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t-il, essayer d'abord de comprendre la signification authentique de l'ascétisme chrétien et s'appliquer à connaître d'assez près nos grands mystiques. Peut-être alors eût-il saisi avec justesse l'angle restreint sous lequel une comparaison peut devenir instructive entre des termes aussi distants qu'une « Madeleine » et une Sainte Thérèse son livre eût décuplé de valeur. Mais, il faut bien le reconnaître, le Dr Pierre Janet, lorsqu'il parle des mystiques, ignore tout un côté de son sujet les rapprochements sommaires et indéfendables qu'il échelonne laissent une impression pénible.

Est-ce à dire qu'un croyant n'ait rien à tirer de ce volume, composé par un maître de la psychologie pathologique ? Au contraire. Tout catholique instruit sait combien l'Eglise demeure réservée dans le diagnostic du vrai mysticisme. Des saints, très expérimentés dans les voies de l'oraison, n'ont-ils pas opiné que, de leur temps, sur cent personnes réputées mystiques, il n'en était peut-être aucune qui ne se fit illusion? Pourquoi Madeleine, qui semble avoir été une honnête femme, n'aurait-elle pas, en dehors même de la Salpêtrière, des cousines à tous les degrés? On peut juger utile d'en dresser le signalement. Quant aux vrais contemplatifs, la sublimité de leur prière ne les soustrait pas aux lois psychologiques communes : il ne saurait donc nous être indifférent de mieux connaître le mécanisme, la portée naturelle et les déviations possibles de celles-ci afin de pouvoir, dans l'état mystique si complexe, discerner avec moins d'incertitude les facteurs naturels et les facteurs surnaturels. Pour cette tâche, les divers travaux de M. Pierre Janet fournissent des données utilisables, d'un maniement fort délicat, il est vrai.

J. MARECHAL, S. J.

WESTERN MYSTICISM. The teaching of S.S. Augustine, Gregory and Bernard on contemplation and contemplative life. Neglected chapters in the history of religion. By Dom CUTHBERT BUTLER, O.S.B. Deuxième édition. Un vol. de XCII-352 pages (14 × 22). — London, Constable and Co, 1927. 12 schellings.

Le Révérendissime Père Dom C. Butler, ancien abbé de

Downside, dont on sait la grande autorité dans les milieux de l'érudition et de l'histoire religieuse, réédite le livre excellent qu'il consacra, en 1922, au « Mysticisme occidental ». Ce travail solide, sobre et judicieux, reçut alors, aussi bien dans les cercles anglicans que chez les catholiques, l'accueil le plus flatteur. La seconde édition, accrue et remaniée, n'a rien perdu des qualités remarquables qui firent le succès de sa devancière. Le fond historique de l'ouvrage reste le même ; quant aux chapitres accessoires, le dessein de l'auteur s'y est précisé et élargi; si bien que son livre, sans laisser d'explorer d'abord la tradition occidentale ancienne, se trouve être l'un des plus actuels >> que l'on puisse écrire sur la mystique catholique.

A l'ouverture du volume, quatre-vingt-cinq pages de « Réflexions », écrites pour l'édition présente, initient le lecteur aux nombreux problèmes débattus, ces dernières années, entre catholiques, touchant la vocation contemplative et la nature des voies mystiques. Ceux mêmes qui n'adopteront pas toutes les thèses de l'auteur s'accorderont à reconnaître, dans la mise au point qu'il nous offre, un modèle de clarté, de calme et de sagesse. Indépendamment même de leur intérêt propre, ces « Réflexions » ajoutées (Afterthoughts) ne sont pas un hors-d'œuvre elles font mieux apprécier l'importance qu'aurait pour nous une connaissance exacte de ce que fut la théologie mystique occidentale avant l'apparition de certains traits adventices,qui,dès la fin du XIIe siècle, en compliquèrent le tableau (négativisme pseudo-dionysien; esprit systématique de la scolastique; estime excessive du merveilleux visions, transe physique, phénomènes paramystiques, etc.). A cette connaissance meilleure de la mystique préscolastique, Dom Butler apporte une contribution de premier ordre, en analysant, avec la sûreté d'un érudit de métier, la doctrine de trois Pères de l'Église latine, qui furent à la fois des lumières de la théologie et d'éminents contemplatifs : S. Augustin, S. Grégoire le Grand et S. Bernard. Tour à tour il les interroge sur les étapes de la vie spirituelle, depuis les préparations premières jusqu'au sommet, puis sur la valeur respective de la contemplation et de l'action, et enfin sur la vocation, plus ou moins largement ouverte, à une oraison supérieure.

Les réponses, fidèlement enregistrées et commentées, livrent un enseignement mystique très attachant, cohérent et dévot, plutôt pratique que théorique, peu soucieux de manifestations extraordinaires mais orienté directement vers l'union divine, éloigné donc de toute extravagance sans refuser pour cela aucune sublimité.

Dans sa sobriété relative, cet enseignement patristiquetout spécialement celui de S. Grégoire et de S. Bernard représente ce que l'auteur appelle le « mysticisme occidental » : entendons, non pas le résumé ou la moyenne des mysticismes qui fleuriront dans l'Occident chrétien, mais une sorte de culture pure des éléments primitifs et authentiquement << occidentaux » de notre mystique catholique. Voilà le Western Mysticism que Dom Butler propose très décidément en idéal à la piété moderne. Cette préférence accordée à la tradition ancienne n'implique aucune dépréciation des grands mystiques plus récents: dans le Prologue, dans l'Epilogue et dans les Appendices, ils sont généreusement cités et loués, surtout S. Jean de la Croix. Le point de vue comparatif même n'est point omis: le dernier Appendice donne une vingtaine de pages aux extases de Plotin et des mystiques non-chrétiens.

