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nous à considérer seulement quelques savants revêtus de la toge académique, cités parmi les premiers de leur temps, et résumant en eux la puissance scientifique de Louvain Renier Gemma, au moment où elle commençait à fleurir; Adrien Romain, à l'époque de son plein épanouissement; Minckelers, aux dernières heures de son existence.

Renier Gemma, Gemma Frisius, comme on l'appelait du pays de sa famille, était né en 1508 à Dokkum, en Frise. Resté orphelin de bonne heure, il fit ses études à l'Université de Louvain, au collège de Groningue, et il y endossa bientôt après la robe de professeur (1).

de l'Université catholique. Ce rapport éloquent et substantiel, reproduit dans l'Annuaire de l'Université cathol., 1885, constitue une suite toute naturelle au Discours prononcé par son premier prédécesseur, Mgr DE RAM, le 10 mai 1854, à la séance publique de la Classe des Lettres de l'Académie Royale de Belgique : « Considérations sur l'histoire de l'Université de Louvain (1425-1797) ». Le discours de Mgr de Ram a été publié dans les Bulletins de l'Académie, t. 21, I, 1854, pp. 334-359, avec notes-annexes, pp. 359-405.

(1*) Né à Dokkum, le 8 décembre 1508, Gemma Frisius (le Frison) mourut à Louvain, le 25 mars 1555. Depuis que Gilbert a écrit les pages qu'on va lire, la vie et les travaux de Gemma « grand médecin et plus excellent mathématicien », comme s'exprime Guicciardin, ont été l'objet de fécondes recherches du professeur Ferd. van Oitioy, de l'Université de Gand ; il en a réuni les fruits dans un très riche mémoire, présenté à l'Académie Royale de Belgique Bio-Bibliographie de Gemma Frisius, fondateur de l'École belge de Géographie (Mém. in-8°, Classe des Lettres et des Sc. mor. et polit., 2o série, t. XI, 1920, 418 pages); ce mémoire a été analysé ici-même, en avril 1921, par le P. H. Bosmans. L'une des gloires de Gemma est bien d'avoir formé un incomparable élève, le géographe illustre Mercator (Gérard De Cremer, de Rupelmonde, 1512-1594), l'auteur de la plus ancienne carte topographique, c'est-à-dire à grande échelle, de notre pays : Exactissima Flandriae descriptio, dont nous avons parlé ici même (Rev. des Quest. scientif., janvier 1922). Les premières œuvres de Gemma furent des Globes terrestres et des Globes célestes, livrés au public dans les années 1530 et suivantes; dès 1536 ou 1537, Mercator y apporte parfois la collaboration de son burin, et son maître se plaît à le faire signer avec lui l'œuvre commune. Médecin et Mathématicien c'est souvent sous

La simplicité et la solidité de son enseignement, la valeur de ses travaux scientifiques groupèrent autour de lui de nombreux élèves qui lui firent honneur, et parmi lesquels il suffira de citer le géographe Gérard Mercator. Médecin distingué, recherché de tous à cause de l'aménité de ses mœurs, il était fort bien accueilli à la cour de CharlesQuint; mais, disent ses biographes, le docteur frison s'éloignait autant que possible d'un milieu où le langage simple et franc de la vérité n'était pas toujours de mise (1). Gemma mourut jeune, à quarante-six ans ; mais

ce double titre que Gemma signe ses ouvrages : par exemple, « Gemma Frisius, Apud Lovanienses Medicus et Mathematicus », Cosmographia, édit. 1539, nous le voyons occuper en 1537 une chaire de Médecine, et en carême de l'an 1543 inaugurer des leçons privées de Mathématiques, qui sont, nous dit-il, « de jour en jour plus fréquentées»; il enseigne « les éléments de l'Astronomie et de la Géométrie et l'usage du Planisphère parallelogrammique » (De Astrolabio, fol. 81). Son ancien élève, Suffridus Petrus, dans l'excellente notice qu'il lui consacre (De Scriptoribus Frisiae, Cologne, 1593), dit que Gemma donnait habituellement privatim in aedibus suis ses leçons de sciences mathématiques, auxquelles lui-même (vers 1547) assistait assidûment. Valère André, en ses Fasti academici, édit. 1650, chap. XII, ajoute que la réputation de ces leçons attirait à Louvain de très nombreux auditeurs, souvent appartenant à la noblesse ellemême. Veinulacus, en son Academia Lovaniensis, 1627. dit que Gemma paraît avon été le premier titulaire d'une chaire officielle de Mathématiques; nous reviendrons ailleurs sur ce détail histoique. Rappelons, avec Valère André, que Mercator, au début de sa carrière, donna, lui aussi, aux étudiants de Louvain, des leçons de Cosmographie. Mercator avait été promu Maître ès Arts en 1532 ; il avait été inscrit comme étudiant à l'Université le 29 août 1530. L'influence de Frisius sui son disciple Mercator a été fort bien exposée par le professeur van Ortroy, en divers endroits de son Introduction au Catalogue « Exposition de la Cartographie belge aux xvie, XVIe et XVe siècles » (ouverte en novembre 1926) organisée au Musée Plantin-Moretus à l'occasion du cinquantenaire de la Société Royale de Géographie d'Anvers.

