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comme d'un fard pour tromper le monde, et s'attirer les regards, et l'amour de la créature.

Quand on a le cœur pur, on a l'œil lumineux, et l'intention droite.

On évite l'avarice et la recherche des biens, quand on est vraiment pauvre d'esprit.

On ne juge pas, quand on est doux et pacifique : parce que cette douceur bannit l'orgueil.

La pureté de cœur fait qu'on se rend digne de l'Eucharistie; et qu'on ne prend pas comme un chien ce pain céleste.

On prie, on demande, on frappe, quand on a faim et soif de la justice on demande à Dieu les vrais biens, et on les attend de luì, quand on n'aspire qu'à son royaume et à la terre des vivans.

On entre volontiers par la porte étroite, quand on s'estime heureux dans la pauvreté, dans les pleurs, dans les afflictions qu'on souffre pour la justice.

Quand on a faim de la justice, on ne se contente pas de dire de bouche: Seigneur, Seigneur, et on se nourrit au dedans de sa vérité.

Alors on bâtit sur le roc, et on trouve le solide pour affermir dessus tout son édifice.

Les béatitudes sont donc l'abrégé de tout le sermon; mais un abrégé agréable: parce que la récompense est jointe au précepte; le royaume des cieux, sous plusieurs noms admirables, à la justice; la félicité, à la pratique.

II. JOUR.

Première béatitude: Etre pauvres d'esprit. Matth. v. 3.

Pour venir au détail, Jésus-Christ commence en cette sorte; Bienheureux sont les pauvres d'esprit, c'est-à-dire, non - seulement ces pauvres volontaires, qui ont tout quitté pour le suivre; et à qui il a promis le centuple, dans cette vie, et dans la vie future la vie éternelle mais encore tous ceux qui ont l'esprit détaché des biens de la terre ; ceux qui sont effectivement dans la pauvreté sans murmure et sans impatience; qui n'ont pas l'esprit des richesses, le faste, l'orgueil, l'injustice, l'avidité insatiable de tout tirer à soi. La félicité éternelle leur appartient sous le titre majoctueux de royaume. Parce que le mal de la pauvreté sur la terre, c'est de rendre méprisable, foible, impuissant; la félicité leur est donnée comme un remède à cette bassesse, sous le titre le plus auguste, qui est celui de royaume.

A ce mot: Bienheureux, le cœur se dilate, et se remplit de joie. Il se resserre à celui de la pauvreté; mais il se dilate de nouveau à celui de royaume, et de royaume des cieux. Car, que ne voudroit-on souffrir pour un royaume, et encore pour un royaume dans le ciel; un royaume avec Dieu, et inséparable du sien, éternel, spirituel, abondant en tout, d'où tout malheur est banni?

pas

O Seigneur, je vous donne tout j'abandonne

tout pour avoir part à ce royaume! puis-je être assez dépouillé de tout pour une telle espérance! Je me dépouille de cœur et en esprit : et quand il vous plaira de me dépouiller en effet, je m'y sou

mets.

C'est à quoi sont obligés tous les chrétiens. Mais l'humble religieuse se réjouit d'être actuellement dessaisie, dépouillée, morte aux biens du monde, incapable de les posséder. Heureux dépouillement, qui donne Dieu !

III. JOUR.

Seconde béatitude: Etre doux. Matth. v. 4.

BIENHEUREUX ceux qui sont doux. Apprenez de moi que je suis doux (1): sans aigreur, sans enflure, sans dédain, sans prendre avantage sur personne, sans insulter au malheureux, sans même choquer le superbe; mais tâchant de le gagner par douceur : doux même à ceux qui sont aigres n'opposant point l'humeur à l'humeur, la violence à la violence mais corrigeant les excès d'autrui paroles vraiment douces.

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Il y a de feintes douceurs, des douceurs dédaigneuses, pleines d'une fierté cachée: ostentation et affectation de douceur, plus désobligeante, plus insultante que l'aigreur déclarée.

Mais considérons la douceur de Jésus-Christ, dont le Saint-Esprit parle ainsi dans Isaïe: Mon (1) Matth. x1. 29.

fils, mon serviteur que j'ai élu, mon bien-aimé où j'ai mis ma complaisance : je mettrai en lui mon esprit, et il annoncera la justice aux nations. Il nç sera point contentieux: il ne criera point, et on n'entendra point sa voix dans les places publiques; il ne brisera pas le roseau cassé, et n'éteindra pas la mèche qui fume encore (1). C'est ce qu'Isaïe en a vu en esprit; c'est ce que saint Matthieu a trouvé si beau, si remarquable, si digne de Jésus-Christ, qu'il prend soin de le relever (2).

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Il est doux envers les plus foibles: quoiqu'un roseau déjà foible soit rendu encore plus foible en le brisant; loin de prendre aucun avantage sur cette foiblesse, il se détournera pour ne pas appuyer le pied dessus. Faites-en autant à votre prochain infirme. Loin de chercher l'occasion de lui nuire, prenez garde que par mégarde, et comme en passant, vous ne marchiez sur lui, et n'acheviez de le rompre. Mais quel est ce prochain infirme, si ce n'est le prochain en colère, et le prochain qui s'emporte? Il est brisé par sa propre colère, et ce foible roseau s'est cassé en frappant; n'achevez pas de le rompre en le foulant encore aux pieds. C'est encore ce que veut dire la mèche fumante. Elle brûle; c'est la colère dans le cœur : elle fume; c'est quelque injure, que le prochain irrité profère contre vous. Gardez-vous bien de l'éteindre avec violence. Ecoutez ce que dit saint Paul (3) Ne vous vengez point, ne vous défendez point, mes bien-aimés ;

(1) Is. XLII. 1, 2, 3.

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XII. 19.

mais donnez lieu à la colère. Laissez-la fumer un peu, et s'éteindre comme toute seule. Si elle fume, c'est qu'elle s'éteint: ne l'éteignez pas avec force: mais laissez cette fumée s'exhaler et se perdre inutilement au milieu de l'air, sans vous blesser ni vous atteindre.

C'est ce que fait le Sauveur, lorsqu'il souffre tant d'injures sans s'aigrir. Vous êtes possédé du malin esprit, lui dit-on. Qui est-ce qui songe à vous faire mourir (1)? Et il répond sans s'émouvoir : Je ne suis point possédé du malin esprit; mais je rends honneur à mon Père, et vous me déshonorez (2). Et encore en un autre endroit, lorsqu'on lui fait le même reproche: Vous vous fâchez contre moi; parce que j'ai fait un miracle le jour du sabbat, pour guérir un homme (3). Vous le voyez; il n'éteint pas la mèche fumante, mais il la laisse s'évaporer, pour voir si ces malheureux, lassés d'accabler d'injures un homme si humble et si doux, ne reviendront point en leur bon sens.

Telle a été en général la conduite du Fils de Dieu; en particulier dans sa passion. Quand on le maudit, il ne maudit pas quand on le frappe, il ne se plaint pas (4).

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Si j'ai mal parlé, dit-il à celui qui lui donnoit ́un soufflet (5), faites-le-moi connoître : si j'ai bien dit, pourquoi me frappez-vous? Il lui appartient de dire: Apprenez de moi, que je suis doux (6). Il est comparé à un agneau, le plus doux des ani

(1) Joan. VII. 20. — (2) Ibid. vin. 49.

(4) I. Petr. 11. 23. (5) Joan. xvIII. 23.

(3) Joan. VII. 23. (6) Matth. XI. 29.

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