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LA CÈNE.

PREMIÈRE PARTIE.

CE QUI S'EST PASSÉ DANS LE CÉNACLE, ET AVANT QUE JÉSUS-CHRIST SORTIT.

PREMIER JOUR.

Le Cénacle préparé.

Nous continuerons à partager ces Méditations en journées; et nous lirons le premier jour dans le chapitre xxvi de saint Matthieu, les versets 17, 18, 19; du xiv. de saint Marc, le ỳ. 12 jusqu'au 17; et du xxii. de saint Luc, depuis le . 7 jusqu'au ́ 13.

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Au premier jour des azymes, à la fin duquel il falloit immoler l'agneau pascal, les disciples vinrent à Jésus: et comme ils savoient combien il étoit exact à toutes les observances de la loi, ils lui demandèrent où il vouloit qu'on lui préparát la pâque (1). Ce sont les disciples qui lui en parlent. Les maîtres, à l'exemple de Jésus-Christ, doivent accoutumer (1) Matth. xxvi. 17. Marc. XIV. 12.

tous ceux qui sont à leur charge, à songer d'euxmêmes à ce que requièrent la loi de Dieu et son service, et à demander sur cela l'ordre du maître.

Et Jésus leur dit: Allez à la ville, à un certain homme (1). Les évangélistes ne le nomment pas : et Jésus même, sans le nommer à ses disciples, leur donna seulement des marques certaines pour le trouver. Allez, dit-il (2), à la ville. En y entrant, vous y rencontrerez un homme qui portera une cruche d'eau vous le suivrez; et entrant dans la maison où il ira, vous direz au maître : Où est le lieu où je dois manger la pâque avec mes disciples? et il vous montrera une grande salle tapissée : préparez-nous-y tout ce qu'il faudra.

Saint Marc nous apprend qu'il donna cet ordre à deux de ses disciples; et saint Luc nomme sainț Pierre et saint Jean.

Voici quelque chose de grand qui se prépare, et quelque chose de plus grand que la pâque ordinaire, puisqu'il envoie les deux plus considérables de ses apôtres; saint Pierre qu'il avoit mis à leur tête, et saint Jean qu'il honoroit de son amitié particulière. Les évangélistes ne marquent point que ce fût son ordinaire d'en user ainsi aux autres pâques, ni aussi qu'il eût accoutumé de choisir un lieu où il y eût une grande salle tapissée. Aussi les saints Pères ont-ils remarqué, que cet appareil regardoit l'institution de l'eucharistie. Jésus-Christ vouloit nous faire voir avec quel soin il falloit que fussent décorés les lieux consacrés à la célébration de ce mystère. Il n'y a que dans cette circonstance, où il (1) Matth. xxvi. 18. · (2) Luc. XXII. 8, 10, et seq.

semble n'avoir pas voulu paroître pauvre. Les chrétiens ont appris par cet exemple tout l'appareil qu'on voit paroître dès les premiers temps, pour célébrer avec honneur l'eucharistie, selon les facultés des Eglises. Mais ce qu'ils doivent apprendre principalement, c'est à se préparer eux-mêmes à la bien recevoir : c'est-à-dire, à lui préparer comme une grande salle, un cœur dilaté par l'amour de Dieu, et capable des plus grandes choses; avec tous les ornemens de la grâce et des vertus, qui sont représentés par cette tapisserie dont la salle étoit parée. Préparons tout à Jésus qui vient à nous : que tout soit digne de le recevoir.