(1*) Les globes terrestres et célestes, construits par Gemma dès 1530, avaient attiré aussitôt l'attention de Charles-Quint, toujours attentif à suivre les progrès des enseignements de sa chère Université de Louvain. On sait, de plus, que les sciences mathématiques le passionnèrent toute sa vie. Quand il était à Bruxelles, il convoquait parfois Gemma, pour converser de ces sciences « et surtout d'Astro

sa vie fut bien remplie, son activité prodigieuse; la flamme d'une pensée constamment ardente éclairait son visage pâle et délicat. Aussi sa renommée s'était répandue au loin et s'est conservée à travers les âges :

Immortale feres nomen, dum Gemma feretur

In digitis, fulvoque decens radiabit in auro,

disait déjà un des distiques composés en son honneur. Ne pouvant ni ne voulant donner ici le catalogue de ses nombreux écrits, j'en citerai au moins quelques-uns, remarquables par le succès qui les accueillit et par les idées qu'ils renferment.

Gemma Frisius n'avait que vingt-cinq ans, lorsqu'il mit au jour un opuscule intitulé: Libellus de locorum describendorum (Anvers, 1533) (1), reproduit plus tard dans

nomie et de Géographie, choses en quoi il était assez versé (non infeliciter versatus) » ; nous suivrons le récit de Suffridus, nous faisant con amore la biographie de son ancien professeur, Gemma : un jour, examinant les feuilles-minutes d'une mappemonde que Gemma allait publier, il y releva un détail incorrect : nul n'était plus au courant que le petit-fils de Maximilien Ier des quotidiennes modifications qu'apportaient à nos connaissances géographiques les découvertes incessantes des grands voyageurs de cette époque. Charles-Quint signala à Gemma la correction à faire, et dès que la mappemonde parut errore sublato le royal correcteur d'épreuves accepta la dédicace de l'oeuvre. Elle est intitulée : Charta, sive Mappa ut vulgus vocat, quâ continetur generalis totius Orbis descriptio; elle est imprimée à Louvain et datée de 1540.

(1*) L'opuscule De Locorum describendorum ratione, dans lequel Gemma publie sa mémorable invention, qui est restée l'idée-mère des méthodes topographiques modernes, parut pour la première fois en 1533, en annexe dans le seconde édition du Cosmographicus Liber Petri Apiani, integritati restituti per Gemmam Phrysium, à Anvers ; la première édition (1529) de ce remaniement de l'ouvrage d'Apian par Gemma, ne contenait pas encore cet opuscule De Locorum etc., mais on le retrouve dans toutes les éditions ultérieures de cette Cosmographie d'Apian et Gemma (Gilbert s'est servi de l'édition excellente d'Anvers, 1584) et aussi dans les nombreuses éditions d'un autre ouvrage de Gemma, le De Principiis Astronomiae et Cosmographiae, à partir de l'édition de 1547. L'intérêt de la date 1533 réside dans le droit de priorité d'invention, que cette date assure à Gemma et que Rudolf Wolf lui reconnaît; Gilbert citera tantôt, en note, le témoignage du savant allemand.

la bonne édition publiée à Anvers, en 1584, par Jean Beller, sous le titre Cosmographia, sive Descriptio universi Orbis, Petri Apiani et Gemmæ Frisii, Mathematicorum insignium, etc. On trouve dans cet ouvrage (p. 193 de l'édition Beller) des principes très nets, absolument conformes à ceux de la topographie moderne, sur l'art de dresser la carte d'un pays d'étendue modérée.

