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On peut reconnaître d'ailleurs (Rev. Cath., 1859), par la date du voyage de Romanus à Paris, que sa part lui appartient bien et qu'il n'a rien emprunté à Viète (1*).

(1*) Au sujet de Romanus, émule de Viète dans l'invention de l'Algèbre, voyez l'article cité de GILBERT, Rev. Cath., 1859, pp. 397404. A ce propos, rappelons un ouvrage infiniment remarquable de Romanus, dont un exemplaire subsista dans la Bibliothèque de l'Université de Louvain, jusqu'au jour où celle-ci fut réduite en cendres dans le sac de Louvain en 1914: c'est le In Mahumedis Algebram Prolegomena, in-folio, sans frontispice. C'est un ouvrage dont l'impression était restée interrompue : l'exemplaire de Louvain comprenait les soixante-douze premières pages. Signalé par Valère André, dans sa Bibliotheca Belgica (1643), cet exemplaire fut cherché vainement par Gilbert (G., p. 527); le P. Bosmans eut la main assez heureuse pour retrouver l'ouvrage dans cette Bibliothèque même, peu d'années avant l'incendie, et il le décrivit dans son Mémoire : « Le fragment du Commentaire d'Adrien Romanus sur l'Algèbre de Mahumed ben Musa », publié dans les Ann. Soc. sc. de Bruxelles, 1906, t. 30. C'était, à l'époque où il fut anéanti dans l'auto-da-fé de la Bibliothèque, l'unique exemplaire connu de cet ouvrage ; depuis lors, on en a signalé un autre, encore existant, à Douai, de 72 pages aussi. Voyez au sujet de cette Algèbre arabe, dont Romain entreprenait de publier la traduction latine avec des commentaires très développés, la publication récente et très précieuse de L. CH. KARPINSKI, professeur à l'Univ. du Michigan, Robert of Chester's Latin translation of the Algebra of Al-Khowarismi, New-York, 1915 : le savant professeur joint au texte latin et à la version anglaise, une introduction (pp. 1-63) et des notes critiques. L'astronome Mohammed ben Mouça Al Hovarez, surnommé Al Khorizmi, bibliothécaire du khalife Al Mamoun, composa son Al Dgebr, à Bagdad, vers l'an 820. Au Moyen Age, deux traductions latines eurent grande vogue, l'une due à Gérard de Crémone, l'autre à Robert de Rétines, ou plutôt de Reading (Robertus Cestrensis), qui la date de Ségovie, an 1123 de l'ère espagnole (1145 de notre ère); nous avons parlé ici-même de cette Algèbre et de ces traductions (Rev. des Quest. sc., janv. 1908, pp. 262-263, et avril 1911, pp. 610-618). Romanus donnait et commentait la traduction de Robert de Rétines, d'après une copie excellente, reçue de Prague. Nous regrettons que Gilbert n'ait pas eu entre les mains cet ouvrage de Romanus, qui nous fait connaître beaucoup mieux que l'Archimède les idées de l'ami de Viète sur l'Algèbre. Ces idées, neuves et justes, y sont excellemment exposées et avec un progrès notable : « L'Algèbre ou la Science analytique, dit-il dès l'abord, a pour objet formel les équations : elle appartient, non à l'Arithmétique, ni à la Géométrie, mais à la Mathématique première (ad Mathesim primam), ou à la Science de la quantité en général (ad quantitatem universalem). » On peut penser

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Je me suis un peu attardé sur cette question intéressante, et reviens à la vie du géomètre louvaniste. Après avoir été honoré du rectorat en 1592, il fut appelé à l'Université de Wurtzbourg, en 1593, par l'empereur Rodolphe II, et ne revit plus sa patrie qu'à de rares intervalles. Il publia un assez grand nombre d'ouvrages sur les applications des Mathématiques, entre autres le Canon triangulorum sphaericorum, où il réussit à ramener tous les problèmes sur la résolution des triangles sphériques à six cas principaux, dont il renferme la solution dans une formule générale et unique (1).

que, si Romanus avait eu la joie de voir s'achever cette impression, que les typographes de Wurtzbourg (en 1597 ou 1598, semble-t-il) se refusèrent à poursuivre, l'œuvre eût fait jaillir sur son nom un éclat voisin de celui qui allait entourer le nom du grand Viète.

