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CX. JOUR.

Jonas dans le ventre de la baleine; autre figure de Jésus-Christ.

AGITÉ d'un de ces transports, que nous avons remarqué dans les prophètes, et que nous avons vu dans Jérémie, Jonas ne veut point aller prêcher aux Ninivites leur perte prochaine (1); de peur que si Dieu leur pardonnoit, comme son immense bonté l'y portoit toujours, les peuples païens ne se confirmassent dans leur incrédulité, et ne méprisassent ses menaces, et les discours de ses prophètes. Et pressé par cet esprit prophétique, qui le poussoit au dedans avec une force invincible à annoncer la ruine de Ninive, il lui dit : Voilà, Seigneur, une parole que je ne puis porter: je sais que vous êtes un Dieu clément, plein de miséricorde et de patience, d'une compassion infinie, et toujours prét à pardonner aux hommes leur malice (2) : vous pardonnerez encore à cette ville infidèle. On ne nous écoutera plus, quand nous parlerons en votre nom: nous annoncerons en vain à Juda et à Israël la rigueur de vos jugemens votre facilité et votre indulgence ne fera qu'endurcir les hommes dans le mal. Car il faut suppléer tout ceci, puisque nous l'avons déjà trouvé dans Jérémie. O Seigneur! ôtezmoi la vie, continuoit Jonas.(3): car il vaut mieux mourir, que d'être trouvé un prophète menteur, et

(1) Jon. 1. 2, 3. — (2) Ibid. 1v. 2.- (3) Ibid. 3.

exposer la prophétie à la dérision. On voit, en passant, que les ames touchées de ces impressions divines, sont élevées au-dessus de tout, et la mort ne leur coûte rien. Dans cette extrême détresse, nonseulement il tâcha, comme Jérémie, de ne point écouter la prophétie, et de s'étourdir lui-même contre cette voix; mais pressé par cet esprit prophétique, il s'enfuit de devant le Seigneur : et s'embarque à Joppé (1), pour aller de la Terre sainte où il étoit, à l'autre extrémité du monde. Car encore qu'on ne sache pas précisément qu'elle étoit la ville de Tharsis, on convient qu'elle étoit extrêmement éloignée du côté de l'Occident.

Il ne faut pas se persuader que le saint prophète crût que Dieu ne le verroit plus, ou qu'il sortiroit de son empire, lorsqu'il iroit dans les terres lointaines. Car nous l'entendrons bientôt dire aux nautonniers Je suis hébreu, et je révère le Dieu du ciel qui a fait la mer et la terre (2). De sorte qu'il voyoit bien qu'on ne pouvoit échapper à sa puissance, ni sortir de son domaine. Cette face de Dieu, qu'il tâche de fuir, cette présence qu'il veut éviter; c'est la face que Dieu montroit intérieurement à ses prophètes ; c'est la présence, dont il éclairoit leur esprit, lorsqu'il daignoit les inspirer. C'est cette face que Jonas crut pouvoir éviter en s'éloignant de la Terre sainte et du milieu du peuple d'Israël, où Dieu avoit accoutumé de répandre la prophétie. Il s'éloigna donc tout ensemble et de la Terre sainte et de Ninive, où il ne crut pas que Dieu voulût le ramener malgré lui d'un pays si éloigné. Mais il ne (1) Jon. 1. 3.- (2) Ibid. 9.

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fut pas plutôt embarqué, que Dieu fit souffler un vent impétueux : et la tempête fut si violente, qu'on craignoit à chaque moment que le vaisseau ne s'entr'ouvrit. Pendant que chacun invoquoit son Dieu avec des cris effroyables, et qu'on jetoit dans la mer toute la charge du vaisseau, Jonas, sans s'étonner d'un si grand péril, car nous avons vu souvent ces ames fortes, qui sont sous la main de Dieu, ne craignent rien que lui seul, descendit au fond du vaisseau, et dormoit d'un profond sommeil (1). C'est quelque trait de Jésus, qui, dans une semblable tempête, dort tranquillement sur un coussin; et laisse remplir de flots le vaisseau où il étoit avec ses disciples (2). Par un semblable mystère, et pour montrer qu'on n'a rien à craindre, quand on a Dieu avec soi, et qu'il n'y a en tout cas qu'à s'abandonner à sa volonté; Jonas dormoit parmi tant de cris, et tant d'horribles sifflemens des vents et des flots, jusqu'à ce qu'on l'éveilla, à peu près de la même manière qu'on fit le Sauveur, en lui disant : Pourquoi dormez-vous? invoquez aussi votre Dieu, afin qu'il se souvienne de nous, et que nous ne périssions pas (3). La main de Dieu ne quittoit pas le saint prophète. Il sentit d'abord que la tempête étoit envoyée contre lui: il vit jeter tranquillement le sort, que les passagers jetoient entre eux, pour découvrir le sujet de la tempête: il le vit tomber sur lui sans s'effrayer; car il avoit toujours dans l'esprit que la mort lui étoit meilleure, que d'aller prophétiser pour être dédit, et faire blasphemer la prophétie (4): et il dit hardiment aux nautonniers, qui le vouloient épargner: Jetez-moi dans la mer (1) Jon. 1.4, 5.— (2) Marc. iv. 37, 38. —(3) Jon. 1. 6. —(4) Ibid. 1v. 3.

