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faut se borner aux effets des remèdes connus par l'expérience, sans chercher à raisonner sur leur mode d'action et sans s'inquiéter, dans leur administration, ni de la nature, ni de la cause prochaine des maladies. Néanmoins, ils atténuaient cette affirmation en insistant avec force. sur le principe suivant qu'il est de toute nécessité de ne pas s'arrêter à l'exploration d'un seul organe; de ne pas étudier uniquement les symptômes là où existe la souffrance, mais d'interroger tous les organes, toutes les fonctions, afin de pouvoir apprécier les relations sympathiques d'un organe malade avec l'ensemble de l'économie.

Chacune de ces écoles, à côté des erreurs où elle se complaisait, vivait sur un fonds raisonnable, digne de considération. Les éclectiques se chargèrent alors de les épurer toutes et de ne garder que ce qui leur paraissait bon dans chacune. Celse et Pline sont de cette école, mais Galien est le plus illustre d'entre les éclectiques, Galien dont l'œuvre demeurera le substratum inviolé sur lequel va s'étoffer toute la médecine jusqu'au début du XVIe siècle, substratum filtré par l'imagination colorée des Arabes et enrichi de leurs précieux commentaires.

Il serait injuste cependant de ne pas mentionner certains soubresauts de la conscience médicale au XIVe siècle. Nous y voyons, en effet, de timides tentatives de dissections publiques du cadavre humain, conduisant fatalement à un fléchissement du joug galénique; en même temps, la pratique de la médecine se complique d'observations personnelles où là controverse, hier sacrilège, suscite l'intérêt ; en chirurgie, nous assistons à des interventions louables à la suite de diagnostics méritoirement établis. Cette soif de vérité toujours plus vive, cet esprit d'indépendance scientifique allant sans cesse s'affranchissant des vieilles doctrines, les observations anatomiques devenant plus fréquentes, le xve siècle nous IV. SÉRIE. T. XII.

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apparaît comme une porte qui s'entr'ouvre sur la médecine moderne.

En effet, ce siècle est celui où l'on enseigne le grand commentaire sur Avicenne; on y analyse et explique le IXe livre de Rhozès Al Mansour, sans oublier les autres. « Tout ce que la théorie a imaginé, dit Daremberg, tout ce que la pratique a observé, est venu se grouper autour de ces auteurs, et ainsi le xve siècle nous apparaît comme un sommaire; c'est en même temps une préface, puisque dès les premières années, ce siècle, s'engageant dans les sentiers qui n'étaient presque plus fréquentés, publie des consultations, et laisse entrevoir l'étude de la nature derrière l'interprétation du texte. »>

N'oublions pas que l'invention de l'imprimerie, en lançant les idées jeunes, partout et au même moment, va aiguiser à l'extrême ce nouvel esprit de contrôle.

C'est donc au moment où l'esprit médical se dégage de la fétichiste admiration du passé pour aiguiller sa curiosité vers les recherches originales que la Faculté de Médecine de Louvain prend son rang dans le monde. Dorénavant, nos compatriotes pourront s'instruire sur place; ils ne seront plus tributaires des universités voisines. Aux yeux du duc de Brabant, pense M. le professeur Van der Essen, le séjour à l'étranger n'était pas de nature à entretenir le patriotisme ou le loyalisme. des sujets; le duc crut porter remède à la situation en établissant un Studium generale dans le centre de ses Etats.

La jeune Faculté établit ses premières assises dans l'hôtel de Rode, où le peintre Arnoul van Voorspoele égaya d'un pinceau artiste la sévérité des auditoires. Elle y résida jusqu'en 1432. Elle obtint alors l'usage de deux salles aménagées dans les Halles.

C'est le 18 octobre 1426, que s'amorcent les leçons, par les soins de Jean de Neele, docteur de l'Université de Cologne, arrivé de Bréda. Le programme des cours com

porte 1o l'enseignement des choses naturelles et non naturelles c'est-à-dire l'anatomie, la physiologie, l'hygiène; 2o l'exposé des choses praeter naturam, qui comprend les maladies, leur traitement et la matière médicale.

Aux débuts de l'école deux professeurs se partagent la besogne : ce sont les professores primarii désignés par le magistrat et stipendiés par lui.

Mais, un jour, à propos de l'attribution d'une de ces chaires de premier rang, un conflit surgit entre le Gouvernement et les édiles collateurs. On en référa à l'arbitrage du Sénat de Brabant qui prononça une sentence mitoyenne, en vertu de laquelle le magistrat serait tenu de formuler ses propositions et d'en soumettre l'exécution à l'agrément de Sa Majesté ou de son lieutenant. D'autre part, le pouvoir central serait tenu de doter la chaire ainsi patronnée d'un revenu annuel de cent cinquante florins. La discussion, pénible et ardente, ne dura pas moins de vingt-sept ans ; sa solution date de l'an 1601.

