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par la Fondation universitaire et les subsides du Gouvernement. Par cet effort gigantesque dont vous voulez bien reconnaître aujourd'hui le succès, l'Eglise de Belgique assure à ses enfants le milieu qu'elle désire pour l'épanouissement simultané en eux de la science et de la Foi. Mais n'a-t-elle pas fait, en même temps, la preuve qu'on peut trouver, dans la foi même, les inspirations les plus puissantes pour appuyer et stimuler le zèle scientifique dans tous les domaines ? En respirant pendant quelques jours l'atmosphère louvaniste, vous remarquerez, je crois, Messieurs, que c'est le mariage de l'esprit religieux à l'esprit scientifique, qui seul explique l'abnégation dans le dévouement à l'œuvre commune et l'unité morale qui constituent vraiment les forces vives de notre institution.

Depuis sa réouverture en 1835, l'Alma Mater s'est donc efforcée à ne pas démériter. Mais allait-elle, dans cette nouvelle phase de sa vie, échapper aux destinées tragiques qui, une fois au moins par siècle, ont mis son existence en péril ? 1914 a été l'année fatale du premier siècle de notre Restauration ! Après l'horreur de la nuit du 25 août, le commandant allemand de Louvain demandait à un de nos maîtres si l'Université était bien détruite tout entière. Détruite ? Non, non seulement ensevelie dans un linceul de cendres! Ce linceul, par l'habitude des résurrections qu'elle a prise au cours des temps, elle le secouera dès le lendemain de la libération du pays! Ceux de ses anciens collèges que le sauvage incendie a anéantis ou ravagés, gardaient des restes précieux de son passé, mais ils avaient cessé de lui appartenir en 1797. De son siège officiel, les anciennes Halles aux draps de 1317, et de toutes les richesses qu'elles renfermaient, il ne restait plus que des murs calcinés et des pignons se dressant vers le ciel comme deux grands bras décharnés. Mais ces murs sont les symboles de l'institution on peut les dénuder, non les abattre !

Le Gouvernement belge qui a adopté notre ville, charge un habile architecte de la restauration de ce monument public, et la générosité des Etats-Unis, dans un magnifique geste de solidarité, érige un palais pour abriter les livres que les Comités établis par l'Euvre Internationale de Louvain font affluer de partout ici, à côté de ceux que fournit l'Allemagne en exécution de l'article 247 du Traité de Versailles. L'Université elle-même restaure ses bâtiments souillés et endommagés et se construit une nouvelle Ecole de Commerce pour remplacer celle que les flammes ont dévorée. Bientôt la Providence qui veille sur elle, lui assure, au moment opportun, les ressources nécessaires pour se donner les nouvelles installations. qu'appellent la multiplicité de ses étudiants et les progrès de la science. Voici surgir un Institut de Physiologie, un Institut de Chimie, un Institut d'Anatomie pathologique! Quelques années après la tourmente, Louvain a retrouvé et accentué son cachet si original de ville universitaire où, dans tous les quartiers, les instituts modernes éparpillent leurs constructions, de style varié, à côté des vieux collèges qui, bâtis sur un modèle plus uniforme, portent les noms de personnages illustres, leurs fondateurs, et rappellent le caractère cosmopolite de l'institution ; où le promeneur est sans cesse rappelé à l'idée du travail intellectuel par le visage de pierre de l'Alma Mater qui lui apparaît à chaque tournant de rue et par les souvenirs de son histoire qui fourmillent partout; où prédomine la population studieuse; où, loin de l'agitation des grandes villes, l'attention se concentre sans peine sur l'étude, dans l'intimité des relations intellectuelles qui s'entretiennent à l'aise.

Dans ce milieu qui est vraiment sien, après la tourmente du xxe siècle, comme après celles du xvie, du xvire, du xvine, l'Université développe à nouveau sa vie normale, forte de la protection divine que lui assure la Vierge, sa céleste Patronne, dont sera couronnée demain

l'antique statue, forte de l'attachement et de l'amour de tout le peuple belge aux destinées nationales duquel elle est intiment mêlée depuis cinq cents ans, forte du dévouement filial de tous ses anciens étudiants.

Tandis qu'à ces milliers d'enfants que l'étroitesse de ses locaux ne lui permet pas de grouper autour d'elle, elle adresse en ce moment solennel son maternel salut, elle saisit avec empressement les mains que lui tendent les représentants de ses consœurs de Belgique et de tous les pays du monde civilisé, émue d'une profonde gratitude pour le réconfort que fraternellement elles lui apportent !

Ne vous semble-t-il pas, Messieurs, qu'à ce geste, symbole des liens qui attachent les uns aux autres tous les membres de la société internationale des travailleurs de l'esprit, accourent s'unir, dans cette antique enceinte, appelées par l'objet même de la cérémonie, les âmes de nos grands ancêtres, des Juste Lipse, des Vivès et des Erasme, des Vésale, des Verheyen, des Van Helmont et des Rega, des Gemma Frisius, des Adrien Romanus, des Gérard Mercator et des Minckeleers, des Mudaeus, des Tulden, des Perez et des Zypaeus, des de Lantsheere, des de Harlez, des Cauchie, des Carnoy, des Louis Henry, des Van Beneden, des Van Gehuchten, des Dumont, et, conduisant le choeur, de celui que vos yeux, comme d'instinct, cherchent encore dans nos rangs, le Cardinal Mercier ?

