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épargner leur sang? Ce qui fait même qu'en leur découvrant la tempête qui les menaçoit, il leur montre le sûr asile qu'ils pouvoient trouver sous ses ailes. Jérusalem, Jérusalem, qui fais mourir les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfans sous mes ailes, comme la poule renferme son nid sous les siennes : et tu n'as pas voulu (1). N'impute donc tes malheurs qu'à toi-même : et si tu veux les éviter, reviens à moi. Il est encore temps, et je suis prêt à te recevoir.

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MAIS l'endroit où Jérémie fit le mieux paroître l'image de la douceur et de la patience, qui devoit reluire dans la passion du Sauveur, fut celui où on le mit dans le cachot. Car alors sans murmurer, sans se plaindre, au milieu de tant de douleurs, et de tant d'angoisses, il parla en cette sorte: Mon ame a dit: Le Seigneur est mon partage: j'attendrai ses miséricordes, sans lesquelles nous serions déjà tous consumés. Le Seigneur est bon à celui qui espère en lui, et à l'ame qui le cherche : il est bon d'attendre en silence le salut que Dieu envoie. Loin de se plaindre de la longue suite des maux qu'il avoit eu à souffrir: Il est bon à l'homme, disoit-il, de

Matth. xx111. 37.

porter le joug, et d'être exercé par les souffrances dès sa jeunesse. Le solitaire s'asseyera et demeurera dans le silence: il ne s'agitera pas et ne criera pas dans ses douleurs, parce qu'il levera ce joug salutaire et le mettra sur lui-même. Quelque rebuté qu'il se sente par un Dieu qui semble le frapper sans miséricorde, il baisera la terre et mettant sa bouche dans la poussière, il attendra humblement, s'il y a encore quelque chose à espérer. Loin de s'irriter contre ses persécuteurs, il donnera sa joue à qui le voudra frapper, et se rassasiera d'opprobres (1). C'est ainsi que ce solitaire, cet homme accoutumé à se retirer sous les yeux de Dieu, et à répandre son cœur devant lui, porte en patience les injustes persécutions que lui fait son peuple, et ne se laisse aigrir par aucune injure.

Loin de s'arrêter à la main des hommes, qui, à ne regarder que l'extérieur, semble seule le frapper; il lève les yeux au ciel : Et, dit-il, qui est celui qui osera dire, que les maux puissent arriver autrement que par l'ordre du Seigneur ? Et qui dira, Le bien et le mal ne sortent point de la bouche du Très-haut? Ou pourquoi l'homme murmurera-til de ce qui lui est imposé pour ses péchés ? Recherchons nos voies dans le fond de nos consciences, et cherchons le Seigneur, et retournons à lui. Levons nos cœurs et nos mains au ciel vers le Seigneur, et disons-lui: Nous avons péché, et nous avons irrité votre colère; c'est pour cela que vous êtes inexorable. Vous nous avez couverts de votre fureur :

(1) Lament. 111. 22, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30.

vous nous avez frappés sans miséricorde: et vous avez mis un nuage entre vous et nous, pour empêcher notre prière de passer jusqu'à vous (1).

C'est ainsi que ce saint prêtre, à la manière des sacrificateurs infirmes, qui sont eux-mêmes revêtus de foiblesse, prioit pour ses péchés et pour ceux du peuple laissant au vrai sacrificateur, selon l'ordre de Melchisedech, la gloire de ne prier, et ne gémir que pour les autres. Et pour imiter le gémissement qu'il a fait pour nous à la croix avec un grand cri, et beaucoup de larmes (2); ce saint prophète dans ce lac affreux, dans ce cachot plein de boue, où le jour n'entra jamais sous cette pierre qui le couvroit par en-haut, et au milieu de ces tristes et impénétrables murailles, où il avoit à peine la liberté de respirer : dans la faim qui le pressoit, prêt à rendre les derniers soupirs, déploroit les calamités de son peuple plus que les siennes (3). Hélas, disoit-il, mes tristes prophéties nous sont devenues un lacet et un ravage inévitable: mon œil a ouvert des canaux sur mon visage, à cause de la ruine de la fille de mon peuple. Mes yeux affligés n'ont cessé de pleurer, et n'ont eu de repos ni nuit ni jour, jusqu'à ce qu'il plaise à Dieu de nous regarder en pitié du plus haut des cieux. Mes regards ont livré mon ame en proie à la douleur, pendant que j'ai vu périr toutes les villes sujettes à Jérusalem (4).

