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et si nous n'avons pas la mort dans le sein, il s'amasse des humeurs qui doivent nous faire craindre une rechute. Il faut donc craindre le fréquent usage de l'eucharistie, si on n'en vient à cet embonpoint spirituel, et à un état de force. Il est vrai, que c'est en la recevant, que nous devenons propres à la recevoir : c'est elle-même qui par sa vertu nous rend propres à elle-même et à ses effets; mais il en faut savoir tempérer l'usage. La marque la plus assurée dans les bonnes ames pour la recevoir souvent, c'est l'appétit spirituel qu'elles en ressentent; mais il faut savoir ménager cet appétit. Il y a des appétits de malade: il y en a que la santé donne. L'appétit est donc équivoque; et il faut le savoir connoître il faut savoir le réprimer, il faut savoir le réveiller; il faut quelquefois exciter l'ardeur par quelque délai, pour aussi augmenter le goût. Telle ame aura besoin qu'on le lui excite par quelque temps de lecture, et par la seule méditation de la parole divine. Goûter la parole de JésusChrist, c'est la marque qu'on le goûte lui-même, et la meilleure préparation à le goûter. Qui est le sage, qui entendra et qui discernera ces choses (1)? Qui est cet économe fidèle et prudent, qui saura donner le froment dont la distribution lui est confiée, en son temps et selon la mesure (2)? Remarquez qu'il y a le temps et la mesure à garder, et que ce dispensateur ne doit pas seulement être fidèle, mais encore prudent. Ainsi, que l'homme s'éprouve lui-même : car le temps de l'un n'est pas toujours le temps de l'autre; et la mesure de l'un n'est pas toujours la mesure de (1) Osee. XIV. 10. - (3) Luc. XII. 42.

l'autre. Il faut donc s'éprouver soi-même : et quand on dit s'éprouver soi-même, ce n'est pas à dire s'approcher ou s'éloigner par son propre jugement: car cette épreuve ne seroit ordinairement que la nourriture de l'amour-propre. Une partie de cette épreuve est de bien connoître qu'on ne se peut pas juger soi-même, et qu'on doit savoir chercher ce dispensateur prudent, qui connoisse le temps et la mesure qui nous est propre. Car ce n'est pas sans raison que le prince des pasteurs a donné à ses ministres le pouvoir de lier et de délier, de retenir et de remettre. Qu'on s'éprouve donc soi-même avec ce conseil, et selon l'ordre de l'obéissance. Tout ce qu'on fait dans cet esprit, porte grâce. Tel qui entend dire que la sécheresse est quelquefois une épreuve et un exercice, prendra sa langueur pour une grâce: tel aussi s'imaginera être de ces tièdes, que JésusChrist vomit de sa bouche, quand il ne sentira pas son goût, et que ce goût se sera, pour ainsi dire, retiré bien avant dans son intérieur. Qui est le sage, encore un coup, qui discernera ces choses?

Il faut aussi savoir connoître cette viande, qui sait comme la manne prendre toute sorte de goûts. Tantôt on nous y doit faire goûter l'humilité; tantôt la mortification; tantôt l'amour fraternel et celui des ennemis; tantôt la joie qui nous transporte en esprit dans le ciel; tantôt la sainte tristesse qui nous dégoûte du monde, et nous imprime des sentimens de pénitence. On nous doit faire prendre cette viande avec la disposition où le Saint-Esprit nous met; ou dans celle où l'on ressent qu'il nous veut mettre. Il faut, dis-je, vous la donner ou selon votre attrait

présent, ou pour vous inspirer celui dont vous avez besoin. Faut-il exciter en vous, ou y entretenir l'esprit d'ardeur et de zèle? Le charbon pris sur l'autel (1), n'est rien pour vous purifier, pour vous embraser, à comparaison de ce corps. Est-ce l'esprit de componction et de larmes qui vous est nécessaire? Ce divin corps en tirera plus de vos yeux, que la pécheresse n'en versa aux pieds du Sauveur. Seigneur, donnez à votre Eglise de ces prudens dispensateurs, qui sachent faire l'application de l'eucharistie. Seigneur, donnez à vos fidèles cette humble docilité, et la soumission aux conseils avec lesquels ils se doivent éprouver eux-mêmes.

XLIX. JOUR.

Sommaire de la doctrine de l'eucharistie.

