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Dame. Quelques malades s'y traînaient jusqu'au Parvis ; d'autres y envoyaient leurs urines, etc.; d'autres enfin, consultaient les médecins par écrit ou par la bouche d'un témoin de leurs souffrances. On lit dans les registres des chirurgiens de Paris, que vers la fin du xve siècle, on portait «<l'urine à un médecin pour en juger, on lui baillait un Carolus pour ce qu'il ordonnoit médecine de succo rosarum. J'ai vu maître Tacquet, docteur de Paris, (ajoute l'auteur), qui avait trois crocs en l'un étoient enfilées des recettes de médecine de succo rosarum et de Diacatharina, au second étoient des ordonnances pour les saignées, et au troisième pour des clistères. Or, quand, par une petite fenêtre qu'il avoit à sa sale, il avoit jugé ce qu'il falloit au malade, il tiroit de l'un des crocs la recette pour la saignée, ou pour la médecine; ainsi ils gagnaient honorablement leur vie, au lieu qu'aujourd'hui ils veulent aller voir les malades; et pour un Carolus qu'ils avoient, ils ont un quart d'Ecu ».

Empressons-nous de rentrer à Louvain.

JEAN VÉSALE, médecin de Marie de Bourgogne, enseigne la médecine et les mathématiques, qui constituaient alors un cumul fréquent. Il écrit une lettre au pape Eugène sur la réforme du calendrier, question à l'ordre du jour parmi le monde savant; et les archives de Bruxelles possèdent de sa main un horoscope bizarre, dans le goût du temps, à l'adresse de Louis XI.

HENRI SCATTER nous vint de France. Il devait être d'âge mûr à son arrivée parmi nous, puisque les commentaires de l'Université de Paris le signalent acquittant ses scolarités pour le baccalauréat de 1399 à 1401. Sa présence à Louvain est un argument en faveur du parallélisme que nous croyons avoir existé entre les méthodes d'enseignement de Paris et les nôtres; d'ailleurs, pour l'établissement du plan d'organisation de l'Université, M. le professeur Léon Van der Essen indique l'influence

de l'école française tout en mentionnant certaines modifications de détail inspirées par Vienne et Cologne.

JEAN SUCQUET contribua de même à répandre dans la Faculté l'air de Paris, puisqu'il était maître ès arts de cette ville. Engagé d'abord comme legens, puis comme regens, il devint titulaire de la chaire d'HENRI DE COSTER D'OOSTERWYCK en 1441.

Mais JEAN SPIERINCK, archiatre de Philippe le Bon, mérite une mention spéciale, parce qu'il est le premier à rompre sérieusement avec l'antiquité répudiant les herbes exotiques, et plus spécialement les herbes turques, que l'on disait viciées et corrompues en haine du Christ, il leur préféra nos simples régionales, et le succès vint couronner sa tentative. Si nous en croyons Pline et Galien, disait-il, et bien d'autres médecins avertis, nulle plante médicinale n'est plus efficace que la conterranea, et cela s'explique aisément par le fait qu'étant de la même ambiance, des mêmes esprit et caractère que le patient, elle est aussi plus voisine et plus amie de sa nature. Spierinck a jeté les fondements d'une importante bibliothèque médicale qui fut ravagée par la soldatesque, en 1578. Il a laissé des Collectanea conservées par Dodoens, et, en 1533, sortit des presses de Grapheus d'Anvers, le livre de CORNELIUS PETRI, de Leyde, traitant des Experimenta et antidota contra varios morbos, tum a se tum a Joanne Spierings Academiae Lovaniensis Physico observata.

ADAM BOGAERT, de Dordrecht, est le chef d'une lignée médicale importante. Il fut sept fois recteur. Son épitaphe pompeuse que l'on pouvait lire à l'église Saint-Pierre, près de l'autel de saint Luc, trahit la grande renommée qu'il s'était acquise dans la chaire de médecine qu'il occupa pendant trente-six ans :

Hic Adam Bogaert, celeberrimus ille magister
Artibus in cunctis, nunc jacet, astra petens
Qui septem lustris Medicinae Interpres et anno
Publicus hic fuerat, Doctor et egregius.

Son fils, JACQUES BOGAERT devint professeur en 1480. Il laissa cinq fils, dont l'un, ADAM BOGAERT IIe occupa, de même, une chaire de médecine qu'il abandonna pour entrer dans les ordres, en 1525, suivant, en cela, une nouvelle fois l'exemple de son père. Jacques Bogaert a laissé un écrit: Collectorium in Avicennae Praticam, demeuré à l'état de manuscrit.

Si, avec cette famille d'Asclepiades, nous avons franchi le cap du xvIe siècle, il n'est pas trop tard pour rappeler encore que l'historien Guillaume Van der Sluys, médecin et conseiller privé de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire avait acquis ses grades à la Faculté de Louvain.