C'est ainsi qu'il pleuroit les maux de ce peuple ingrat; de ce peuple qui avoit tant de fois machiné sa mort, et qui l'avoit enfoncé dans le cachot, dans (1) Lament. 111. 37, 44. — (2) Heb. v. 7. (3) Lament. 111. 6, 7, et seqq. — (4) Ibid. 47, 51.

le dessein de le faire mourir. Ainsi au milieu de sa passion, Jésus traîné au calvaire par le même peuple, et portant sa croix, se retourna vers celles qui pleuroient ses douleurs, et leur dit: Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais sur vous, et sur vos enfans (1). Lui-même en regardant la ville où il devoit être crucifié dans peu de jours, pleura sur elle, en disant: Ha! si tu savois, ville ingrate et malheureuse, ce qui te pouvoit donner la paix : mais ton malheur est caché à tes yeux: viendront les jours, et ils sont proches, que tu seras ruinée de fond en comble, parce que tu n'as pas connu le jour où je te venois visiter (2). Et enfin : Jérusalem, Jérusalem, qui fais mourir les prophètes, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfans, comme une poule rassemble ses petits (3)? Et le reste que nous venons de réciter.

C'est ainsi que Jésus pleuroit Jérusalem : et il n'a point de plus parfaite figure de ses douleurs, que celles de Jérémie, et ces tristes lamentations, où il a si amèrement déploré la ruine de sa patrie, et pendant qu'il la prédisoit, et après qu'il l'eut vue accomplir, qu'encore aujourd'hui on ne peut refuser des larmes à des chants si lugubres.

Pleurons à cet exemple sur nous-mêmes: pleurons la perte de notre ame; et tâchons de la réparer, en la déplorant.

(1) Lue. xx111. 28. — (2) Ibid. x1x. 41, 44. —(3) Matth. xxiii. 37.

CIV. JOUR.

Jérémie priant avec larmes pour son peuple qui l'outrage, figure de Jésus-Christ.

CES larmes de Jérémie étoient une continuelle intercession pour son peuple. Que mes yeux deviennent une fontaine de larmes, et ne cessent ni jour ni nuit de verser des pleurs : parce que la fille de mon peuple est affligée d'une très-mauvaise plaie. Si je vas aux champs, je ne trouve que des gens passés au fil de l'épée; et sije rentre dans la ville, je n'y vois que des visages páles et exténués par la faim. Est-ce donc, á Seigneur, que vous avez rejeté Juda? ou que vous avez Sion en abomination? Pourquoi donc les avez-vous frappés, en sorte qu'il n'y reste rien de sain? Nous avons attendu la paix, et il n'y a aucun bien à espérer; nous avons cru que le temps de notre guérison alloit venir, et il ne nous a paru que trouble. Seigneur, nous avons connu nos impiétés, et les iniquités de nos pères : nous avons péché contre vous. Toutefois ne nous faites pas l'opprobre des nations, à cause de votre saint nom : et ne renversez pas le trône de votre gloire (1).... Si nos iniquités nous répondent, et s'opposent à la miséricorde que nous vous demandons; faites-la-nous néanmoins, non point pour l'amour de nous, et à cause de nos mérites, mais à cause de votre saint nom qui a été invoqué sur 1) Jeren. XIV. 17, 21.

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