Summo bono, c. 13. (2) Décret d'Alexandre VII, de l'an 1665

Mais pour accomplir le précepte de l'espérance, il n'est pas nécessaire d'en faire des actes explicites. Celui qui récite l'Oraison Dominicale, ou qui fait toute autre prière, qui entend dévotement la sainte Messe, qui reçoit un sacrement avec les dispositions requises, fait autant d'actes d'espérance. Il n'est pas nécessaire d'énoncer le motif de cette vertu, comme il l'est dans les formules des vertus théologales (1).

347. On pèche contre l'espérance par défaut et par excès : par défaut, en tombant dans le désespoir: par excès, en se laissant aller à la présomption. Le désespoir et la présomption peuvent être péchés mortels, indépendamment de toute circonstance qui pourrait en changer l'espèce: « Ista duo occidunt animas, dit S. Augustin, aut desperatio aut perversa spes (2).

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Quelquefois ces deux péchés sont accompagnés de pensées contraires à la foi, comme lorsqu'on croit qu'il est impossible d'accomplir les commandements de Dieu; ou que l'Église n'a pas le pouvoir de remettre tous les péchés; ou qu'on peut être sauvé par la foi seule, sans le concours des bonnes œuvres; ou qu'on fera son salut par ses propres forces, sans la grâce, ou par les mérites de JésusChrist, sans notre coopération. Dans ces différents cas, le désespoir et la présomption sont tout à la fois contraires à l'espérance et à la foi. Il ne suffirait pas par conséquent de déclarer en confession qu'on s'est rendu coupable de désespoir ou de présomption; il faudrait de plus faire connaître la circonstance qui change l'espèce du péché.

348. On pèche encore par désespoir en plusieurs autres manières: 1o quand on désespère d'obtenir le pardon de ses péchés, à cause de leur nombre et de leur énormité; 2o quand on désespère de pouvoir se corriger de ses mauvaises inclinations, à cause de la force de l'habitude et de l'expérience que l'on a faite de sa faiblesse : ce qui cause la paresse spirituelle et l'endurcissement dans le crime; 3o lorsque, considérant la grandeur de la gloire céleste et la bassesse de la nature de l'homme, on n'ose pas aspirer à cette gloire, et qu'on s'abandonne aux plaisirs des sens, à la jouissance des biens de cette vie, sans rien faire pour son salut; 4° lorsque, dans l'adversité, on désire la mort ou qu'on se la procure, au lieu de mettre sa confiance en la divine Providence; car nous devons espérer de la part de Dieu, non-seulement les biens spirituels, mais encore la délivrance des maux de cette vie, ou au moins la grâce de les supporter avec résignation et d'en tirer un plus grand bien;

(1) Voyez, ci-dessus, le no 334, etc. (2) Serm. LXXXIII.

5o enfin, quand on cesse de prier le Seigneur, parce qu'on n'obtient pas d'abord ce qu'on lui demande dans l'ordre du salut, oubliant que c'est surtout à une prière persévérante que Dieu accorde ses grâces, ou qu'il ne diffère de nous exaucer que pour nous accorder notre demande dans un temps plus favorable.

349. On pèche contre l'espérance par la présomption, quand on continue de pécher dans l'espoir que Dieu nous pardonnera aussi facilement dix péchés, par exemple, qu'il en pardonne cinq; quand on s'encourage à pécher, en comptant sur la facilité du pardon. Mais celui qui pèche par passion, tout en espérant le pardon, ne pèche pas par présomption. Il en est de même de celui qui persévère dans le péché avec l'espoir de se convertir un jour; il ne pèche pas précisément contre l'espérance, mais il pèche contre la charité envers lui-même, parce qu'il s'expose évidemment au danger de la damnation éternelle (1).

CHAPITRE III.

De la Charité.

