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jusqu'à cette suprême et surhumaine joie de l'homme de science pénétrant par ses découvertes dans l'inconnu. Pour son enseignement, en effet, il avait renoncé à ses recherches personnelles, cessé ses explorations, déserté le laboratoire pour la table de rédaction, laissé le marteau pour la pluime, et abandonné le poste d'éclaireur pour les fonctions de l'intendance. « L'avenir sans doute éclaircira bien des choses qui sont encore obscures. Mais il en est, dès à présent, qu'on peut considérer comme établies avec un haut degré de vraisemblance, et c'est l'ensemble de ces notions, au moins très probables, sinon complètement acquises, que nous voudrions aujourd'hui mettre en pleine lumière » (1).

Un principe philosophique général devait le guider dans cet essai grandiose de synthèse du globe, celui de l'unité des forces naturelles et des lois auxquelles elles obéissent.

Le succès des traités de de Lapparent ne pouvait rester cantonné au petit groupe des adeptes. Rarement semblable accueil fut fait à une oeuvre didactique, au point que cinq éditions de son Traité de géologie furent en 25 ans nécessaires; à l'heure qu'il est, plus de 11000 exemplaires en sont en circulation par le monde, dont plus de la moitié a pris le chemin de l'étranger. Le nombre des exemplaires vendus dépasse celui de tous les membres inscrits dans les sociétés géologiques du monde entier.

Les cinq éditions successives ont chacune leur caractère propre. Les deux premières l'emportent par l'importance du service public rendu à l'enseignement ; elles ont, de plus, rendu classiques nombre de coupes et d'observations françaises. La troisième édition est écrite par un auteur beaucoup plus documenté et plus érudit encore; il s'est assimilé les travaux des explo

(1) De Lapparent : L'écorce terrestre, p. 6.

rateurs, qui, dans l'intervalle, avaient fait beaucoup plus que doubler la superficie géologiquement connue de notre planète. Leurs études avaient mis au jour une foule de faits nouveaux, propres à élucider nombre de questions demeurées obscures et à permettre des essais de synthèse et le développement des belles généralisations dont MM. Suess et Neumayr avaient donné le signal. L'auteur ne manque pas d'enregistrer les principaux résultats acquis, il fait ressortir l'allure nouvelle qu'ils impriment à nos connaissances, et il est même des points de doctrine pour lesquels il n'a pas hésité à changer la manière de voir qu'il avait primitivement adoptée. La valeur documentaire du Traité allait ainsi augmentant sans cesse, mais l'outil mis entre les mains des travailleurs allait en même temps s'alourdissant le traité tendait à devenir un ouvrage de références et à passer de la table du laboratoire, aux rayons de la bibliothèque. Allait-il perdre ses qualités éducatrices essentielles? Ce souci dut être la raison déterminante des efforts faits dans les dernières éditions pour grouper tous les faits de la géologie autour de quelques idées directrices, qui en formassent comme la

trame continue.

le

L'auteur se rapprochait ainsi de l'idéal entrevu dès sa première communication à la Société géologique de France en 1868 (1), celui d'écrire une histoire.de l'écorce terrestre, inspirée de l'esprit qui préside à la narration des événements humains. De même que rôle de l'historien digne de ce nom consiste à ordonner le récit des faits, en les groupant de manière à faire ressortir la part de chacun d'eux dans le développement des nations comme dans l'évolution générale de l'humanité, ainsi il convenait d'exposer les événements qui ont concouru à la formation de l'écorce terrestre, de

(1) De Lapparent : BULL. SOC. GEOL. FRANCE, T. 25, p. 567.

telle sorte qu'on puisse suivre à la fois la transformation progressive des conditions physiques de la planète et l'évolution de la vie à sa surface.

La méthode d'exposition s'était ainsi transformée graduellement au cours des éditions successives, mais le plan général était demeuré le même. Nous voudrions, en le retraçant dans ses grandes lignes, insister spécialement sur les points où l'oeuvre nous a paru le plus personnelle.