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(1*) Romanus fut l'un des restaurateurs de la Trigonométrie ; voy. H. BOSMANS, dans la Biogr. Nation., t. 19, col. 880-882 (no 50 et no 53). Le Canon triangulorum sphaericorum, Mayence, 1609, est le plus considérable et le plus connu des ouvrages consacrés par Romanus à la résolution des triangles; les figures très nombreuses imprimées en rouge et noir dans le texte, ont été dessinées par le P. Jean Reinhard Zigler, de la Compagnie de Jésus. Dans sa « Note sur la Trigonométrie d'Adrien Romain » (Bibliotheca Mathematica, de G. Enestroem, série III, t. 5, janvier 1905, pp. 342-354), le P. BosMANS a analysé trois autres ouvrages de Romain sur la Trigonométrie, plus anciens que le Canon triangulorum sphaericorum, et non moins importants pour l'histoire de la Trigonométrie. Cette science, chez Romanus, revêt un caractère plus algébrique que chez Viète, et ce n'est pas un léger mérite. Ce sont le Canon triangulorum rectangulorum, qui semble édité à Louvain, en 1593 ou peu après; la Mathesis polemica, ou l'Application des Mathématiques à l'art militaire, Francfort, 1605, et le Speculum astronomicum, Louvain, 1606, où se trouve, aux chapitres 2-7 du livre I, le plus ancien essai synthétique de notations trigonométriques connu : il reproduira cet essai dans le Canon triangul. sphaericorum. (Voyez aussi B., 3, 49, 50, 53.) Au point de vue des Mathématiques, les études du P. Bosmans, qui a été assez heureux pour avoir sous les yeux la plupart des travaux mathématiques de Romanus, souvent rarissimes, complètent singulièrement la bibliographie déjà excellente du Bibliothécaire de Wurtzbourg, A. RULAND, en ses articles : « Adrien Romain, premier professeur à la Faculté de Médecine de Wurtzbourg », publiés dans Le Bibliophile Belge, bulletin trimestriel, t. 2, Bruxelles, 1867.

Ayant quitté Wurtzbourg en 1610 pour occuper une chaire à Zamosc, en Ruthénie, il revenait en Belgique pour prendre les eaux de Spa, lorsqu'il fut atteint par la mort, à Mayence, en 1615 (1).

La fin du XVIIe siècle, la plus grande partie du xvine ne paraissent pas avoir été des époques d'activité scientifique à Louvain. Pendant qu'ailleurs l'Analyse, la Mécanique et l'Astronomie se renouvelaient profondément au souffle des idées de Descartes, de Galilée, de Leibnitz et de Newton, il ne semble pas que ce mouvement ait été secondé ni même suivi par l'Alma Mater. Les plaidoyers érudits de Mgr de Ram et de M. Arthur Verhaegen (2), à

(1*) Moins de dix ans après son arrivée à l'Université de Wurtzbourg, Romanus avait été frappé par un deuil : la mort de sa jeune femme; devenu veuf, il accepta l'offre que lui fit le prince-évêque, d'un canonicat à la collégiale de St-Jean l'Évangéliste à Wurtzbourg; vers 1603, lors d'un court séjour en sa patrie, il reçut les Saints Ordres, puis retourna prendre possession de son canonicat à Wurtzbourg; en 1607, il résigna sa chaire de Wurtzbourg, mais ne diminua point son activité scientifique. Le comte Jean Zamojski, chancelier du roi de Pologne, ayant fondé en 1588, au milieu des steppes sauvages, une petite ville baptisée en son honneur du nom de Samosc (à 75 kilomètres S.-E. de Lublin), et y ayant établi une université, Romanus fut invité, en 1610, par le chancelier, à venir y professer. Romanus se rendit à ses prières et accepta la chaire de Mathématiques « Ce n'est pas sans étonnement, dit Gilbert (G., p. 526), et sans une certaine admiration pour l'ardeur scientifique de ce tempslà, que l'on rencontre, en 1610, au fond de la Pologne, un Belge, un docteur de Louvain, dévoilant les secrets de la Géométrie et de l'Astronomie à une population naissante, à demi guerrière, sous les auspices et avec l'appui d'un si haut personnage. » Au début de l'année 1615, Romanus sentit s'accroître une défaillance de ses forces et un ébranlement de sa santé, qui déjà à plusieurs reprises l'avaient inquiété. Il se résolut à un nouveau retour en sa patrie, mettant quelque espoir en l'action bienfaisante de l'air natal et dans le recours aux caux de Spa, ad aquas Spadanas. Cette fois, le voyage ne devait point s'achever : « Il fut contraint de s'arrêter, et expira à Mayence, le 4 des nones de mai 1615, entre les bras de son fils Jacques Romanus, l'habituel compagnon de ses voyages » (FOPPENS, Biblioth. Belg., 1739, p. 19). Ce fut une mort très chrétienne, mais prématurée ; Romanus n'avait pas encore cinquante-quatre

ans..

(2) DE RAM, Considérations sur l'hist. de l'Univ. de Louvain

ce sujet, ne m'ont pas convaincu ; mais ce n'est pas le lieu d'approfondir la question, ni de rechercher les causes de cet engourdissement, qui ne sont pas du tout celles que lui a assignées M. Stas dans un discours un peu trop passionné (1). Je préfère m'arrêter, en finissant, sur la carrière d'un savant longtemps méconnu, qui peut-être aurait donné le signal d'une vive impulsion dans les sciences expérimentales, si les troubles politiques n'étaient venus ébranler, puis renverser la grande institution brabançonne.

