LIVRAISON DE JUILLET 1927 1. L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN, par Mgr P. Ladeuze. II. LES SCIENCES EXACTES DANS L'ANCIENNE UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. IV. LES MATHÉMATIQUES DANS L'UNIVERSITÉ RESTAURÉE, par M. F. Pages 17 47 73 V. LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE A L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN 101 VI. UN SIÈCLE DE BIOLOGIE A L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN, par M. P. Debaisieux. 114 135 VII. COUP D'EIL SUR L'HISTOIRE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE LA IX: VARIÉTÉS. :-.1. ALBERT GOCKEL, par le R. P. Th. Wulf. :2..QUELQUES ÉTUDES SUR LA PHOSPHORESCENCE D'APRÈS X. BIBLIOGRAPHIE. I. Ueber schwimmende Körper und die Sandzahl von mans 11. Cours d'analyse, I, par J. Hadamard; Éléments de géométrie infinité- III. Traité de balistique extérieure, II, par Charbonnier; Éléments de ther- IV. Le calcul des probabilités, par L. G. du Pasquier. M. Alliaume 216 VI. Mesures électriques, par J. Granier. G. Guében 220 VII. Thermodynamique et chimie, par A. Boutaric; Cours de chimie inor- 221 VIII. Où en est la chimie colloïdale, par P. Bary. F. M. 223 224 X. Les forêts congolaises et leurs principales essences économiques, par 226 XI. Contribution à l'étude des Invertébrés torrenticoles, par E. Hubault; XV. Le sang, par A. Bécart; La tuberculose, par E. Rist. P. Lambin. 232 234 XVII. L'organisation scientifique du travail, par G. Bricard. J. A. 241 242 XIX. Les problèmes de l'induction, par M. Dorolle; Les concepts scienti- 243 OUVRAGES RÉCEMMENT PARUS 247 L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN 1426-1927 (1) Le 7 septembre dernier, a sonné la première heure du sixième siècle de notre Université. En 1426, la ville de Louvain se trouvait ruinée à la suite de longs troubles civils et de l'émigration des ouvriers du drap qui en fut la conséquence. Et si, dans nos provinces, la lente évolution d'une même vie sociale dans la communauté des traditions, des intérêts et des aspirations tendait à son aboutissement naturel, l'unification politique, le Grand Duc d'Occident avait à attendre, pendant plusieurs années encore, l'occasion de devenir, selon l'expression de notre Juste Lipse, le fondateur de la Belgique : Conditor Belgii. La création, dans le pays, d'un centre de haute culture scientifique devait, en retenant la jeunesse sur place, en la soustrayant aux influences diverses de l'étranger, lui assurer une éducation commune et, par elle, la dernière préparation à l'indépendance nationale, laquelle, a écrit M. Pirenne, va de pair avec l'indépendance des esprits. L'érection de la nouvelle université à Louvain allait, dans les vues du magistrat de la ville, faire revivre l'ancienne capitale du Brabant. (1) Discours prononcé par Mgr P. Ladeuze, recteur magnifique de l'Université de Louvain, à la séance académique du 28 juin 1927, en présence de Leurs Majestés le Roi et la Reine, et de Son Eminence le Cardinal Van Roey, légat de Sa Sainteté pour la célébration des fêtes jubilaires. OF Depuis cette date, que de bouleversements dans ces Pays-Bas du Sud, qu'on a appelés un microcosme entre le monde latin et le monde germanique ! Les guerres de religion les séparent violemment des Provinces du Nord ; puis, pendant plus de deux siècles, passant de domination en domination, de la domination espagnole à la domination autrichienne, de celle-ci à la domination française, ils ne cessent point d'être, selon le mot d'un diplomate anglais, l'arène des armées de l'Europe. moderne. Ateme de tous ces bouleversements, l'Alma Mater de 1426 reste debout! Elle se sent jeune encore, au ⠀⠀⠀⠀⠀⠀moient de saluer, rassemblés autour d'elle pour fêter ses cinq cents ans, les héritiers de ceux qui l'ont appelée à l'existence et la foule des représentants de cent quarante universités ou établissements d'enseignement supérieur et de cinquante-huit institutions scientifiques, accourus ici de vingt-huit pays différents. SIRE, MADAME, Depuis le début de leur règne, Vos Majestés n'ont pas cessé d'entretenir dans leur peuple, par la parole et par l'action, le culte des grandeurs morales. Aux jours tragiques où se décidait le sort de la Patrie, Vous n'avez eu qu'à rester Vous-mêmes pour