On ne saurait trop recommander cet ouvrage, où une science très avertie et une grande largeur de vues sont constamment soutenues par un impeccable bon sens.

XVII.

J. MARECHAL, S. J.

L'ORGANISATION SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL, par GEORGES BRICARD. Un vol. de 210 pages (11 X 17. Collection Armand Colin. Paris, Colin, 1927.9 francs.

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L'auteur, ingénieur en chef du Génie Maritime, expose les résultats de ses enquêtes, menées en 1920, aux Etats-Unis, les années suivantes en France. Il examine successivement les principes du système Taylor, l'organisation des usines, l'étude des temps et des procédés de travail, les divers modes de rémunération des ouvriers, l'adaptation du système Taylor à diverses industries, les méthodes d'organisation industrielle dérivées ou rivales des méthodes Taylor, l'application de ces dernières aux Etats-Unis et en France.

IV. SÉRIE. T. XII.

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Les défauts du Taylorisme ne sont pas dissimulés, et son application intégrale est déclarée impossible. Mais, par contre, la nécessité d'une organisation scientifique du travail est bien mise en lumière et les principaux éléments de ce problème très compliqué sont clairement exposés.

J. A.

XVIII. ESSAI SUR L'ÉVOLUTION DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE, par G.-H. BOUSQUET. Un vol. de XVI-314 pages (23 × 14). Bibliothèque internationale d'Economie politique. - Paris, Girard, 1927. 45 francs.

L'essai que nous présente, sous ce titre, M. Bousquet, pique la curiosité et provoque à la réflexion, ne fût-ce que par l'envie qu'il donne de le contredire.

Si le caractère scientifique d'un ouvrage se manifeste par la sobriété, par l'exactitude, par un scrupuleux souci de la mesure et même par je ne sais quoi d'impersonnel dans l'expression de la pensée, l'ouvrage de M. Bousquet n'est pas scientifique. Il abonde en épithètes, en appréciations, en jugements catégoriques, sommaires et hasardés.

L'auteur s'est fait une toise à laquelle il mesure le degré de valeur scientifique des écrits de tous les économistes. Il les classe. Tel système, telle théorie, telle idée, tel ouvrage est reconnu scientifique ou objectif; tel ou tel autre est déclaré non scientifique ou subjectif. C'est, nous dit-on, un nouveau point de vue d'où il convient de passer en revue toute la littérature économique.

Nous voulons bien; mais nous regrettons la manière et nous nous demandons, par exemple, ce que vient faire dans la préface de cet essai tout féru d'économie et de science une proclamation du genre de celle-ci :

«...L'auteur veut affirmer clairement qu'il repousse de la façon la plus absolue le thomisme, le néothomisme et autres constructions sentimentales plus ou moins en vogue, édifiés par une monstruosité logique sur une critique de la science que nous admettons pleinement ici. » (p. XIII).

Nous regrettons aussi que l'auteur, en vue de l'étiquetage auquel il comptait se livrer, ne se soit pas fait une conception de la science moins étriquée et plus réelle. Cela l'aurait dispensé de conclure, en paraphrasant Schopenhauer :

« Pour celui qui croit à la science, qui a la foi en elle, tout le reste n'est rien. Mais aussi pour celui qui, par l'analyse scientifique, a réussi à nier cette croyance et à la détruire en lui, cette science, si vivante et si réelle avec tous ses triomphes et tous ses espoirs, qu'est-elle ? - Rien. »

V. FALLON, S. J.

XIX. LES PROBLÈMES DE L'INDUCTION, par MAURICE DOROLLE, professeur agrégé de philosophie, au Lycée Condorcet. Préface de M. ANDRÉ LALANDE. — Un vol. de XII-147 pages (18 x 12). - Paris, Alcan, 1926. 12 francs.

Au sens antique, l'induction était synonyme de généralisation. Pour des raisons qu'indique l'auteur, les modernes ne partagent plus cette manière de voir. Pour eux, l'induction est le passage de la connaissance des faits à celle des lois qui les régissent.

Ces deux opérations ne sont pas cependant sans rapport entre elles. Généraliser, c'est établir des relations, portant le plus souvent sur des types, et c'est, en même temps, croire qu'une fois posées, ces relations restent valables. Cette croyance suppose évidemment que, par un travail logiquement justifié, nous ayons vraiment posé une relation essentielle. Établir une telle relation, c'est précisément le rôle de l'induction proprement dite.

Ainsi entendue, cette démarche de l'esprit, passant des faits aux lois, pose des problèmes de nature très différente. Les uns, métaphysiques, se réduisent, en dernière analyse, à celui-ci des lois sont-elles possibles? Le monde est-il exprimable en un tissu de pensées ? C'est, somme toute, la question à laquelle se sont efforcés de répondre Lachelier, Hamelin, Darbon. La solution, fût-elle satisfaisante, laisse sans réponse d'autres problèmes, logiques ceux-là : Comment déterminons-nous des lois ? Comment pouvons-nous être assurés que telle relation établie entre différents éléments d'un fait est véritablement une loi? D'où vient que les résultats de diverses inductions n'ont pas tous la même valeur ? Dans la pensée de M. Dorolle, ces problèmes sont plus importants que les premiers, car « nous avons le droit de croire à la valeur indéfinie de la loi, dans la mesure où nous pouvons aussi savoir nos concepts bien déterminés »

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