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Si l'on y va, j'espère qu'on en tirera profit. Je les ai conçues suivant mes propres souvenirs; je me suis rappelé les passages qui m'ont arrêté moiméme, et où j'ai eu besoin, pour comprendre, ou bien de quelques considérations de fait, ou bien de certaines interprétations philosophiques et morales. C'est dire que je n'ai pas tout à fait l'intention de donner une édition régulièrement commentée des éditions de cette sorte existent; elles suivent le texte mot par mot, et cela est nécessaire. Dans un texte très difficile et dont la langue diffère grandement de la langue moderne, il y a lieu pour un commentateur attentif d'expliquer l'acception, presque pour chaque mot, et, pour presque chaque phrase, la syntaxe. Mais je n'avais pas à faire connaître, quant à moi, pas à pas, le sens que j'adoptais, puisque, pas à pas, je donnais ma traduction. J'ai donc placé mes notes seulement aux points où elles m'ont paru utiles. J'ai voulu mettre le lecteur à même de lire la Vita Nova, sans avoir à se poser plus de points d'interrogations qu'il n'est inévitable.

J'avoue avec toute sincérité que je dois la matière de presque toutes ces notes à mes devanciers dans l'amour et l'étude du « petit livre ». Je leur exprime, une fois pour toules, ma reconnaissance. Mais j'ai surtout une dette de gratitude au dernier annotateur, M. le professeur G. Melodia. Son information est vaste et complète, son commentaire un excellent résumé de

tous les autres, ordonné avec une bonne méthode et un véritable sens critique. Quand on constate que son édition n'est autre chose qu'une édition classique, je pense qu'il faut rendre hommage à l'enseignement italien, lequel, aux mains des étudiants, sait mettre des outils aussi perfectionnés.

Je ne dirais pas tout si je n'avouais qu'à tous ces savants commentaires j'ai aiouté parfois, et plus souvent même que je ne l'aurais cru moi-même probable, mon humble opinion personnelle, et quelques rapprochements ou raisonnements que je n'avais pas encore aperçus chez mes maîtres. Il en sera ce qui pourra. Si l'audace fut trop grande, j'en tiendrai pour responsables les savants d'au-delà des Alpes, qui sans doute m'ont encouragé avec trop d'indulgence dans mes précédents travaux de critique littéraire italienne.

Car c'est à eux finalement, et non plus seulement aux lecteurs français, que j'adresse audacieusement ce livre, dans le large développement qu'il a pris. C'est à eux et à tous ceux qui avec eux, en tous pays, s'efforcent. de pénétrer la pensée de Dante.

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Parmi les annotateurs les plus utiles de la Vita Nova, il serait injuste de ne pas citer le professeur Michele Barbi. Il n'a annoté notre petit traité qu'en tant qu'il

jugeait nécessaire pour la discussion des variantes du texte1. Mais cela l'a amené à donner quelques brèves et excellentes dissertations sur les points les plus difficiles. Son édition doit servir de base à toute étude ultérieure.

Car nous possédons désormais un texte critique de la Vita Nova. Nous la devons à cette laborieuse Société Dantesque, si digne de Florence et de Dante, et qui s'honore de dater ses publications du vieux Palagio dell' Arte della Lana. Nous lui savons gré de nous avoir enfin donné notre édition critique. Nous l'avons longtemps attendue. Dès 1893, la Société Dantesque en annonçait la publication comme prochaine, ou peu s'en fallait; entre temps elle nous donnait une autre édition critique qu'elle n'avait point promise, celle du De Vulgari eloquentiâ par les soins de Pio Rajna ; il y a de cela dix ans. Mais la Vita Nova ne venait pas. Les années s'écoulaient; il s'en est passé tout près de vingt, pendant lesquelles Michele Barbi n'a jamais abandonné ses recherches. Nous ne pouvons que nous féliciter d'ailleurs qu'un délai si long se soit écoulé; car tandis que le savant critique travaillait, la bonne fortune aussi venait à son aide; la découverte de nou

1. Je ne parle ici bien entendu que des notes jointes à son édition critique, et non des articles, toujours utiles, toujours clairs, insérés dès longtemps par M. Barbi dans le Bulletin de la Société Dantesque et d'autres recueils spéciaux.

veaux manuscrits est venue élargir le champ de ses recherches1. Et de plus, sans hâte, avec pleine connaissance, suivant les bonnes méthodes, un texte critique put être établi, texte toujours discutable assurément, comme tout texte qui n'est pas original, mais muni de la plus grande somme possible de probabilités. Jamais, suivant les données de la science moderne, texte ne fut plus heureusement étudié et reconnu que celui de la Vita Nova.

Nous ne possédons d'aucun écrit de Dante aucun texte original; car nous ne possédons même pas une ligne écrite de sa main. Bien plus, il n'est pas une seule de ses œuvres qui soit parvenue à nous au moins sous la forme d'une copie contemporaine: les plus anciennes copies sont postérieures encore, de plusieurs années, à la mort du poëte. Il nous faut donc des éditions critiques. Le travail nécessaire pour les constituer est bien loin d'être terminé. Nous n'avons pas d'édition définitive de la Divine Comédie. En aurons-nous une? C'est un rêve que notre génération sans doute ne verra pas s'accomplir, encore que la méthode soit trouvée, et que l'homme soit là, chacun le sait, à pied d'œuvre, qui pourrait la pratiquer2.

1. Le Ms. longtemps perdu de Pesaro fut retrouvé, et le Ms. reconnu aujourd'hui par Barbi comme autographe de Boccace, fut signalé à Tolède par le professeur Mario Schiff. (Cf. ce qui a été dit plus haut, p. xxxiv.)

2. Cet homme est le professeur VANDELLI; ce n'est un secret pour personne. A l'heure qu'il est, pour citer correctement la

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Sachons nous contenter de ce que nous pouvons avoir : nous aurons le Convivio et le Canzoniere ; nous avons le De Vulgari eloquentiâ, et nous venons enfin d'obtenir la Vita Nova grâce à Michele Barbi. Que pouvais-je faire, que de lui emprunter intégralement son texte pour l'imprimer tel quel, et y conformer ma traduction? Je ne m'en suis écarté que dans un très petit nombre de cas, trois en tout1.

Ce n'est pas ici le lieu d'analyser ni d'apprécier le travail de M. Barbi 2. Il suffit de constater que rien ne lui a échappé et qu'il a pris en considération tous les éléments du problème. Il a étudié minutieusement : 40 manuscrits contenant la Vita Nova en entier (dont 8 du XIVe siècle, 1 des confins du xiv et du xvo, 15 du xve et 16 du xvio), 36 manuscrits contenant les rime seules;

un grand nombre d'éditions. Il a con

Divine Comédie, tout ce que l'on peut faire est de se servir d'éditions où Vandelli a du moins mis la main, telle que la grande édition d'Alinari (peu accessible au public et ornée d'illustrations bien contestables) et, mieux encore, l'édition classique que vient de donner à Milan l'éditeur Hopli. C'est la 5e édition du commentaire de Scartazzini (heureusement retouché), mais c'est la première pour laquelle le Prof. Vandelli se soit occupé du texte. 1. A la page 6 (de mon texte), ligne 11 : j'écris Amore avec une majuscule. - P. 70, dernière ligne : j'écris riso au lieu de viso. P. 124, ligne 15: j'écris sospiri au lieu de spiriti. expliqué dans mes notes sur ces trois infractions.

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- Je me suis

2. Voir surtout le compte-rendu détaillé inséré dans la Romania (1908) par M. PAGET TOYNBEE. Il est fort intéressant.

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