sans hésiter, et la tempête cessera; car je sais bien que c'est pour moi qu'elle est excitée (1). Cependant ils le respectèrent, étonnés de sa prodigieuse tranquillité, et encore plus de la grandeur du Dieu qu'il servoit. Car comme on lui demanda, qui il étoit, il avoit répondu, qu'il étoit hébreu, et que le Dieu qu'il craignoit étoit le Dieu du ciel, et le Créateur de la terre et de la mer : et ils faisoient les derniers efforts pour arriver à terre, sans qu'il en coutât la vie à un si grand homme. Mais plus ils ramoient, plus la mer s'enfloit: en sorte qu'ils furent contraints de jeter Jonas dans la mer, en prenant Dieu à témoin, que c'étoit à regret qu'ils le noyoient; et qu'ils étoient innocens de sa mort, et aussitôt l'agitation de la mer cessa (2). Et voilà déjà, en figure de notre Sauveur, tout ce peuple sauvé par la mort, comme l'on croyoit, du saint prophète, à laquelle il s'étoit lui-même volontairement offert. Mais ce n'est pas là tout le mystère; et le reste nous est expliqué par le Sauveur même, lorsqu'il dit: Cette mauvaise race demande un signe, et il ne lui en sera point donné d'autre, que le signe du prophète Jonas: car comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans les entrailles de la baleine, ainsi le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre (3).

L'esprit de prophétie ne quitta point Jonas dans le ventre de cet énorme poisson: car il y chanta ce divin cantique (4) : J'ai crié du fond de l'abíme, et vous avez écouté ma voix les eaux m'ont environné tous vos gouffres et tous vos flots ont passé

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sur moi et j'ai dit : Je suis rejeté de devant vos yeux; mais je reverrai encore votre saint temple. Il sent donc qu'il sortira de cet abîme; et il le recommence encore en cette sorte: Les eaux m'ont pénétré jusqu'au fond: l'abíme m'a entouré : la mer a couvert ma téte : j'ai descendu au fond de la mer, et jusqu'à la racine des montagnes : je suis enfermé pour toujours dans les soutiens de la terre (1). Il n'y a point de ressource, dans la puissance créée. Mais vous, ó Seigneur mon Dieu, vous me releverez d'un si grand mal, et vous me préserverez de la corruption. Au milieu de mes angoisses, je me suis ressouvenu du Seigneur, afin que ma prière parvínt jusqu'à votre saint temple. Ceux qui mettent leur confiance dans de fausses divinités, abandonnent la miséricorde qui les peut sauver, et renoncent à la sainteté mais moi je vous ai immolé par ma voix. un sacrifice de louange : vous me sauverez, et je rendrai au Seigneur les vœux que je lui ai faits pour ma délivrance. Et le Seigneur commanda au poisson, et il jeta Jonas sur la terre (2), en figure de notre Sauveur, dont il est écrit ; qu'il fut libre entre les morts (3), comme Jonas l'avoit été dans cet abîme vivant, qui l'avoit englouti; et à qui David a fait dire au milieu des ombres de la mort : J'avois toujours le Seigneur en vue, parce qu'il est à ma droite, pour m'empêcher d'étre ébranlé : c'est pour cela que mon cœur a tressailli, que ma langue a été remplie de joie, et que mon corps s'est reposé en paix : parce que vous ne laisserez pas mon ame dans l'enfer, et que vous ne permettrez pas que votre saint éprouve la corruption. Au milieu de la mort, vous m'avez (a) Ibid. 7, et seq. (3) Ps. LXXXVII. 6.

(1) Joan. 1. 6.

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