Ces deux professores primarii sont comme les piliers principaux du temple. Mais étaient-ils seuls à en supporter la voûte? Il est probable, pour ne pas dire certain, qu'eux-mêmes répartissaient leur lourde tâche entre quelques-uns de leurs meilleurs élèves et que les bacheliers, à l'exemple de Paris, étaient tenus à des lectures publiques dites lectiones inordinariae, tandis que les licenciés se chargeaient de cours plus solides en importance et régularité, les lectiones ordinariae.

D'ailleurs, nous savons par Molanus, que, dès le mois d'octobre 1428, les premiers bacheliers promus étaient tenus à des discussions publiques qui se répétaient tous les huit jours et où tous les canevas étaient admis, plaisants ou sévères, graves ou frivoles, à la condition qu'ils demeurassent dans la mesure d'étudiants honnêtes et de probe renommée.

Dès l'année 1443, le pape Eugène IV consacra cette

augmentation officieuse du personnel professoral, en créant au Chapitre de Saint-Pierre deux sièges de chanoines de deuxième fondation, réservés à deux professeurs de médecine qui prennent le rang de professores ordinarii. Ces nouveaux maîtres, ainsi désignés et rentés, ne pourront cependant jouir de leurs avantages et prébende qu'à la condition d'être célibataires. Ils perdent leur aumusse au jour de leur mariage. Ils cèdent le pas aux primarii qui, seuls, sont autorisés à présider les solennités et séances académiques.

Enfin, en 1617, les Archiducs Albert et Isabelle portèrent à six les membres de la Faculté, en fondant deux chaires nouvelles, dont les bénéficiaires prirent le titre de professores regii.

Pour ce qui regarde la division des matières, les primarii et les ordinarii se partageaient la médecine théorique et la médecine pratique, qui comprenaient la pathologie spéciale, la clinique, la thérapeutique. Les professores regii enseignaient l'un, l'anatomie en hiver, la chirurgie en été ; l'autre, les Institutes de médecine qui correspondent à la pathologie générale, et l'on y prenait pour guide le premier Canon d'Avicenne.

Quant aux étudiants, ils s'engagent à fournir la preuve de deux années d'assistance aux leçons, avant de se présenter au baccalauréat; tandis que quatre années sont exigées pour franchir le pas qui sépare le bachelier de la licence.

Une fois licencié, le récipiendaire, à la manière des magistri regentes de Paris, demeurait pendant quelque temps à l'Université, continuant ses lectiones ordinarias. Il allégeait ainsi la tâche de ses anciens maîtres et perfectionnait son propre savoir à ce contact plus prolongé.

Les sujets exceptionnels, les licenciés aisés, ceux qui se destinaient à la science pure ou à l'enseignement, ceux-là seuls briguaient les honneurs solennels et coûteux du doctorat. Cette dignité fut parcimonieusement conférée.

Le premier lauréat promu de l'Université de Louvain fut JEAN STOCKELPOT, proclamé en 1433. Dès le 26 mars de la même année, il commença ses cours. En 1444, il fut encore le premier à profiter de la prébende des chanoines de seconde fondation. Jean Spierinck dit de ce confrère, qu'il s'est distingué dans la pratique et qu'il acquit de la célébrité. Plus tard, il devint curé de la paroisse de Saint-Jacques. Le dernier lauréat reçut la toque, le 22 octobre 1783; il s'appelait Van Leempoel. De Stockelpot à Van Leempoel, nous comptons quatre-vingt-sept docteurs en trois cent septante ans !

Pendant le premier siècle de l'existence de la Faculté aucun personnage de premier plan n'est à signaler. Les professeurs sont d'honnêtes gens qui savaient tout ce que l'on était tenu de connaître à l'époque, mais le patrimoine scientifique qu'ils ont laissé à leurs successeurs est plutôt d'ordre moral ils ont admirablement préparé le siècle suivant sans faire eux-mêmes œuvre originale. Mais si nous comparons les noms des personnages qui enseignèrent à Louvain: Jean Vésale, Jean Spierinck, Henri Scatter, Jean Lucquet, Adam et Jacques Bobaert, à ceux de leurs contemporains des autres écoles, nous pouvons affirmer que, dans l'ensemble, notre Faculté occupe un rang honorable.

A Paris, par exemple, c'est notre compatriote, le Tournaisien Jacques Despars, qui brille à l'avant-plan. Or Pacquot ne trouve à son adresse que ce compliment qui ne manque pas d'acidité : « Quoi qu'il en soit, depuis la fondation de la Faculté de Médecine de Paris jusqu'au xve siècle, il n'en est sorti presque aucun médecin qui ait mérité qu'on conservât son nom, et Despars est le plus connu de tous ». Voici d'ailleurs un tableau pittoresque de ce que valait la pratique médicale : «... Les médecins de Paris, de ce temps-là, ne visitaient point les malades et se contentaient de donner des conseils sur les maladies. Ils étalèrent d'abord leurs secours dans l'église de Notre

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