Le xvie siècle, dès ses débuts, s'annonce glorieux pour l'Université et la Faculté de Médecine participe dignement au bon renom de ses consœurs. La présence d'Erasme dans la grande école y provoque un esprit d'émulation à ce point fécond que l'érudit hollandais ne peut contenir son enthousiasme Academia lovaniensis frequentia nulli cedit hodie, praeterquam Parisinae, numerus est plus minus tria millia et affluunt quotidie plures... Nusquam studetur felicius, quietius, nec alibi felicior ingeniorum proventus. Nusquam professorum major aut paratior copia.

Cette abondance des professeurs en nombre et qualité se retrouve-t-elle dans le monde médical? Nous les passerons en une revue rapide, leurs noms nous étant plus familiers à cause de la grande révolution que va subir la médecine par l'étude approfondie de l'anatomie, dont le grand promoteur fut VÉSALE. Il nous arrive encore d'entendre que Vésale fut éloigné de l'Université de Louvain, pour avoir disséqué le cadavre humain devant les élèves. Que signifie alors cette phrase de Vésale lui-même, parlant du prévôt de Louvain, au chapitre 59 du premier livre du De corporis humani fabrica : Prae'or adeo medicinae candidatorum studiis favet, ut quodvis

corpus a se impetrari gauderet, ac ipse non vulgariter anatomes cognitione afficeretur, mihique illic anatomem administranti sedulo adstat.

D'ailleurs, Molanus, dans les quatorze livres de l'histoire de Louvain, dit qu'à sa connaissance, ceux-là qui, après Vésale, se distinguèrent dans les démonstrations anatomiques, furent les professeurs Biesius, le médecin philosophe et poète, Corneille Gemma, Pierre Breughel et Jean Viringus. Et qu'on n'objecte pas qu'il s'agit sans doute de dissections pratiquées sur des cadavres d'animaux, puisque, immédiatement après, l'auteur ajoute « Une fois la leçon finie, les maîtres invitaient aux funérailles des morts disséqués, tous ceux qui avaient bénéficié de la leçon ».

Voici le praticien VAN DEN HEETVELDE, un novateur lui aussi, puisque, s'insurgeant violemment contre les vieilles méthodes, il bannit de son cours la piteuse médecine du Parvis-de-Notre-Dame, pour enseigner cette science au chevet des malades.

A ses côtés ou à sa suite, nous voyons défiler JEAN CALABER, JEAN DE DE WINCKEL, CH. GOOSSENS, EGIDE De Paepe, JEAN HEEMS, d'Armentières, qui s'attacha Vésale comme prosecteur, et GUILLAUME PANTIN, qui fit un cours sur l'éclectisme de Celse.

Le Frison RENIER GEMMA, à l'exemple de Joannes à Wesalia, s'illustra surtout dans les mathématiques, mais il occupa une chaire de médecine qui nous valut ses Consilia de Arthritide (Francfort, 1692).

La personnalité de JÉRÉMIE DE DRYVERE, plus connu sous son nom latinisé de Hieremias Triverius, nous amène à narrer la manière plutôt pittoresque dont ce brillant orateur acquit sa chaire ou mieux ses chaires. ARNOLD NOOT et LÉONARD WILLEMAERS, après avoir donné des preuves louables de zèle professoral, sentirent celui-ci s'affaiblir en eux au point que les étudiants en manifestèrent bruyamment leur mécontentement. Le

manquement était d'autant plus flagrant qu'à côté d'eux, Triverius, professeur libre, donnait des leçons qui faisaient l'admiration de tous. Les démonstrations hostiles se répétant de plus en plus menaçantes, le magistrat s'en émut et mit les personnages visés en demeure de quitter leur chaire dont les charges furent immédiatement confiées au seul Triverius qui, pendant tout un temps, constitua, à lui tout seul, la Faculté de médecine. Un pareil régime épuise rapidement son homme et Triverius mourut d'une maladie de langueur en 1554. Il s'était acquis une réputation européenne par sa fameuse campagne De missione sanguinis in pleuritide, où il expose le bien-fondé des idées d'Hippocrate et de Galien « que la saignée, près de l'endroit malade, ou saignée dérivative doit être appliquée, mais qu'il ne faut pas non plus négliger la saignée éloignée ou révulsive ».

Broeckx remarque que dans ses commentaires sur l'œuvre d'Hippocrate, Triverius parle de l'acarus de la gale d'une manière très claire, puisque, dit-il, ce sont des insectes qui, en faisant sous l'épiderme de longs sillons, occasionnent un prurit intense. Cette constatation est plaisante, si l'on se rappelle que Galès, élève d'Alibert, avait entrepris et publié, en 1812, un travail sur cette question. Il affirmait avoir trouvé dans les lésions vésiculaires de la peau, un ciron, visible à l'œil nu. Mais M. Greene Cumston, à ce propos, constate qu'un médecin de Livourne, Jean Bonomo, publia en 1687, une lettre dans laquelle il attribuait la gale à des animalcules dont il donne une description assez complète, et le savant professeur de Genève conclut que Galès et son maître Alibert auraient évité vingt-deux ans de recherches et de discussions, s'ils avaient mieux connu l'histoire de leur art. Mais voilà que Paul Delaunay, du Mans, entre à son tour dans le vif du débat, et par une citation savoureuse, il démontre que le petit ciron de la gale faisait partie de l'immense savoir de Rabelais. Pour

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