L'auteur suppose que l'on se rende sur un point élevé, tel que la cathédrale d'Anvers; que là, à l'aide d'un instrument dont il donne la description, on mesure les angles que forment avec la méridienne du lieu les directions des villes accessibles à la vue : Bruxelles, Louvain, Malines, Lierre, etc. Qu'ensuite on se transporte à Bruxelles, sur une tour élancée, et que l'on y fasse la même opération pour les droites visant les mêmes points que de la première station. Cela fait, on prendra sur une feuille de papier deux points, représentant Anvers et Bruxelles, leur distance étant reproduite à une échelle convenue. On tracera les méridiens de ces deux points, et l'on y reportera les angles de direction des villes de Louvain, Lierre, etc. On aura de cette manière deux droites, l'une partant d'Anvers, l'autre partant de Bruxelles, toutes deux passant par Louvain, et dont l'intersection donnera sur le papier la position de cette ville. Il en sera de même pour Malines et les autres points dont on a mesuré les angles de direction. Une figure éclaircit considérablement les explications que je viens de résumer. De plus, fait remarquer Frisius, lorsque les villes et les points importants auront été ainsi reportés sur la carte, leurs distances respectives se déduiront, par une simple proportion, de la distance entre Anvers et Bruxelles (1).

(1*) « Il est à remarquer que Gemma, dans son Libellus de locorum etc., paru à Anvers en 1533 (donc avant Munster, dans la Cosmographie duquel j'avais cru trouver la première indication d'une

Un autre ouvrage de Renier Gemma jouissait d'une grande réputation je veux parler de ces additions à la Cosmographie d'Apian, qu'il publia n'ayant que vingt et un ans (1). Il renferme, outre la solution des problèmes ordinaires de la Cosmographie, une description assez détaillée des diverses parties du monde, avec les coordonnées géographiques des points importants. On remarque, dans l'édition de 1584, des figures très curieuses renfermant deux, et jusqu'à quatre feuillets superposés et mobiles autour d'un centre. Elles ont pour but de rendre sensible la relation entre la latitude d'un lieu et la hauteur du pôle, ou servent à déterminer immédiatement la longitude et la latitude d'un point quelconque marqué sur la mappemonde, ou encore à trouver la phase de la lune, etc. Ces figures à fragments mobiles

triangulation), a proposé une opération semblable et même dans de meilleurs termes. >> RUDOLF WOLF, Geschichte der Astronomie, Munich, 1877, pp. 377-378.

(1*) La Cosmographie d'Apian, munie des additions et modifications de Gemma, parut en 1529. Pierre Apian, 1495-1555, ainsi appelé par latinisation de son nom allemand (Bienewitz, Biene signifie abeille, apis), professait les Mathématiques à Ingolstadt ; CharlesQuint assista à une de ses leçons et désormais lui accorda toute sa faveur : il chercha même à attirer ce maître à l'Université de Louvain. L'édition première de la Cosmographie d'Apian parut en 1524, à Landshut, aux frais de l'Empereur; ce n'était guère qu'une géographie: Gemma l'accrut d'une partie astronomique, où l'Astronomie sphérique était bien traitée. Parue à Anvers, en 1529, l'œuvre qui porta désormais les noms réunis d'Apian et de Gemma Frisius, eut plus de seize éditions latines avant la fin du siècle et fut traduite du latin en diverses langues. Nulle branche des Mathématiques ne passionnait autant les contemporains de Gemma que la Cosmographie, dont le but essentiel, à leurs yeux, était de déterminer par les observations célestes les positions des lieux, en longitude et en latitude, sur le globe terrestre. Le titre même de plusieurs éditions de l'ouvrage, Cosmographia sive Descriptio universi Orbis, montre qu'il faut donner ici au mot Cosmographie le sens qu'il conservait assez habituellement depuis les temps de Cassiodore (Instituț. divin. litter., c. 25) : la mesure et la description de la terre ; au xive s., le célèbre savant Oresme, le fondateur du langage scientifique français, disait : « Les anciens cosmographes, c'est-à-dire ceulx qui ont faict la description de la terre habitable. »

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