Le signe que donne Jésus de ce porteur d'eau, devoit faire entendre à ses disciples, que les actions les plus vulgaires sont dirigées spécialement par la divine providence. Qu'y avoit-il de plus ordinaire, et qui parût davantage se faire au hasard, que la rencontre d'un homme qui venoit de quérir de l'eau à quelque fontaine hors de la ville? et qu'y avoit-il qui parût dépendre davantage de la pure volonté, pour ne pas dire du pur caprice de cet homme, que de porter sa cruche d'eau dans cette maison, au moment précis que les deux disciples devoient entrer dans la ville? Et néanmoins cela étoit dirigé secrètement par la sagesse de Dieu; et les autres actions semblables le sont aussi à leur manière, et pour d'autres fins que Dieu conduit de sorte que s'il arrive si souvent des événemens si remarquables par ces rencontres, qu'on appelle fortuites, il faut croire que c'est Dieu qui ordonne tout, jusqu'à nos moindres mouvemens, sans pourtant intéresser

notre liberté, mais en dirigeant tous les mouvemens à ses fins cachées.

Cet exemple nous fait voir que Jésus avoit des disciples cachés, que ses apôtres ne connoissoient pas, si ce n'est quand de certaines raisons l'obligeoient à les leur déclarer. Ainsi, quand il voulut faire son entrée dans Jérusalem, il envoya encore deux de ses disciples à un village qu'il leur désigna ; et leur ordonna d'en amener une ânesse qu'ils y trouveroient avec son ânon, les assurant, qu'aussitôt qu'ils diroient que le Seigneur en avoit affaire, on les laisseroit aller (1). Il avoit donc plusieurs disciples de cette sorte, et à la ville et à la campagne, dont il connoissoit la fidélité et l'obéissance et cependant il ne les découvroit à ses disciples que dans le besoin; leur apprenant par ce moyen la discrétion avec laquelle ils devoient ménager ceux qui se fieroient à eux, quand ce ne seroit que pour ne leur point faire de peine inutile, et ne leur point attirer de haine sans nécessité. Cette discrétion des disciples leur fait taire encore dans leurs évangiles, et si long-temps après la mort du Sauveur, le nom de celui dont il avoit ainsi choisi la maison, aussi bien que de celui où il envoya quérir l'ânon et l'ânesse. Ils ne taisoient pas de même d'autres noms : et par exemple, non-seulement on a remarqué que celui qui lui aida à porter sa croix, étoit un nommé Simon Cyrénéen; mais on circonstancie encore, qu'il étoit père d'Alexandre et de Rufus (2), connus parmi les fidèles. Tout se doit faire avec raison: il

(1) Matth. xx1. 2, 3. Marc. xi. 2, 3. Luc. XIX. 30, 31. — (1) Marc,

XV. 21.

y

a des personnes qu'il faut nommer pour mieux circonstancier les choses; il y en a d'autres qu'une certaine discrétion oblige de taire.

Saint Pierre et saint Jean trouvèrent les choses comme notre Seigneur les leur avoit dites. Le porteur d'eau ne manqua pas de se trouver à l'endroit de la ville par où ils entroient, et d'aller à la maison que notre Seigneur avoit choisie: comme l'ânon s'étoit trouvé à point nommé à l'entrée de ce village, lié à une porte entre deux chemins. Il se trouva aussi là avec beaucoup d'autres personnes inconnues, un homme, qui demanda aux deux disciples ce qu'ils vouloient faire de cet dnon (1). Et il sembloit que le hasard l'eût fait parler; mais non : car c'étoit précisément celui qui devoit laisser aller cet animal au premier mot des disciples, selon la parole de leur maître. Enfin il se trouva que cet ânon n'avoit jamais été monté. Car il le falloit ainsi pour accomplir le mystère, et pour montrer que le Sauveur devoit un jour monter et conduire un peuple indocile, c'est-à-dire le peuple gentil, qui jusqu'à lui n'avoit point de loi, ni personne qui l'eût pu dompter. Tout est conduit, les petites choses comme les plus grandes; et tout cadre avec les grands desseins de Dieu.

Voilà donc tout disposé. Le grand cénacle tapissé est prêt; on y attend le Sauveur. Voyons maintenant les grands spectacles qu'il y va donner à ses fidèles. Contemplons, croyons, profitons; ouvrons le cœur plutôt que les yeux.

(1) Marc, x1. 4, 5, 6.

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