350. La charité est une vertu surnaturelle, par laquelle nous aimons Dieu pour lui-même par-dessus toutes choses, et le prochain comme nous-mêmes par amour pour Dieu. Dieu, nous et le prochain, voilà l'objet de la charité; le motif, c'est Dieu lui-même, son infinie perfection : « Ex una eademque charitate, dit saint Au<< gustin, Deum proximumque diligimus; sed Deum propter Deum, « nos autem et proximum propter Deum (2). Qua charitate proxi«mum, ipsa charitate diligimus et Deum (3). » Saint Thomas s'exprime comme saint Augustin: «Ratio diligendi proximum Deus <«<est: unde manifestum est quod idem specie actus est quo diligitur Deus, et quo diligitur proximus (4). »

ARTICLE I.

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De l'Amour de Dieu.

351. On distingue l'amour parfait et l'amour imparfait. Le premier nous fait aimer Dieu pour lui-même, et appartient à la cha

(1) S. Thomas, Sum. part. 2. 2. quæst. 21. art. 2; S. Alphonse, Theol. moral. lib. n. n° 21.- (2) De Trinitate, lib. vII. c. 8. (3) Serm, CCLXV. — (4) Sum. part. 2. 2. quæst. 25. art. 1.

rité; le second nous fait aimer Dieu plutôt pour nous que pour luimême, et se confond avec l'espérance. Voici comme s'exprime saint Thomas: « Amor quidam est perfectus, quidam imperfectus. Per«fectus quidem amor est quo aliquis secundum se amatur, ut puta « cum aliquis secundum se vult alicui bonum; sicut homo amat « amicum. Imperfectus amor est quo quis amat aliquid, non secun« dum ipsum, sed ut illud bonum sibi ipsi proveniat, sicut homo « amat rem quam concupiscit. Primus autem amor pertinet ad cha« ritatem quæ inhæret Deo secundum seipsum, sed spes pertinet « ad secundum amorem, quia ille qui sperat, aliquid sibi obtinere intendit (1). »

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L'amour même de charité a des degrés : « Charitas, dit saint Augustin, meretur augeri, ut aucta mereatur et perfici (2). » Et quand il est parfait, il est encore susceptible du plus ou du moins. Tous ceux qui ont la charité aiment véritablement Dieu de tout leur cœur, et l'aiment par-dessus toutes choses; mais cet amour peut être plus ou moins fort, plus ou moins intense: «Non omnis chari«< tas est in summo, quantum ad intentionem actus. » Ce sont les paroles de saint Thomas (3).

352. On reconnait que l'amour est parfait, lorsque, en aimant Dieu pour lui-même, on met habituellement tout son cœur en lui, de manière à ce qu'on ne se permette aucune pensée, aucune affection, aucun désir qui soit contraire à la charité : « Ex parte diligen<«< tis tunc est charitas perfecta, dit le même docteur, cum aliquis << habitualiter totum cor suum ponit in Deo, ita scilicet quod nihil cogitet, vel velit quod divinæ dilectioni sit contrarium; et hæc perfectio est communis omnibus charitatem habentibus (4).

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Le désir de posséder Dieu rentre dans la charité parfaite, si nous tendons vers cette possession, plutôt pour la gloire de Dieu que pour nous-mêmes. C'est ainsi, par exemple, que le désir de l'apôtre saint Paul de mourir et d'être avec Jésus-Christ est un acte de charité d'un amour parfait : « Charitatem voco, dit saint Augustin, « motum animi ad fruendum Deo propter ipsum (5). ·

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353. C'est encore un acte de charité parfaite, que d'aimer Dieu à cause de sa bonté, qui est une de ses principales perfections, même autant qu'elle nous est avantageuse, ou qu'elle nous aide à accomplir la volonté divine, et à obtenir notre fin dernière, qui est d'ai

(2) Tract. v.

In Joannem.
(5) De Doctrina

(1) Sum. part. 2. 2. quæst. 17. art. 8. (3) Sum. part. 2. 2. quæst. 24. art. 4. (4) Ibidem, art. 8. Christiana, lib. III, c, 20.

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