L'étude des Phénomènes actuels constitue la première partie du Traité de Géologie; elle se distingue par le souci constant et par le succès avec lesquels l'auteur s'est efforcé d'imprimer dès l'abord à sa géologie le caractère d'une science exacte. L'observation constitue la base positive de tous les raisonnements déductifs de la géologie; elle apprend par la considération du présent, le mode des travaux accomplis par les forces de la nature dans le passé. De Lapparent rendit ces prémisses plus solides, en remplaçant autant qu'il dépendait de lui, l'observation directe des phénomènes actuels, par la mesure de leur action et par le contrôle des données expérimentales. On en peut citer comme exemples, les applications qu'il a faites à la géologie des lois de la mécanique, des principes et des formules des hydrauliciens Collignon, Dausse, Duponchel, Belgrand; ainsi que la façon dont il a mis en oeuvre les données fournies par tant d'ingénieurs, de marins, de météorologistes, dans leurs rapports et statistiques de commissions officielles.

La main de l'auteur se reconnait dans le chapitre relatif aux lois du relief terrestre ; l'altitude moyenne du continent fixée jusque-là à 305 m. y est portée à 600 m., valeur qui depuis est montée à 700m. Quant aux lois mêmes de ce relief, il en a mis en vedette le caractère fondamental, qui réside dans la dissymétrie des versants, consécutive à un effort latéral de plissement.

Il a montré aussi que la formule relative à la situation littorale des chaines de montagnes devenait exacte pour toutes les chaines, si on l'appliquait, non à l'époque actuelle, mais à celle du principal effort de soulèvement, en reconstituant par la pensée les mers qui, à ce moment, baignaient le pied des montagnes nouvellement formées, occupant alors une dépression complémentaire de la saillie montagneuse.

Une autre contribution personnelle de l'auteur est apportée dans la considération des troubles atmosphériques qui, dans nos régions, accompagnent toujours le moment des équinoxes; ils résultent de l'inversion que doit subir alors la distribution des isobares, puisque les centres de pression, établis en été sur les océans, doivent se transporter en hiver sur les continents.

La géothermique, basée sur les observations de température des grands sondages et des tunnels, les recherches récentes sur la question des anomalies de la pesanteur, la nouvelle signification attribuée aux phénomènes de déplacement des rivages, lui ont tour à tour fourni l'occasion de considérations originales.

Il fut des premiers à mettre en évidence les résultats remarquables des recherches modernes relatives aux tremblements de terre, établissant l'indépendance absolue de la volcanicité et de la sismicité, la répartition des séismes et leur relation avec les raideurs du relief, et aussi la distinction dans les ébranlements sismiques importants, suffisamment éloignés, de trois phases vibratoires successives. Les deux premières phases cheminent par l'intérieur de la terre, avec une vitesse variable selon la distance, tandis que la dernière, la plus sensible, se propage par l'écorce solide avec une vitesse constante; la différence observée, à une même station, entre les heures d'arrivée des deux séries suffirait à faire présumer la distance du foyer sismique. Ces

constatations fournissent un moyen inattendu de pénétrer les secrets de la composition intérieure du globe. De Lapparent désignait sous le nom de géologie proprement dite, la géologie historique qui distingue et décrit les périodes successives de l'histoire de la terre : elle est la grande histoire qui absorbe la meilleure activité des géologues, celle qui profite surtout de l'activité des sociétés spéciales, et des levers exécutés en tous pays, par les services officiels. Elle a donné lieu à une bibliographie si volumineuse, qu'aucune vie humaine ne suffirait de nos jours à la dépouiller : chaque pays a sa bibliothèque géologique particulière, ses descriptions locales, ses étages, sa carte et sa terminologie. C'est cependant dans ces archives régionales, qu'il faut puiser ses documents pour écrire une géologie au courant de la science, et, parmi tant d'observations souvent contradictoires, distinguer celle qui est exacte de celle qui ne l'est pas, reconnaître à chacune son importance relative, attribuer à chaque auteur sa part proportionnelle dans le mérite collectif des conclusions générales. Pour accomplir une telle sélection, il faut être un filtre qui recueille tout, arrête automatiquement les troubles, et laisse passer clair, cela seul, qui sera utilisable pour la synthèse finale. De l'aveu unanime, de Lapparent s'est approché de cet idéal, et sa géologie proprement dite a une valeur documentaire unique. Dans les premières éditions, il s'excusait de ne donner que de sèches énumérations de coupes de détail, mais progressivement, à mesure qu'il possède plus complètement lui-même le développement des périodes, il les anime; il les remplace dans les éditions suivantes, par des aperçus d'ensemble, sortes de résumés paléo-historiques, qu'il arrive finalement à représenter d'une façon graphique en des cartes paléogéographiques.

On ne peut passer sous silence une autre modification

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