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Jésus-Christ, dont il jugera si mal, que son jugement et ses maximes demeureront à jamais condamnés. Qui peut juger avec le monde que les biens de la terre sont les seuls qu'il faut désirer, et que les maux de la terre sont les seuls qu'il faut craindre ; e;. si Jésus, privé de tous les biens, et chargé de tous les maux de la terre par le jugement du monde, demeure toujours la vérité même, et le bienheureux Fils de Dieu ? Qui osera, encore un coup, juger avec le monde, qu'il faut soutenir ses intérêts, sa domination, sa gloire propre, au préjudice de tout; si à la fin Jésus-Christ se trouve condamné par ces maximes? Le monde est donc jugé par le jugement qu'il a porté de Jésus-Christ. Le Sauveur a jugé le monde en se laissant juger par le monde; et l'iniquité de ce jugement anéantit tous les autres à jamais.

Le monde, à vrai dire, ne sera jugé qu'à la fin des siècles. Mais saint Augustin distingue ici deux sortes de jugement, celui de condamnation à la fin des siècles, celui de discernement dans celui-ci. Il applique au dernier cette parole du Psalmiste: Jugezmoi, Seigneur, et discernez ma cause de celle de la nation qui n'est pas sainte (1). Ce discernement se fait clairement, par bien entendre le jugement que le monde a porté de Jésus-Christ. Le monde veut être flatté : le monde ne veut pas qu'on lui déclare ses vices : le monde ne veut pas qu'on condamne ses maximes le monde ne veut pas qu'on ne vive pas comme le monde, parce que par-là on le condamne. Tout cela a fait que le monde a condamné JésusChrist. Quiconque suit les maximes par lesquelles on

:

(1) Ps. XLII. I,

a condamné le juste, ne se discerne pas du monde, et il est jugé avec le monde. Sois attentif, chrétien! et discerne-toi de la nation qui n'est pas sainte, en condamnant en toi-même de bonne foi toutes ses maximes.

XVI. JOUR.

Vertu de la croix. Jésus tire tout par la croix. Le suivre jusqu'à la croix. Ibid.

Le prince de ce monde, le démon qui en est le maître par l'idolâtrie, va être chassé (1), et les fausses divinités abandonnées. Mais ce n'est pas assez de chasser le démon, il faut rendre l'empire à Dieu par Jésus-Christ. Et moi, dit-il (2), après que j'aurai été élevé de terre sur la croix, je tirerai tout à moi: j'entraînerai à moi toutes choses. Il y a dans la vertu de la croix de quoi attirer tous les hommes. Il y aura des hommes de toutes les sortes, et non-seule ment de tout sexe, mais encore de toute nation, de tout génie, de toute profession, de tout état, qui seront si puissamment attirés, qu'ils viendront en foule à Jésus. Et de cette bienheureuse totalité, que Dieu a unie par son éternelle et miséricordieuse élection, aucun ne demeurera. L'action du crucifiement semble avoir élevé Jésus pour être l'objet de tout le monde : il est en butte à toute contradiction d'un côté; et de l'autre, il est l'objet de l'espérance du monde. Il falloit qu'il fút élevé comme le serpent

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dans le désert, afin que tout le monde pût tourner les yeux vers lui, comme il dit lui-même (1). La guérison de l'univers a été le fruit de cette cruelle et mystéricuse exaltation. Allez au pied de la croix, et dites-y au Sauveur avec l'Epouse: Tirez-moi, nous courrons après vous (2). La miséricorde qui vous fait subir le supplice de la croix, l'amour qui vous fait mourir, et qui sort par toutes vos plaies, est le doux parfum qui s'exhale pour attirer tous les cœurs. Tirez-moi, de cette puissante et douce manière dont vous avez dit, que votre Père tire à vous tous ceux qui viennent (3). Tirez-moi de cette manière toute-puissante qui ne me permette pas de demeurer en chemin. Que j'aille jusqu'à vous, jusqu'à votre croix que j'y sois uni, percé de vos clous, crucifié avec vous, en sorte que je ne vive plus pour le monde, mais pour vous seul. Quand dirai-je avec votre apôtre Je vis non plus moi, mais Jésus-Christ en moi. Et encore: Je vis en la foi du Fils de Dieu qui m'a aimé, et s'est livré pour moi (4). Et encore: Je suis attaché à la croix avec Jésus-Christ. Et encore: La charité de Jésus-Christ nous presse; estimant ceci, que si un est mort pour tous, tous aussi sont morts en un seul. Jésus-Christ est mort pour tous; afin que ceux qui vivent, ne vivent plus à eux-mêmes, mais à celui qui est mort et ressuscité pour eux (5). C'est ainsi que Jésus-Christ nous attire. Il falloit, comme il vient de dire, que ce grain de froment tombat à terre pour se multiplier (6). Il falloit qu'il