Jean-Pierre Minkelers, né à Maestricht, en 1748, élevé chez les Jésuites, fut nommé professeur au collège du Faucon, à Louvain, en 1772, et c'est là qu'il fit la principale découverte qui fixera son nom dans les annales de la Science (2). Dans un Mémoire sur l'air inflammable,

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(1425-1797), Bruxelles, 1854. A. VERHAEGEN, Les Cinquante dernières années de l'ancienne Université de Louvain, 1884.

(1) Bull. de l'Acad. Roy. de Belg., t. XX, 1853, p. 401.

(2*) Né à Maestricht, le 2 décembre 1748, et mort en sa ville natale, le 3 juillet 1824, l'abbé J.-P. Minkelers, l'inventeur du gaz d'éclairage et de son application aux aérostats, fit ses humanités chez les Jésuites de Maestricht et étudia la Philosophie et la Théologie à Louvain; il reçut le sous-diaconat à Liége en 1770, et n'avança pas davantage dans les Ordres. Il professa la Physique à l'Université de Louvain de 1772 à 1788. La Biographie Nationale s'est enrichie en 1897, t. 14, col. 861-868, d'une Notice sur Minkelers, due à M. FR. DE WALQUE, professeur à l'Université de Louvain; écrite avec la haute et spéciale autorité que confère à ce successeur de Minkelers sa longue carrière scientifique, cette Notice complète excellemment les pages présentes de Gilbert. Nous dirons tantôt pourquoi nous nous permettons de croire que, dans cette Notice, à la col. 866, il faut lire 21 novembre 1783, et non 21 novembre 1784. Les pièces principales à examiner en vue d'une discussion des titres de gloire de Minkelers sont : 1° le Mémoire sur l'air inflammable tiré de différentes substances, rédigé par le professeur Minkelers, Louvain, 1784, in-8o, 50 pages; 2o la Notice sur Minkelers, lue par Ch. Morren à l'Académie Royale de Bruxelles, dans la séance du 15 déc. 1838, reproduite dans l'Annuaire de l'Acad., 1839, pp. 79-91, et dans l'Annuaire de l'Université catholique de Louvain, 1839 ; 3° deux pièces annexées par Mgr de Ram à cette Notice dans l'Annuaire de ľ Université, 1839, pp. 242-248: savoir un passage de l'ouvrage de

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imprimé en 1784, il raconte «< qu'au mois d'octobre de l'année précédente, ayant mis de la houille en poudre dans un canon de fusil, il a obtenu de l'air inflammable en abondance; cet air, ayant été pesé, fut trouvé quatre fois plus léger que l'air atmosphérique. » C'est bien le gaz d'éclairage, dont Minkelers était arrivé par lui-même à découvrir la fabrication et les propriétés. L'ouvrage de Faujas de Saint-Fond, Description des expériences aérostatiques de MM. de Mont-Golfier (Paris, 1784), annonce déjà que MM. Thysbaert, Minkelers et Van Bouchaute, de Louvain, avaient retiré de diverses substances un gaz inflammable propre à l'ascension des aérostats, et une lettre de Dey, secrétaire du duc d'Arenberg, publiée par Faujas, nous fait connaître plusieurs expériences, faites au château d'Héverlé, pour lancer des ballons gonflés par << l'air inflammable de la houille », que Minkelers avait distillé, en quantité très considérable, de ce « minéral » (1).

Barthél. Faujas de Saint-Fond, Paris, 1783-1784, et la lettre de Dey; de Bruxelles, 15 février 1784, pièces que cite ici Gilbert. On a publié à Bois-le-Duc, chez Teulings, en 1905, un recueil in-4o, comprenant le Mémoire de 1784, de Minkelers (non en fac-simile, mais très exactement), la Notice par MORREN, mais sans les deux pièces que nous venons d'indiquer, et une importante Notice sur Minkelers, par P. BOLSIUS, Directeur de l'Usine à gaz de Bois-le-Duc. L'orthographe Minkelers, et non Minckelers, ni Mincklers, est l'orthographe qui figure sur le titre et dans la signature de son Mémoire et sur ses diplômes d'Ordinations, ainsi que dans divers autographes que l'on a de lui.

(1*) Les frères Joseph et Étienne Montgolfier avaient effectué, le 3 juin 1783, à Annonay, le premier lancement public d'un ballon, gonflé à l'air chaud. Le 27 août 1783, à Paris, le physicien Charles lança le premier ballon gonflé à l'hydrogène ; il obtenait ce gaz, comme autrefois Paracelse, par l'action du vitriol sur le fer depuis Paracelse, qui découvrit ce gaz au xvIe siècle, on l'appelait « l'air inflammable » ; après les travaux de Lavoisier, il se nommera l'hydrogène. Minkelers ouvre son Mémoire (Louvain, 1784) en rappelant comment," peu de jours après que M. Charles eut lancé son batlon aérostatique, au moyen de l'air inflammable produit par la dissolution du fer dans l'acide vitriolique », le duc d'Aremberg, ami des sciences et de l'industrie et préoccupé de l'utilité possible des ballons, lui confia le soin de chercher, en collaboration avec M. Thysbaert

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