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lait complètement faire toutes ses volontés. Il me commandait maintes fois que je cherchasse à voir cette ange toute jeune aussi, dans mon enfance, bien des fois je l'allai cherchant; et la voyais de façons si nobles et si louables, que certes d'elle se pouvait dire cette parole du poète Homère : Elle ne paraissait pas fille d'un homme mortel, mais de Dieu. Et encore que son image, laquelle continuellement avec moi restait, fît l'assurance d'Amour à me gouverner, pourtant elle était de telle très noble vertu, que jamais elle ne souffrit qu'Amour me dirigeât sans le fidèle conseil de la raison, en ces choses-là où tel conseil pouvait être utile à entendre. Et parce que s'arrêter aux sentiments et actes d'un âge si juvénile c'est paraître raconter des fables, je m'en départirai; et, passant maintes choses qui pourraient être tirées du livre d'où sont nées ces paroles-ci, je viendrai à celles qui sont écrites en ma mémoire sous de plus grands paragraphes.

III

A

PRÈS que se furent passés tant de jours que justement fussent accomplies les neuf années depuis l'apparition ci-dessus écrite de cette Très Gentille, dans

die avenne che questa mirabile donna apparve a me, vestita di colore bianchissimo, in mezzo di due gentili donne, le quali erano di più lunga etade; e passando per una via, volse li occhi verso quella parte ov'io era molto pauroso, e per la sua ineffabile cortesia, la quale è oggi meritata nel grande secolo, mi salutoe molto virtuosamente, tanto che me parve allora vedere tutti li termini de la beatitudine. L'ora, che lo suo dolcissimo salutare mi giunse, era fermamente nona di quello giorno; e però che quella fu la prima volta che le sue parole si mossero per venire a li miei orecchi, presi tanta dolcezza, che come inebriato mi partio da le genti, e ricorsi a lo solingo luogo d' una mia camera, e puosimi a pensare di questa cortesissima. E pensando di lei mi sopragiunse uno soave sonno, ne lo quale m'apparve una maravigliosa visione, che me parea vedere ne la mia camera una nebula di colore di fuoco, dentro a la quale io discernea una figura d' uno segnore di pauroso aspetto a chi la guardasse; e pareami con tanta letizia, quanto a sè, che mirabile cosa era; e ne le sue parole dicea molte cose, le quali io non intendea se non poche; tra le quali intendea queste : « Ego dominus tuus »1. Ne le sue braccia mi parea vedere una persona dormire nuda, salvo che involta mi parea in uno drappo sanguigno leggeramente; la quale io riguardando molto intentivamente,

1. Je suis ton maître.

le dernier de ces jours, il advint que cette admirable Dame m'apparut, vêtue de couleur très blanche, au milieu de deux gentilles dames, qui étaient d'âge plus avancé ; et, passant par une rue, elle tourna les yeux vers le côté où je me trouvais, fort craintif; et par son ineffable courtoisie, laquelle est aujourd'hui récompensée dans le Grand Siècle, elle me salua, en une manière très pleine de vertu, tellement qu'il me sembla voir alors toutes les limites de la béatitude. L'heure où son très doux salut m'arriva était assurément la neuvième de ce jour et parce que ce fut la première fois que ses paroles sortirent pour venir à mes oreilles, j'en pris telle douceur que, comme enivré, je m'écartai du monde, et recourus à la solitude d'une mienne chambre, et me mis à penser à cette Dame très courtoise. Et, pensant à elle, il me survint un suave sommeil, dans lequel m'apparut une merveilleuse vision : car il me semblait voir dans ma chambre une nuée de couleur de feu, parmi laquelle je discernais la forme d'un Seigneur, d'aspect effrayant à qui le regardait. Et il me paraissait en une telle joie (quant à lui), que c'était chose merveilleuse : et en ses paroles il disait maintes choses, que je ne comprenais pas, sauf quelquesunes; parmi lesquelles je comprenais celles-ci : « Ego dominus tuus. » Dans ses bras il me semblait voir dormir une personne, qui était nue, sauf qu'elle me semblait enveloppée en un drap d'un rouge pâle ; et moi, la regardant très attentivement, je connus que c'était la Dame du

conobbi ch' era la donna de la salute, la quale m' avea lo giorno dinanzi degnato di salutare. E ne l' una de le mani mi parea che questi tenesse una cosa, la quale ardesse tutta; e pareami che mi dicesse queste parole : « Vide cor tuum » 1. E quando elli era stato alquanto, pareami che disvegliasse questa che dormia, e tanto si sforzava per suo ingegno, che le facea mangiare questa cosa che in mano li ardea, la quale ella mangiava dubitosamente. Appresso ciò, poco dimorava che la sua letizia si convertia in amarissimo pianto; e così piangendo, si ricogliea questa donna ne le sue braccia, e con essa mi parea che si ne gisse verso lo cielo; onde io sostenea sì grande angoscia, che lo mio deboletto sonno non poteo sostenere, anzi si ruppe e fui disvegliato. E mantenente cominciai a pensare, e trovai che l' ora ne la quale m'era questa visione apparita, era la quarta de la notte stata; sì che appare manifestamente ch' ella fue la prima ora de le nove ultime ore de la notte. Pensando io a ciò che m' era apparuto, propuosi di farlo sentire a molti, li quali erano famosi trovatori in quello tempo e con ciò fosse cosa che io avesse già veduto per me medesimo l' arte del dire parole per rima, propuosi di fare uno sonetto, ne lo quale io salutasse tutti li fedeli d'Amore; e pregandoli che giudicassero la mia visione, scrissi a loro ciò che io avea nel mio sonno veduto. E cominciai allora questo sonetto, lo quale comincia: A ciascun' alma presa.

1. Vois ton cœur.

salut, celle qui m'avait, le jour d'avant, daigné saluer. Et il me semblait qu'en une de ses mains, le Seigneur tenait une chose qui brûlait toute; et il me semblait qu'il me disait ces paroles : « Vide cor tuum ». Et quand il était demeuré quelque temps, il me semblait qu'il réveillait celle qui dormait ; et tant il s'efforçait par son esprit, qu'il lui faisait manger cette chose qui brûlait en sa main, et qu'elle mangeait avec crainte. Après cela, sa joie ne tardait pas à se changer en pleurs très amers: et, pleurant ainsi, il resserrait cette Dame dans ses bras, et avec elle il me semblait qu'il s'en allait vers le ciel : d'où j'endurais si grande angoisse, que mon débile sommeil ne la put soutenir, mais se rompit, et je fus éveillé. Et incontinent je commençai à penser et je trouvai que l'heure en laquelle cette vision m'était apparue avait été la quatrième de la nuit : si bien qu'il appert manifestement que ce fut la première heure des neuf dernières heures de la nuit.

Pensant à cela qui m'était apparu, je résolus de le faire entendre à beaucoup de gens qui étaient de fameux trouvères en ce temps. Et, vu que j'avais déjà appris par moi-même l'art de dire des paroles par rime, je résolus de faire un sonnet, en lequel je saluerais tous les fidèles d'Amour; et, les priant qu'ils jugeassent ma vision, je leur écrivis ce que j'avais vu dans mon sommeil; et je commençai alors ce sonnet, lequel commence : A chaque áme éprise.

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