(1) Joan. 111. 14, 15.- (2) Cant. 1. 3. (3) Joan. vi. 44. (4) Gal. (5) II. Cor. v. 14, 15.. . (6) Joan. x11. 24.

I. 19, 20.

se sacrifiât lui-même, pour nous faire tous en luimême une offrande agréable à Dieu. Le nouveau peuple devoit naître de sa mort.

Le Sauveur avoit déjà dit: Il faut que le Fils de l'homme soit exalté comme le serpent (1). Il avoit dit: Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous connoîtrez qui je suis (2). La connoissance de la vérité étoit attachée à la croix.

Je tirerai : j'entraînerai: considérez avec quelle douceur, mais ensemble avec quelle force se fait cette opération. Il nous tire, comme on vient de voir, par la manifestation de la vérité. Il nous tire par le charme d'un plaisir céleste; par ces douceurs cachées que personne ne sait que ceux qui les ont expérimentées. Il nous tire par notre propre volonté, qu'il opère si doucement en nous-mêmes, qu'on le suit sans s'apercevoir de la main qui nous remue, ni de l'impression qu'elle fait en nous. Suivons, suivons; mais suivons jusqu'à la croix. Car comme c'est de là qu'il tire, c'est jusque-là qu'il le faut suivre. Il le faut suivre jusqu'à expirer avec lui, jusqu'à répandre tout le sang de l'ame, toute sa vivacité naturelle; et se reposer dans le seul Jésus. Car c'est se reposer dans la vérité, dans la justice, dans la sagesse, dans la source du pur et chaste amour. O Jésus! que tout est vil à qui vous trouve; à qui est tiré jusqu'à vous, jusqu'à votre croix ! O Jésus! quelle vertu vous avez cachée dans cette croix faites-la sentir à mon cœur. Quand je serai élevé de terre. Je ne veux d'autre élévation que celle-là: c'est la vôtre que ce soit la mienne. (1) Joan. 111. 14. — (2) Ibid. v111. 28.

Songez que tout ceci se dit à l'occasion de l'entrée de notre Seigneur, et peut-être le propre jour ou le lendemain qu'elle se fit. Admirez, encore un coup, comme il conserve à ce beau triomphe le caractère de croix et de mort.

XVII. JOUR.

Les incrédules n'ouvrent point les yeux à la lumière ils marchent dans les ténèbres. Joan. XII. 34-37.

COMMENT dites-vous qu'il faut que le Fils de l'homme soit élevé (1) de terre? Il avoit parlé si souvent de cette exaltation mystérieuse; il avoit d'ailleurs si souvent parlé de la croix et de la nécessité de porter sa croix pour le suivre; qu'à la fin le peuple s'étoit accoutumé à l'entendre. C'est ce qui cause cette parole: Nous avons appris par la loi, que le Christ demeure éternellement. Et comment donc dites-vous que le Fils de l'homme doit être élevé, c'est-à-dire, crucifié. Qui est ce Fils de l'homme (2)? Il y avoit de la vérité et de l'erreur dans ce discours. Ils avoient raison de dire, que le Christ devoit demeurer et régner éternellement; mais ils ne vouloient pas entendre par ой il lui falloit passer, pour arriver à son règne. Le maître étoit au milieu d'eux, et il n'y avoit qu'à le consulter, après que Dieu avoit attesté sa mission par tant de miracles. Et c'est pourquoi Jésus leur (1) Joan. x11. 34. — (2) Ibid.

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