MÉMOIRE HISTORIQUE SUR LES INSTITUTIONS DE FRANCE A ROME Au début de cet Exposé historique de nos Etablissements nationaux à Rome, nous croyons devoir placer sous les yeux du lecteur, au moyen d'un tableau synoptique et chronologique, une vue d'ensemble de toutes ces Institutions, qui sont au nombre de dix-huit, sans y comprendre l'Académie des Beaux-Arts, à la villa Médicis, fondée par Louis XIV, sous le ministère Colbert. Cette institution qui, sous le dernier Empire, était placée dans les attributions du Ministre de la Maison de l'Empereur, a pris le nom d'Académie de France à Rome, et relève actuellement du Ministère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts, à Paris. TABLEAU CHRONOLOGIQUE DES INSTITUTIONS DE LA FRANCE A ROME. - 1° L'an de J.-C. 756. Chapelle impériale et royale 29 de Sainte-Petronille, à Saint-Pierre du Vatican, fondation de Pépin le Bref, après son couronnement, avec ses deux fils Charles et Carloman, par le Pape Etienne II. Vers l'an 800. Hospice et cimetière pour les pèlerins français, à Saint-Sauveur in Ossibus, fondé par Charlemagne, près de la Basilique du Vatican. 3o Vers 1230. France. L'Auditorat de la Rote pour la 40 Vers 1230. Le Cléricat National du Sacré Collège et du Consistoire pour la France. 1454. Saint-Louis des Français, confrérie, paroisse et hôpital. 1455. Hospice, paroisse et confrérie de Saint Yves des Bretons. 7 1473. Confrérie de la Purification, dite des Quatre-Nations (France, Bourgogne, Lorraine, Savoie). 1478. Saint-Sauveur in Thermis, desservi par le clergé de Saint-Louis. Fondation royale en faveur du Chapi tre de Saint-Jean de Latran. 1491. Fondation royale du couvent des Minimes français, de la Trinité au mont Pincius, aujourd'hui des Dames françaises du Sacré-Cœur, depuis 1828. 1615.Œuvre pie française à Lorette; fondation du cardinal de Joyeuse, doyen du SacréCollège. 1619. Saint-Denis aux Quatre-Fontaines à 13° Rome, couvent des PP. Trinitaires de Provence, et depuis 1850, des religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, de Bordeaux. 1622. Eglise et Confrérie laïque de SaintNicolas des Lorrains. 14° 1652. - Eglise et Confrérie laïque des FrancsComtois de Bourgogne, à Saint-Claude. 15° 1828. - Ecole gratuite des Frères français au quartier dei Monti, pour l'éducation de la jeune population romaine de ce Rione ou quartier. 16o 17o 1834. - 1830. Fondation Sisco, de Bastia (Corse). Euvre pie Wicar, de Lille (Nord). Ecole française des Frères pour les enfants de la colonie française à Rome, au palais Poli. 1851. Des dix-huit Institutions indiquées au tableau qui précède, deux se rattachent, de plus près, au Saint-Siège : l'Auditorat de la Rote, et le Clericat National de France, près le SacréCollège et le Consistoire; deux autres sont des biens de Réguliers, le Couvent de la Trinité et celui de Saint-Denis; les autres sont des fondations de confréries laïques, et des bénéfices ecclésiastiques séculiers. L'historique de chacune d'elles va faire l'objet d'autant de chapitres de cet Exposé, en commençant par la plus ancienne en date, et sur laquelle la France a, sinon la possession actuelle, du moins le jus ad rem, comme disent les jurisconsultes, un droit constaté, et reconnu sans difficulté par le Saint-Siège. CHAPITRE I. Chapelle Sainte-Pétronille des Monarques français, Les monuments historiques les plus anciens, cités par le savant Cancellieri, dans son grand ouvrage de Secretariis Basilicae Vaticanae (pages 957 et suivantes), et notamment Anastase le Bibliothécaire (Liber Pontificalis), attribuent la fondation de la chapelle Sainte-Petronille du Vatican au Pape Etienne II, qui en jeta les fondements au côté méridional de l'ancienne Basilique, l'an 756, près l'emplacement de la sacristie actuelle, à la prière et à l'aide des libéralités du Roi Pépin le Bref, par lui sacré, lequel portait une dévotion singulière à la fille spirituelle de saint Pierre, Aurelia Petronilla (de la famille de l'Empereur Vespasien), qu'il regardait comme sa patronne et sa protectrice spéciale. Cette chapelle primitive, en forme de rotonde, qui a été détruite en 1503, sous Jules II, pour faire place aux constructions de la nouvelle Basilique, et plus tard a été remplacée par un autel au côté nord, ne fut terminée et dédiée que vers 760, par le Pape Paul I, qui y nomma alors au baptême, avec de grandes solennités, la princesse Gisela, fille de Pépin le Bref et de la reine Bertrade. |