Nous devons maintenant entendre, ce que c'est que ce sacrement; en quoi il consiste; quel en est le fruit; ce qu'on doit appeler le sacrement et le signe; ce qu'on en doit appeler le fruit et la chose.

Ceux qui ne veulent pas croire, que ce qui nous est présent est vraiment le corps et le sang de JésusChrist, disent que le pain et le vin sont le sacrement et le signe ; et que la chose c'est la réception de la chair et du sang de Jésus-Christ: puisque c'est là, disent-ils, ce qui est toujours accompagné de la vie, conformément à cette parole : Qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle : et qui me . (1) IS. VI. 6, 7.

mange, vit pour moi (1). Aveugles, qui ne veulent pas entendre qu'il y en a qui prennent ce corps sans le discerner; qu'il y en a qui le reçoivent en le profanant, et qui s'en rendent coupables; et que c'est ce qui doit être reçu avec épreuve, pour ne le pas recevoir indignement. Mais parce que les hommes peuvent recevoir mal un si grand don, en est-il moins ce qu'il est ?

La parole de Dieu est par elle-même une lumière qui éclaire l'homme, qui le purifie, qui le nourrit; en laquelle il a le salut et la vie : cela empêche-t-il qu'il y en ait qu'elle étourdit, qu'elle aveugle; qu'elle ne soit odeur de vie pour les uns, et odeur de mort pour les autres, et une lettre qui tue (2). Ce que les hommes la font devenir par leur mauvaise disposition, n'empêche pas ce qu'elle est par elle-mêine; ni ne lui ôte la force qu'elle tire de la bouche de Dieu d'où elle sort. Ainsi le corps de Jésus, ainsi le sang de Jésus, n'en sont pas moins en eux-mêmes esprit et vie, encore qu'ils ne le soient pas à ceux qui les reçoivent mal. Ceux qui croiront et seront baptisés, seront sauvés (3). Qui en doute, s'ils croient comme il faut; s'ils persévèrent à croire; s'ils ne mettent point d'obstacle à la grâce du baptême; s'ils sont soigneux d'en conserver la vertu? Ainsi, qui mange la chair, qui boit le sang, a la vie : oui, qui la mange et qui le boit dignement, et comme il faut. La chair mangée dans l'eucharistie, est au chrétien un gage de l'amour de Jésus-Christ, un témoignage certain que c'est pour lui qu'il s'est incarné, et pour lui qu'il s'est offert. Voilà le gage, voilà le signe, voilà

(1) Joan. vi. 55, 58.

(2) II, Cor. II. 16. 111. 6.—(3) Marc. xvi. 16.

le témoignage : mais il faut entendre ce gage; il faut être touché de ce signe; il faut croire à ce témoignage: autrement, qu'aurez-vous pris? Un gage, un signe, un témoignage de l'amour immense de votre Sauveur; mais sans en être touché, sans y prendre part: et ce précieux gage de son amour sera en témoignage contre vous: et vous serez de ceux dont il est écrit: Il est venu chez soi, et les siens ne l'ont pas reçu (1). Qu'est-ce que venir chez soi, si ce n'est venir à ceux qui sont à lui; il y vient donc, et il a été au milieu d'eux : mais ils ne l'ont pas reçu, parce qu'ils ne l'ont pas connu, ils ne l'ont pas discerné, ils ne l'ont pas traité comme le méritoit sa dignité et son

amour..

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Quel est donc le vrai effet, et la chose, pour ainsi parler, de ce sacrement? Etre incorporé à JésusChrist lui être parfaitement uni selon le corps et selon l'esprit être avec lui une même chair et un même esprit, par la consommation de ce chaste mariage (2): être de ses os et de sa chair, comme une épouse fidèle (3); mais être aussi de son esprit, en sorte qu'il jouisse tout ensemble de notre corps, de notre esprit, de notre amour, comme nous jouissons du sien en un mot, être le corps de JésusChrist, lui être uni membre à membre, comme les membres sont unis entre eux, comme tous le sont au chef (4): et cela pour toujours, sans jamais être en division, ni en froideur, ni avec lui, ni avec aucun de ses membres; parce qu'il veut non-seulement venir en nous, mais y demeurer. Il ne s'unit qu'à (3) Eph. v. 30.

(1) Joan. 1. 11. — (2) I, Cor. v. 16, 17. (4) I. Cor. XII. 27.

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