Dans cette rencontre des gloires de son passé avec les délégués de tout le monde actuel de la science, l'Université de Louvain prend mieux conscience aujourd'hui de la grandeur de l'œuvre qu'elle poursuit avec vous, de sa perpétuité dans le temps, de son universalité dans l'espace. L'hommage que vous lui apportez, Messieurs, lui révèle la noblesse que lui assurent la longue durée et la gloire de ses aïeux. Mais à cette noblesse elle ne peut penser que pour se redire le vieil adage : « Noblesse oblige ».

Les Sciences exactes

dans l'ancienne Université de Louvain

Nous croyons ne pouvoir mieux rappeler ies services rendus aux Sciences mathématiques et physiques par l'Université de Louvain, au cours de ses cinq premiers siècles d'existence, qu'en reproduisant l'étude magistrale publiée ici-même, en 1884, à l'occasion du cinquantième anniversaite de la fondation de l'Université catholique, sous le titre : Les Sciences exactes dans l'ancienne Université de Louvain (1) et due à la plume savante et délicate de Ph. Gilbert.

L'éminent mathématicien Ph. Gilbert, qui fut l'une des gloires de l'Université catholique et l'un des principaux fondateurs de la Société scientifique de Bruxelles, écrivit avec une fierté et une joie filiales ces pages consacrées à retracer une portion du glorieux passé scientifique de l'Alma Mater. Très remarquées lorsqu'elles parurent, en 1884, elles restent le tableau le plus vivant « des travaux, de la physionomie et des mœurs » des Mathématiciens et Physiciens de l'ancienne Université (2).

Tout en reproduisant intégralement et sans modifications l'œuvre déjà quelque peu ancienne du professeur Gilbert, on a vu une certaine utilité à y joindre diverses annotations au bas des pages; le lecteur les reconnaîtra par l'astérisque qui les accompagne.

B. LEFEBVRE, S. J.

La Direction de la Revue des Questions scientifiques a eu l'idée heureuse, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la fondation de l'Université catholique, de consacrer quelques pages aux grands souvenirs de l'ancienne Alma Mater. Elle m'a convié à rappeler, dans ce recueil

(1) Revue des Questions scientifiques, oct. 1884, pp. 438-453.

(2) Ph. Gilbert a préféré nous présenter ici, au lieu d'une histoire suivie des Sciences exactes dans l'ancienne Université, une étude, tracée d'une façon digne de son talent, de quelques figures de savants de l'ancienne École louvaniste, choisies parmi les plus caractéristiques. Nous nous permettrons de compléter ces belles et IV. SÉRIE, T. XII.

2

destiné à faire ressortir l'accord du progrès scientifique avec la vérité religieuse, les traits de ces savants austères et laborieux qui ont illustré l'Ecole de Jean IV et de Martin V, et répandu tant d'éclat sur la Belgique pendant plus de trois siècles.

L'occasion est belle, en ce moment où l'Université catholique, établie sur les mêmes principes et poursuivant le même but élevé que sa devancière, fière des grands noms que celle-ci lui a légués, jette un coup d'œil sur le passé pour s'encourager à faire mieux encore et à s'élever plus haut; en ce moment où les vieux murs de l'Alma Mater résonnent encore de la parole du Recteur magnifique, glorifiant les nobles figures qui s'y sont succédé (1). Malheureusement, pour être à la hauteur de la tâche qui m'est confiée, pour retracer les travaux, la physionomie, les mœurs de ces glorieux ancêtres, il faudrait un pinceau plus coloré et plus habile que le mien. D'un autre côté, je ne voudrais pas tomber dans l'ennui d'une sèche énumération, déjà faite d'ailleurs bien des fois. Il semble que j'atteindrai mieux mon but en étudiant de plus près quelques figures choisies, que l'on saisira mieux ainsi la part de l'ancienne Université de Louvain dans le mouvement scientifique de l'Europe du xve au xve siècle, et c'est là surtout ce qu'il importe de mettre en lumière.

Laissons donc, dans la pénombre où ils ont laborieusement et régulièrement accompli leur tâche, les Beausart, les Stainier, les Jean Stade, les Thomas Fienus, les Sterck, les Sturmius, et tant d'autres. Laissons aussi de côté leurs nombreux et vaillants élèves, les Paul de Middelbourg, les Mercator, les Van Helmont (1). Arrêtons

attachantes pages de notre ancien maître en présentant, dans un fascicule prochain de cette Revue, une Note historique sur l'enseignement des Sciences mathématiques et physiques à Louvain, tel qu'il se donna dès l'ouverture de la Faculté des Arts, en octobre 1426, et aux diverses époques de l'Université jusqu'à la suppression en 1797. (1*) Mgr PIERAERTS, Rapport sur les Cinquante premières années

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