faire très simplement les gestes sublimes par lesquels Vous êtes entrés vivants dans l'histoire. En sauvant ainsi la Belgique, vous avez sauvé l'Alma Mater louvaniste qui ne serait plus ellemême si elle n'était plus belge. Et c'est à un double titre, Sire, qu'elle acclame en Vous le successeur du Duc de Brabant, Jean IV, à qui revient la première initiative de sa fondation. ÉMINENTISSIME CARDINAL Légat, Au xve siècle, le décret d'érection d'une Université devait émaner d'une autorité assez puissante pour faire reconnaître partout les privilèges internationaux qui lui étaient accordés. Martin V fut le vrai créateur de notre institution! Après lui, les Souverains Pontifes n'ont cessé de la tenir pour « la fille dévouée et fidèle de la Sainte Eglise Romaine » (c'est ainsi que Pie IV l'appelait déjà en 1561). Or, les joies d'une fille dévouée pourraientelles être complètes en l'absence de sa mère ? Que soit donc bénie Sa Sainteté Pie XI de daigner être présente à nos fêtes dans la personne de son Envoyé ! MESSIEURS, Vous êtes venus des cinq parties du globe former en ce moment autour de nous une couronne de gloire. En vous souhaitant la bienvenue, nous prenons conscience d'être bien encore, comme en 1426, un Studium Generale Si je recherche, Messieurs, les raisons profondes de votre démarche actuelle, il me semble qu'il faut mettre en première ligne l'admiration que, d'instinct, nous vouons aux choses qui durent. L'homme est impuissant en ce monde, parce qu'il ne fait qu'y passer. Imparfait, limité de toute part, il lui faudrait du temps pour réaliser les possibilités qu'il porte en lui; et le temps lui est si parcimonieusement mesuré ! La durée d'une œuvre nous apparaît comme un triomphe sur la caducité humaine. Elle assure à cette œuvre un caractère de grandeur qui la relève aux yeux de ceux qui s'y dévouent! Quand l'œuvre qui dure est consacrée au culte de la science, elle est, de plus, pour le savant, le symbole de la continuité des aspirations de l'humanité à la possession toujours plus complète du vrai. En elle, il salue avec émotion la mémoire de ceux qui ont posé les premières assises de l'édifice dont lui-même poursuit la construction, et, mieux que cela encore, la réalisation permanente d'une condition éminemment favorable à cet ouvrage, puisque, comme l'a dit Bourget, «< la durée suppose la plus sacrée des collaborations, celle des morts et celle des vivants, et, chez ces vivants, le respect de l'héritage qu'ils ont reçu et qu'ils ont à transmettre à ceux qui viendront ». Que cette condition se soit vérifiée dans l'histoire de notre Université jubilaire et que les Louvanistes de 1927 doivent trouver un puissant stimulant dans leur solidarité avec un passé cinq fois séculaire et leur communion avec les glorieux ancêtres dont ils gardent l'esprit, il faudrait, pour le montrer, un exposé que, victimes une fois de plus du temps, nous ne pouvons songer à faire au cours de cette séance. Je ne puis pas vous redire en ce moment ni le rôle de premier plan joué par la Faculté de Théologie, dès le XVe siècle et surtout dans la controverse avec Luther qui reconnaissait dans un de ses maîtres, Latomus, son plus puissant adversaire; ni l'influence exercée par la Faculté des Arts sur la propagation de l'humanisme et la renaissance de la critique littéraire, aux temps où Erasme, de sa chambre du Collège du Lys, gouvernait le monde savant et où Juste Lipse attirait les princes au pied de sa chaire; ni les origines de l'Ecole belge de droit que créa ici, sous la direction de Mudaeus, un mouvement d'idées juridiques analogue à celui de Cujas, en France, avant que l'action de celui-ci fût arrivée à la notoriété, et qui brilla surtout au xvIIe siècle dans le grand œuvre de la coordination du droit national; ni l'éclat jeté durant ce même xvIIe siècle et encore au xve, par la Faculté de Médecine, que Vésale illustra déjà vers les années 1530; ni les mérites de tant de travailleurs dans le domaine des sciences exactes, depuis Adrien Romanus, un des inventeurs de l'Algèbre moderne, jusqu'à Minckeleers, qui découvrit, dans les dernières années de l'Ancien Régime, les propriétés du gaz de houille. Mais, puisque la durée de l'action scientifique de l'Alma Mater retient en particulier aujourd'hui votre |